Est-ce approprié de parler d’enjeu environnemental concernant l’intelligence artificielle ?

 

L’utilisation et la démocratisation de l’intelligence artificielle (IA) possèdent effectivement des enjeux de nature environnementale. Le plus important d’entre eux provient des datacenter (infrastructures composées d'espaces de stockage et de serveurs de calcul permettant de stocker des données, ndlr). Ces datacenter représentent à eux seuls 2 % de la consommation énergétique mondiale. Or, nous n’en sommes aujourd’hui qu’aux balbutiements des prompts (instructions données par l’humain à un système IA et appelant à une réponse rapide, ndlr). Mais bientôt, l’IA sera dans tous nos processus numériques. Inévitablement, cela décuplera la consommation énergétique, la démultipliera. 

 

 

Comment faire pour, à l’échelle de son entreprise, agir sur les effets environnementaux de l’IA ?

 

En fait, cela demande une politique globale. L’IA a besoin d’être gouvernée. Et cette gouvernance se prévoit avant le déploiement. Forcément, la mise en place de l’IA va changer le paradigme des entreprises. Et donc parmi les aspects à prendre en compte à ce moment-là,  qu’ils soient juridiques, humains ou RH par exemple, il faut appréhender la durabilité de son système IA. À ce niveau-là, le prisme économique croise l’environnemental. C’est très lié. Car plus on consomme avec l’IA, plus cela revient cher à l’entreprise. Concernant l’enjeu énergétique ou environnemental : il faut pouvoir gouverner, anticiper et ajuster cet impact là. C’est-à-dire penser la soutenabilité de son IA en fonction du pays dans lequel elle s’exécuterait (ce pays consomme-t-il beaucoup de ressources ? sont-elles fossiles essentiellement ou bien y a-t-il une part importante d’énergie verte ? etc.) ou encore du fournisseur que l’on choisirait pour montrer l’exemple. Dès le début du déploiement, il faut mettre des guidelines et pré requis pour assurer sa démarche et établir les besoins que l’on va avoir niveau énergétique, afin de faire justement un arbitrage entre la performance et la consommation. S’engager pour une IA durable.

 

 

Les organisations ont-elles vraiment intérêt à appréhender ce volet du sujet ?

 

Lors de l’émergence de l’IA, tout le monde était en retard sur son reporting CSRD (directive européenne qui renforce les obligations de publication d'informations en matière de durabilité à l'égard des entreprises, ndlr). Les entreprises ont depuis appris. Elles ont conscience que l’impact de l’IA va être énorme et que son utilisation risque d’être incontournable. Elles vont devoir investir massivement dans la gouvernance. Ainsi, il faut que le déploiement soit le plus carré possible pour éviter des incidents dû à une mauvaise anticipation. In fine, un déploiement maitrisé de l’intelligence artificielle autour d’une stratégie de réduction de l’impact écologique va permettre de créer des leviers de retombées économiques pour l’entreprise. Sans compter l’effet qu’il devrait avoir pour la marque employeur. C’est aussi un sujet.

 

 

Ces idées devront alors mijoter au sein même des organisations…

 

Notre activité consistant à intervenir au sein de grands groupes du CAC 40, nous encourageons à mettre en place des stratégies autour de l’éthique ou de la durabilité de l’intelligence artificielle. Et auprès des décideurs, nous avons vraiment des impacts. Rappelons aussi que les collaborateurs amenés à utiliser l’IA doivent être sensibilisés, par exemple via des campagnes d’acculturation. Le but étant d’encourager une consommation raisonnée, sans pour autant faire peser le poids de la responsabilité d’une mauvaise consommation sur le salarié. Gardons en tête que l’IA n’est pas une contrainte, c’est un facilitateur.

 

 

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