À son domicile, le salarié peut s’exposer à de nouveaux risques, prévient l’INRS. En premier lieu, l’environnement matériel n’obéit plus aux mêmes critères. Il incombe donc au salarié de concevoir et d’aménager son espace de travail conformément aux recommandations de santé et de sécurité. Une mauvaise luminosité, un fauteuil inadapté, un environnement encombré ou bruyant, ou encore une aération insuffisante sont autant d’éléments qui peuvent altérer le bien-être et les conditions de travail de l’employé. Alors que ces paramètres sont réfléchis en amont dans les entreprises, ils peuvent être rapidement ignorés par manque de temps, de connaissances ou de ressources dans l’espace de travail aménagé à domicile. De plus, si les recommandations applicables au travail sur écran (distance, inclinaison, luminosité…) ne changent pas, le salarié peut plus facilement perdre la notion du temps seul et ne pas suivre les conseils pour se prémunir de la fatigue visuelle. Pour rappel, il est recommandé de détourner son regard d'un écran toutes les 20 minutes.
Mais l’inquiétude principale porte sur les risques psychosociaux.
En plus de faire face à un contexte particulièrement anxiogène
dans le cadre de la crise sanitaire du COVID 19, les salariés en
télétravail se retrouvent pour beaucoup dans une situation
inconnue et incertaine. La perte d’habitudes peut mener à une
mauvaise gestion de son temps, de ses tâches, et donc générer un
stress supplémentaire. L’INRS avertit d’un risque de débordement
du temps de travail, qui peut aboutir à une charge excessive. De
nombreux employés sont également confrontés à la difficulté de
séparer l’espace professionnel et l’espace privé, et peuvent se
sentir acculés par des responsabilités dont ils ne peuvent
échapper. Le manque de contact avec ses collègues peut aussi
mener à un sentiment d’isolement, qui peut causer nervosité,
fatigue et stress.
Le danger de la désinsertion professionnelle
Les inquiétudes ne portent pas seulement sur l’instant présent,
mais également sur le retour en entreprise pour les salariés
forcés à télétravailler.
Certains craignent, avec l’allongement du télétravail,
l’apparition massive d’une désinsertion professionnelle. En perte
des repères du milieu de l’entreprise, de nombreux salariés
pourraient éprouver un sentiment de désolidarisation de l’équipe
de travail, ainsi qu’une incapacité à retrouver des horaires et
des habitudes de bureaux.
S’il est difficile d’anticiper l’ampleur que pourrait avoir ce
phénomène, l’ANI et l’INRS préconisent tous deux un retour
d’expérience régulier sur le vécu du télétravail par les salariés
comme par leurs managers, afin de s’en prémunir. La période de
retour en entreprise doit aussi être anticipée et réfléchie pour
permettre aux salariés de se réhabituer progressivement à
l’environnement de travail de l’organisation.
Les points positifs du télétravail
Néanmoins, sans ignorer tous ces risques et ces inquiétudes, le
télétravail présente tout de même de nombreux avantages. En plus
d’apporter une réponse aux contraintes sanitaires, il permet
notamment aux salariés de ne plus avoir à se déplacer pour se
rendre sur leur lieu de travail. Les trajets professionnels étant
couramment cités comme représentant une perte de temps par les
salariés. En évitant les transports, les employés peuvent ainsi
se mettre au travail plus simplement, en subissant moins de
stress. Certains ont aussi trouvé dans le télétravail une réponse
pour mieux allier vie familiale et professionnelle. Plus
généralement, la crise sanitaire et la montée du télétravail ont
aussi forcé les entreprises à entamer leur transformation
numérique, et à fournir à leurs salariés les bons outils pour
rester connectés, actifs et performants en toute circonstance.
Utilisé avec parcimonie, le télétravail peut donc apporter une
vraie réponse à la recherche de nouveaux modes de travail.