Les risques les plus fréquemment rencontrés

DOSSIER
ORGANISATION DE LA PREVENTION || Management SST / 16/01/2014

Les accidents de plain-pied

On regroupe sous le terme "accident de plain-pied", les glissades, trébuchements, faux pas et autres pertes d'équilibre. Ce risque est bien connu dans le secteur sanitaire et médico-social et supérieur aux autres secteurs d'activités. En 2011 on recensait 6 202 accidents de plain-pied déclarés, qui ont entraîné 351 026 journées de travail perdues et 337 nouvelles incapacités permanentes.
Ces accidents provoquent des traumatismes allant de la contusion au décès.

Les situations particulièrement à risques :

  • rythme de travail inadapté
  • circuits de circulation encombrés
  • sols glissants
  • présence de produits au sol
  • défaut d'éclairage
  • co-activité

Risques professionnels en milieux de soins :  glissadesPrévenir ces risques :

  • Organiser le travail en y intégrant la contrainte de temps
  • Intégrer la prévention dans la conception architecturale
  • Limiter au maximum l'encombrement au sol
  • Signaler les surfaces en cours de nettoyage, privilégier les produits de nettoyage non glissants
  • Limiter les tâches en co-activité

Les risques liés à l'activité physique

Les risques liés à l'activité physique sont la principale source d'arrêts de travail dans le secteur sanitaire. Ils entrent en cause dans 75% des cas de maladies professionnelles déclarées.
Les personnels sont ainsi exposés aux risques de lombalgies, de TMS ou d'accidents liés notamment aux manutentions répétées de charges et de personnes.
Les salariés soumis à des efforts physiques brutaux et répétés ou dépassant leurs capacités de récupération sont alors exposés aux risques de :

  • Risques professionnels en milieux de soins :  TMStraumatismes
  • troubles musculo-squelettiques
  • maladies cardio-vasculaires

Ces risques sont accentués en cas d'association avec une fatigue psychologique.

Les situations particulièrement à risques :

  • efforts physiques excessifs ou répétés, manutentions manuelles
  • gestes répétitifs et /ou exigeant une grande précision
  • postures de travail contraignantes
  • déplacements à pied longs et répétitifs
  • expositions au froid ou au vibration
  • contraintes d'organisation du travail

Prévenir ces risques :

  • supprimer ou minimiser les manutentions manuelles : équipements d'aide à la manutention, travail sur l'organisation, mise en place d'outils…
  • réduire les gestes répétitifs au niveau le plus bas possible : réflexion sur l'organisation et les rythmes de travail

La démarche de prévention des risques devra intégrer le développement des compétences, l'aspect technique (outillage, équipement, aménagement de l’espace) et l'organisation du travail.

Les risques biologiques

En milieu de soins, le risque de contamination par des agents biologiques est particulièrement élevé : lors du soin, en laboratoire ou pour la gestion des déchets.
Plus de la moitié des actifs potentiellement exposés aux agents biologiques travaillent dans le secteur santé-action sociale.
Les agents biologiques sont classés en quatre catégories par l’article R4421-3 du Code du travail :

  • groupe 1 : agents biologiques non susceptibles de provoquer une maladie chez l’homme groupe 2 : agents biologiques pouvant provoquer une maladie chez l’homme et constituer un danger pour les travailleurs.
  • groupe 3 : agents biologiques pouvant provoquer une maladie grave chez l’homme et constituer un danger sérieux pour les travailleurs.
  • groupe 4 : agents biologiques provoquant des maladies graves chez l’homme et constituant un danger sérieux pour les travailleurs

Risques professionnels en milieux de soins :  contamination

 

L’arrêté du 30 juin 1998 dresse la liste des agents biologiques des groupes 2, 3 et 4.
L'exposition aux agents biologiques est susceptible de provoquer une infection, une allergie ou une intoxication. Les agents biologiques sont des micro-organismes, bactéries, virus, prions ou agents transmissibles non conventionnels, champignons, endoparasites humains.

 


Les modes de contamination

  • par voie aérienne
  • par pénétration ou contact via la peau et les muqueuses
  • par inoculation accidentelle
  • par voie digestive

Prévenir les risques :
Si l'exposition à l'agent pathogène ne peut être évitée, il conviendra de la réduire au maximum en mettant en place des mesures de protection collective et /ou individuelle.
Les moyens de prévention sont de 3 ordres :

  • moyens de prévention organisationnels et techniques
  • information et formations aux risques biologiques
  • limitation de l'exposition des personnels et suivi médical

L'Accident Exposant au Sang (AES)

Risques professionnels en milieux de soins :  DentisteUn accident exposant au sang (AES) est défini comme le contact avec du sang ou un liquide biologique contenant du sang et comportant soit une effraction cutanée (piqûre ou coupure) soit une projection sur une muqueuse (œil, bouche) ou sur une peau lésée.
Les risques infectieux les plus à redouter concernent l’hépatite B, l’hépatite C et le VIH.
Prévenir les risques de contamination
Les précautions d’hygiène sont à appliquer pour tout patient quel que soit son statut sérologique. Elles doivent être respectées par tout soignant lors d’une situation à risque, c’est-à-dire lors d’un acte présentant un risque de contact ou de projection avec des produits biologiques, la peau lésée ou une muqueuse.
Les précautions générales d’hygiène ou précautions standards ont été actualisées dans la circulaire DGS/DH n° 98/249 du 20 avril 1998 relative à la prévention de la transmission d’agents infectieux véhiculés par le sang ou les liquides biologiques lors des soins dans les établissements de santé.

Lavage des mains
Se laver les mains avant et après chaque soin et immédiatement après un contact avec du sang ou d’autres liquides biologiques est la mesure la plus importante pour lutter contre toute infection. Le lavage se fait en utilisant de l’eau et du savon désinfectant. On évite ainsi la dissémination de tout agent infectieux.

Port de gants
Les personnels des établissements de soins doivent porter des gants dès qu’il y a risque de contact avec du sang, ou tout autre produit d’origine humaine, ainsi qu’avec les muqueuses ou la peau lésée du patient. Le port des gants est indispensable à l’occasion de soins à risque de piqûre (hémoculture, pose et dépose de voie veineuse, chambres implantables, prélèvements sanguins…) et lors des manipulations de tubes de prélèvement biologiques, de linge ou de matériel souillés.
De même, lorsque les mains du soignant comportent des lésions, des gants doivent être portés lors des soins.
Les gants doivent toujours être changés entre deux patients ou deux activités. Le port de gants ne dispense pas du lavage des mains. Il est inutile pour les simples contacts avec la peau saine (examen du malade, mobilisation, poignée de main).

Port de surblouse, lunettes et masque
Une surblouse, un masque et des lunettes doivent être portés en cas de risque de projection, d’aérosolisation de sang ou de tout autre produit d’origine humaine (aspiration, endoscopie, actes opératoires, autopsie, manipulation de matériel et de linge souillés).

Matériel piquant ou tranchant
Pour le matériel piquant à usage unique, il convient de :
- ne pas recapuchonner les aiguilles ;
- ne pas les désadapter à la main ;
- déposer ce matériel dans un conteneur adapté immédiatement après usage et sans manipulation. Le conteneur doit être situé au plus près du soin et son niveau maximal de remplissage vérifié.
Le matériel réutilisable doit être manipulé avec précautions s’il est souillé par le sang ou tout autre produit d’origine humaine. Avant toute réutilisation, il faut vérifier qu’il a subi la procédure d’entretien appropriée (stérilisation ou désinfection).
Il n’existe pas encore de normes spécifiques pour les dispositifs médicaux dits de sécurité cependant ils doivent être considérés comme un moyen de prévention complémentaire. Ces dispositifs doivent être compatibles avec le matériel déjà existant. Leur emploi correct dans les services de soins doit être évalué régulièrement. Les conteneurs pour objets coupants, tranchants constituent un moyen démontré et indispensable de prévention des accidents d’exposition au sang.

Les risques liés aux produits chimiques et aux produits Cancérigènes Mutagènes et Reprotoxiques (CMR)

Risques professionnels en milieux de soins :  Produit chimiqueEn 2005, 4,8 millions de tonnes de substances CMR ont été utilisées en France. Les produits chimiques sont partout, sous diverses formes, et particulièrement dans les établissements de soins.
L'INVS (Institut National de Veille Sanitaire) estime entre 11 000 et 23 000 le nombre de cas de cancers d'origine professionnelle survenant chaque année.
La Fiche de Données de Sécurité (FDS)
L'inventaire de tous les produits chimiques présents dans l'établissement est indispensable. Chaque produit doit être évalué à la lumière de la FDS (Fiche de Données de Sécurité) qui doit être communiquée par le fournisseur.
Rappelons que la FDS fournit un nombre important d’informations concernant les dangers, pour la santé et l’environnement, liés à l’utilisation du produit. Elle indique également les moyens de protection à mettre en œuvre, et les mesures à prendre en cas d’urgence.
Les phrases de risques
Les phrases de risque sont présentes notamment sur les étiquettes des produits chimiques.  Elles indiquent les risques encourus lors de la manipulation du produit, de son utilisation, ou de son rejet dans l’environnement. Elles prennent en compte (dans certains cas) la voie de pénétration dans l’organisme : contact, ingestion, inhalation. Elles se présentent sous la forme d’un «R» –ou d’un «H» avec le nouveau système Classification Labelling Packaging (CLP) suivi de chiffres, chacun correspondant à un risque particulier.

Directives DSD/DPD Règlement CLP 

Catégorie 1

Effet CMR avéré pour l’homme

T-Toxique

Mutagène
R46 Peut provoquer des altérations génétiques héréditaires.
Cancérogène
R45 Peut provoquer le cancer.
R49 Peut provoquer le cancer par inhalation.
Toxique pour la reproduction
R60 Peut altérer la fertilité.
R61 Risque pendant la grossesse d’effets néfastes pour l’enfant.

Catégorie 1A

Effet CMR avéré pour l’homme

Danger

Mutagène
H340 Peut induire des anomalies génétiques. [3]
Cancérogène
H350 Peut provoquer le cancer. [3]
Toxique pour la reproduction
H360 Peut nuire à la fertilité ou au fœtus. [3] [4]

Catégorie 2

Effet CMR présumé pour l’homme

Catégorie 1B

Effet CMR présumé pour l’homme

Catégorie 3

Effet CMR suspecté, mais les informations disponibles sont insuffisantes

Xn - Nocif

Mutagène
R68 Possibilité d’effets irréversibles.
Cancérogène
R40 Effet cancérogène suspecté. Preuves insuffisantes.
Toxique pour la reproduction
R62 Risque possible d’altération de la fertilité.
R63 Risque possible pendant la grossesse d’effets néfastes pour l’enfant.

Catégorie 2

Effet CMR suspecté, mais les informations disponibles sont insuffisantes

Attention

Mutagène
H341 Susceptible d’induire des anomalies génétiques. [3]
Cancérogène
H351 Susceptible de provoquer le cancer. [3]
Toxique pour la reproduction
H361 Susceptible de nuire à la fertilité ou au fœtus. [3] [4]

Catégorie supplémentaire

Effets sur ou via l’allaitement

Pas de pictogramme
Toxique pour la reproduction
H362 Peut être nocif pour les bébés nourris au lait maternel.

Après avoir identifié les voies de pénétration dans l’organisme, il convient de regarder les conditions d’exposition :

  • la nature des opérations réalisées ;
  • la forme des produits ou matériaux mis en œuvre (liquide, solide, poudre, fibres, gaz...) ;
  • les modes d’émission (projection mécanique, système d’évacuation des gaz, volatilisation de liquide...) ;
  • les quantités utilisées ou produites ;
  • la durée et fréquence d’exposition ;
  • l’efficacité des moyens de prévention existants (ventilation générale, captage localisé...) ;
  • le nombre de personnes concernées ;

Prévenir le risque
Les mesures de prévention et de protection doivent être déterminées conformément aux principes généraux de prévention

  • supprimer le risque lorsque c’est possible (ex. : changement technique qui supprime l’utilisation de produits chimiques)
  • substituer les produits les plus dangereux par des produits moins dangereux, notamment pour les CMR.

Les recherches en matière de substitution des produits CMR doivent être consignées dans le document d’évaluation des risques.

Les rayonnements ionisants

Risques professionnels en milieux de soins :  Rayonnement ionisantsLes effets des rayonnements sur l’organisme sont de deux types : on observe des effets à court terme, dits déterministes (liés directement aux lésions cellulaires et pour lesquels un seuil d’apparition a été défini) et des effets à long terme et aléatoires (cancers et anomalies génétiques).
Ils se manifestent de quelques heures à plusieurs mois ou années après l’irradiation.
En radioprotection, comme dans d’autres domaines, il est primordial d’intégrer la sécurité le plus en amont possible, prenant en compte tous les aspects (organisationnels, opérationnels, chimiques, ionisants…).
Pour des situations existantes, comprenant des risques d’expositions externes ou de contamination, il est indispensable de passer une phase d’évaluation et de quantification du risque puis vérifier que les mesures de radioprotection sont bien appliquées et que les doses d’exposition ne dépassent pas les valeurs réglementaires établies. Si le danger radioactif est lié à la présence de sources radioactives, le risque «rayonnements», lui, est invisible et impalpable. Le repérage rigoureux des zones à risque d’exposition et des sources revêt donc une importance particulière. Des murs ordinaires ou des cloisons ne sont pas un obstacle à la propagation de certains rayonnements ionisants. De plus, ceux-ci peuvent être réfléchis et diffusés par les murs, sols ou plafonds.
La délimitation de zones, définies en fonction de l’exposition potentielle aux rayonnements ionisants, permet de hiérarchiser les niveaux de dangerosité des lieux de travail sur lesquels sont utilisées des sources de rayonnements ionisants. Un arrêté (arrêté du 15 mai 2006) précise les conditions de délimitation de ces zones compte tenu de niveaux de référence correspondant à des doses délivrées en 1 heure, ainsi que les règles d’hygiène, de sécurité et d’entretien qui y sont imposées, ainsi que les règles d’accès et d’affichage.

Les risques psychosociaux (RPS)

Risques professionnels en milieux de soins :  RPSOn regroupe sous le terme risques psychosociaux diverses situations de mal-être pouvant avoir des causes très variées : surcharge de travail, contrainte excessive de temps mais aussi pertes de repères, difficulté à trouver du sens au travail, conflits de valeurs...
Les RPS sont classés en 3 catégories correspondant à des définitions, conditions d'exposition et modalités de prise en charge différentes : le stress, la violence et le harcèlement.
Les accords nationaux interprofessionnels sur le stress au travail du 8 juillet 2008 et sur le harcèlement et la violence au travail du 26 mars 2010 les ont définis de la manière suivante :

  • Stress : «état survenant lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face»;
  • Harcèlement moral : «agissements répétés qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits du salarié et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel»
  • Violence au travail : «toute action, tout incident ou tout comportement qui s’écarte d’une attitude raisonnable par lesquels une personne est attaquée, menacée, lésée ou blessée dans le cadre ou du fait de son travail»

Les effets des RPS sur la santé sont physiques (fatigue, douleurs, troubles du sommeil, de l'appétit…), émotionnels (irritabilité, sensibilité excessive, angoisse, sensation de mal-être...) , comportementaux (agressivité, repli sur soi…) et intellectuels (oubli, difficultés à se concentrer, à pendre des décisions, et des initiatives…).
On estime également que les RPS seraient en cause dans l'apparition de dépression, burn-out, TMS, maladies cardio-vasculaires, AVC et crises cardiaques. Enfin, le suicide est l’expression la plus violente et définitive de l’impossibilité de l’individu à faire face à la situation

Analyser l'environnement de travail sous l'angle des risques psychosociaux
La DARES a défini six dimensions de risques psycho-sociaux :

  1. Les exigences du travail : la quantité de travail, la pression temporelle (devoir travailler trop vite ou de manière hachée), la complexité du travail (devoir penser à trop de choses à la fois), la difficulté à concilier travail et obligations familiales.
  2. Les exigences émotionnelles : travail en contact direct avec le public, contact de la souffrance, peur au travail, agressions verbales ou physiques.
  3. Le manque d’autonomie et de marge de manœuvre : une forte demande psychologique combinée à une faible latitude (job-strain), l’impossibilité de déployer ou de développer ses propres compétences, de donner son avis ou exprimer ses attentes vis-à-vis du travail.
  4. Le manque de soutien social ou de reconnaissance au travail : entraide entre collègues, soutien des supérieurs, reconnaissance du travail, utilité du travail, clarté du management.
  5. Les conflits de valeurs : opposition, ou non, à des normes professionnelles (qualité empêchée), sociales, ou à des valeurs personnelles (conflits éthiques).
  6. L’insécurité de l’emploi et du travail : peur de la perte d’emploi, de devoir changer de qualification ou de métier, capacité à faire le même travail jusqu’au départ en retraite.

L’ANACT propose une analyse en quatre domaines de tension et régulation :

  1. Les exigences du travail et son organisation : contraintes entre les objectifs de travail et les moyens mis à disposition, entre le niveau de prescription et les marges de manœuvre possibles, entre les efforts exigés et les possibilités de récupération ; degré d’exigence du travail en matière de qualité ; pression temporelle ; complexité ; vigilance et concentration requises; injonctions contradictoires ; autonomie dans le travail ; prévisibilité ; marges de manœuvre procédurales ; exigences émotionnelles : relation avec le public, contact avec la souffrance, peur au travail.
  2. Le management et les relations de travail : nature et qualité des relations avec les collègues, les supérieurs : soutien social, reconnaissance, rémunération, justice organisationnelle.
  3. Les valeurs et attentes des salariés : conciliation entre vie professionnelle et vie privée, entre les attentes individuelles de parcours professionnels et les exigences de l’établissement à court terme. Utilisation et développement des compétences, conflit d’éthique.
  4. Les changements du travail : Nouveau système d’information, réorganisation du service, restructuration de l’établissement, nouvelles technologies, insécurité de l’emploi.

Prévenir les risques psychosociaux
L'employeur doit intégrer la prévention des RPS dans le Document Unique au même titre que les autres risques, la difficulté étant que les RPS ont une incidence individuelle et collective
Pour chaque situation-problème identifié, il s'agira de définir les actions à engager aux 3 niveaux de prévention :

  • prévention primaire : combattre le risque à la source
  • prévention secondaire : gérer les risques
  • prévention tertiaire : prendre en charge les salariés
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