Dès la sortie du confinement en juin, les syndicats ont
sollicité l’ouverture de discussions sur la question du
télétravail. Le télétravail, ce n’est pas une bonne chose pour
les salariés selon vous ?
Il n’est pas question d’affirmer de façon catégorique que le
télétravail, c’est bien ou ce n’est pas bien. Durant le premier
confinement, certains salariés ont découvert le télétravail et en
ont apprécié les bénéfices en termes de gains sur les temps de
transport, fatigue, … D’autres ont ressenti plus durement
l’isolement ou pâti d’un manque d’équipements à domicile et d’un
environnement mal adapté.
On doit donc se garder de succomber à la tentation du tout
télétravail, il faut encadrer cette pratique et proposer des
repères pour mettre en place cette organisation dans un dialogue
social concerté et équilibré.
C’est ce que nous avons proposé au travers d’une négociation
interprofessionnelle avec l’ensemble des partenaires sociaux afin
de poser dans un premier temps un diagnostic partagé, l’objectif
étant de revisiter l’accord de 2005 et de donner un cadre de
référence à la mise en place du télétravail, sans qu’il soit trop
rigide ou contraignant.
Quelles sont les principales revendications des syndicats
dans ces échanges ?
Sur la forme, nous souhaitons que ces discussions aboutissent à
quelque chose de plus ambitieux qu’une synthèse paritaire comme
le souhaite le patronat. Nous venons de rencontrer la nouvelle
Ministre du travail, Mme Elizabeth Borne et elle est également
favorable à un projet d’accord.
Sur le fond, nous avons plusieurs points de discussion qui nous
semblent très importants. Nous avons d’ores et déjà énoncé en
partenariat avec l’UNSA et la CFTC un certain nombre de préconisations. Par
exemple, les conditions de mise en oeuvre de cette nouvelle
organisation doivent pour nous être négociées dans les
entreprises et être encadrées, a minima dans le cadre d’une
charte ou mieux encore avec un accord d’entreprise. Autre élément
d’importance, le télétravail est une forme d’organisation du
travail parmi tant d’autres. Pour réussir sa mise en œuvre, il
est important de questionner toute l’organisation de l’entreprise
afin que l’ensemble s’article correctement. Et puis cette mise en
œuvre nécessite de lister tous les postes éligibles : pendant le
confinement et situation d’urgence obligeant, on s’est aperçu que
le télétravail pouvait être adapté à tous les niveaux de
l’entreprise.
Enfin, il est important de rappeler que le télétravail doit être
un choix volontaire pour l’entreprise et pour le salarié. Ce
n’est ni un droit ni une obligation.
Du côté de la réforme de la santé au travail, les
négociations ont enfin débuté, c’est une bonne nouvelle
?
Oui c’est bien parti, en espérant que cela ne s’arrête pas en
route. Depuis la publication du rapport Lecoq il y a 2 ans, nous
appelons à l’ouverture des négociations. La crise sanitaire et
les dysfonctionnements de notre système de santé au travail
qu’elle a mis en exergue ont permis d’accélérer les choses.
Pour la CFDT, la réforme de la santé au travail doit porter sur 3
points majeurs : la prévention, la qualité de vie au travail et
la qualité du travail et enfin la gouvernance du système.
Nous souhaitons que cette réforme soit l’occasion d’une véritable
réflexion en profondeur sur le travail et pas seulement un petit
coup de neuf sur la tuyauterie.
Pour cela, nous militons pour sortir d’une approche médicale et
médicalisée de la santé au travail pour avoir une approche plus
globale incluant notamment des aspects organisationnels, la
prévention des risques psychosociaux sur laquelle le patronat est
très frileux.
Nous allons peser sur la négociation pour que ces éléments soient
pris en compte dans les négociations, afin que la proposition de
loi soit véritablement porteuse de changement.
