Richard OLSZEWSKI - : Management du risque : les outils du privé au service du public

Management du risque : les outils du privé au service du public

|| Sûreté - Malveillance
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10/05/2013
Richard OLSZEWSKI -
Richard OLSZEWSKI
Enseignant et consultant expert en gestion des risques
Conseiller délégué en charge de la prévention des risques à Lille Métropole, Richard Olszewski s’est intéressé de près aux responsabilités des Directeurs Généraux des Services en situation de crise. Pour Préventica, il fait le point sur ces questions éminemment d’actualité.

En quoi les responsabilités des Directeurs Généraux des Services (DGS) des collectivités en matière de gestion des risques ont-elles évolué récemment ?
Elles n’ont pas évolué au sens fondamental du terme. Les aspects législatifs sont les mêmes depuis quelques années, mais la pression qui pèse sur les épaules du DGS s’est accrue. On attend d’une collectivité qu’elle soit apte à réagir vite et bien en situation de crise.
Des affaires récentes qui ont amené devant les tribunaux des maires ou des DGS montrent que le citoyen d’aujourd’hui ne pardonne pas une gestion approximative, surtout lorsque toutes les ressources semblent disponibles sur le net.

Une question doit être anticipée en permanence : « qu’avez-vous fait pour que cela n’arrive pas, pour qu’il y ait moins de victimes ? »
Certaines collectivités ont enfin pris conscience du fait qu’elles doivent adopter les mêmes démarches de management du risque que celles qu’ont développées les acteurs du privé. L’objectif est même de développer des process encore plus pointus du fait de la continuité d’activité qu’elles sont tenues d’assurer sur les fonctions vitales à nos territoires.
 
Concrètement, comment peut se mettre en place un plan de continuité d’activité efficace ?
Comme toute situation de crise, l’anticipation est une clé nécessaire mais elle doit être servie par l’imagination. Le plan de continuité d’activité doit avoir été élaboré bien en amont et prendre en compte les pires scénarios. Fukushima a été une crise majeure et pourtant chacun des aléas avait été pris en compte : séisme, tsunami, catastrophe nucléaire. Mais personne n’avait jamais imaginé la combinaison des trois.
Une démarche opérationnelle de gestion de crise doit analyser les fonctions vitales que la collectivité doit maintenir et la manière dont ces fonctions vitales peuvent continuer à être assurées et par qui. Dans ce contexte, le management hiérarchique n’a plus de sens, c’est un management de la transversalité qui permettra la sortie de crise.
Je suis intimement convaincu que le dérèglement climatique va générer de plus en plus de catastrophes majeures auxquelles nous devons être préparés à faire face.
Et bien plus que le risque naturel, c’est le risque numérique qui sera le risque majeur de demain. Une attaque sur les systèmes d’information peut paralyser toute une collectivité.
 
Quels sont les outils de demain en gestion de crise ?
Aujourd’hui nous sommes dans le monde 3.0. Il y a un revirement total à effectuer du côté des dirigeants politiques qui doivent intégrer que nous sommes dans une société hyperinformée et hyperconnectée. Il se crée tous les six mois plus d’informations qu’il ne s’en est créé dans toute l’humanité. Mais loin d’être un magma impossible à affronter, ce flux continu d’informations est une vraie opportunité dans la gestion de crise. Des outils tels que twitter, yammer ou vuetoo représentent de réelles ressources au service de la culture de sûreté. Les plateformes de veille et d’agrégation de contenus sont de puissants accélérateurs de connaissances. 
Non seulement il existe encore trop peu de risk managers dans le secteur public mais, de surcroit, peu d’entres eux osent si aventurer .
L’arrivée de la génération Y sur des postes clés devrait contribuer à changer cet état de fait et je suis persuadé qu’à très brève échéance, le monde du management du risque aura complètement changé.

 


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