Cendra Motin - : La crise sanitaire a été révélatrice des dysfonctionnements de notre système de santé au travail

La crise sanitaire a été révélatrice des dysfonctionnements de notre système de santé au travail

ORGANISATION DE LA PREVENTION || Evaluation des risques
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24/09/2020
Cendra Motin -
Cendra Motin
Députée de l’Isère

Députée de la majorité parlementaire, Cendra Motin est l’auteure avec Charlotte Lecocq et Carole Grandjean d’une proposition de résolution sur la santé au travail adoptée par l’assemblée nationale en juin dernier.
Son objectif : faire que l’entreprise devienne un lieu de prévention dans la vie quotidienne.

Pourquoi cette résolution ?
La crise sanitaire que nous traversons a placé la santé au travail au premier plan et en a révélé tous les dysfonctionnements. Nous avons vu des entreprises qui ont été complètement démunies face aux procédures qu’elles devaient mettre en place.
A la sortie du confinement, nous souhaitions interpeller le gouvernement et les partenaires sociaux afin d’aboutir rapidement sur une véritable réforme de la santé au travail portée par une résolution de loi.
Cette réforme de la santé au travail a 3 grandes ambitions. La première, est de faire de la santé au travail une priorité de la stratégie nationale de santé. La seconde ambition est de doter la France d'un système d'acteurs de santé au travail plus efficace et tourné vers la prévention. La troisième ambition que nous attribuons à cette réforme de santé au travail, est de prévenir l'usure professionnelle en faisant un lien étroit entre l'exposition aux risques et les parcours professionnels proposés aux travailleurs.
Les implications sont donc importantes : création d’un guichet unique, mise en place d’un socle de prestations commun, prévention de la désinsertion professionnelle.


Quelles sont selon vous les principales difficultés à sa mise en œuvre ?
Le projet de création d’un guichet unique suscite naturellement des questions. Aujourd’hui il y a une multiplicité d’acteurs dans la santé au travail : les services de santé au travail et leurs équipes pluridisciplinaires, les CARSAT, le réseau Anact-Aract, l’INRS…  Les entreprises sont perdues, notamment les TPE. Elles ne savent finalement plus à qui s’adresser et ne bénéficient quasiment pas des compétences mises à leur service et pour lesquelles elles paient. La création d’un guichet unique, c’est un interlocuteur unique pour les orienter vers la bonne réponse à leurs besoins.
Nous souhaitons que cette réforme conduise vers une meilleure lisibilité et une simplification de la santé au travail au France.
70% des Français font confiance à leur entreprise pour s’occuper de leur santé, l’entreprise doit avoir les moyens de répondre à cette attente.


Où en êtes-vous sur l’avancement de la réforme aujourd’hui ?
Le travail a commencé entre les organisations syndicales et patronales en juillet avec la lettre de cadrage de la Ministre du Travail. J’en attends que les partenaires sociaux trouvent une voie médiane entre le rapport Lecoq peut-être trop disruptif et le rapport Artano plus conservateur Les négociations sont en cours et nous attendons les résultats à la fin de l’année. La réforme devrait donc voir le jour début d’année 2021