Pouvez-vous nous présenter l’Odyssée Managériale ?
Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce projet ?
L’association a vu le jour en 2019, grâce à Thibaud Huriez,
Romain Thievenaz, Léo Lustig et François Hubert. Son but est
d’explorer et de partager de nouvelles pratiques de management en
s’appuyant sur deux axes : comprendre la culture du pays et
l’impact de celle-ci sur le management, puis rencontrer des
entreprises qui cassent les codes de l’entreprise traditionnelle
pour créer un réseau international de partenaires engagés. Nous
bénéficions du soutien de trois entreprises mentors : Altman
Partners, Imfusio et The NextGen Enterprise.
Pour les duos, l’Odyssée se déroule en trois phases :
- La préparation, durant laquelle nous devons lever des fonds, préparer le voyage et gérer les relations avec les partenaires.
- Le voyage, avec des rencontres inspirantes quasi quotidiennes.
- La transmission, notamment à travers de conférences, auprès de nos partenaires et de tous ceux qui nous suivent depuis le départ.
Ce qui nous a poussés à tenter l’expérience, c’est tout d’abord
l’envie de nous retrouver, en tant que frères, pour vivre une
expérience différenciante et sortir de notre zone de confort.
C’est aussi la volonté de confronter notre vision des choses, nos
convictions, à la réalité des choses et de transmettre des
solutions très concrètes importées d’autres cultures.
Vous revenez tout juste de Corée du Sud. Quelles sont vos
premières impressions ?
De manière générale, la culture dans l’entreprise est très
différente de ce que nous connaissons en France. Il existe un
modèle assez « militaire » et l’empreinte de la culture sociétale
est très marquée dans l’organisation. Les titres sont très
importants notamment, et guident les relations au travail. D’un
point de vue occidental, cela peut sembler un peu archaïque, mais
les travailleurs coréens semblent à l’aise avec cette culture
hiérarchique, nous n’avons pas particulièrement senti une envie
de changement sur ce point particulier. Et il faut bien constater
que la Corée du Sud est extrêmement performante dans son mélange
de tradition et de modernité ; elle possède une très grande force
de frappe, qui lui a permis en seulement 40 ans de passer d’une
situation d’extrême pauvreté marquée par la guerre à la position
d’un des pays les plus performants sur le marché mondial. Les
entreprises coréennes ne sont pas très innovantes, mais sont
extrêmement performantes grâce également à une culture de
l’action.
Plus généralement, dans l’ensemble de vos voyages,
qu’est-ce que vous souhaiteriez importer en France ? Qu’est-ce
qui vous semble réalisable ?
Une des premières conclusions de nos voyages, c’est que dans
l’entreprise, tout est faisable. Quelle que soit la culture à
l’origine. Lors de nos différentes rencontres, deux sujets
majeurs d’innovation managériale ont émergé.
Tout d’abord la question de la flexibilité. Une flexibilité
géographique, qui suppose la possibilité de travailler en
mobilité, à l’étranger, de télétravailler, etc. Nous avons
notamment rencontré des entreprises qui encouragent et
accompagnent leurs salariés à travailler à l’étranger chaque
année. Mais également une flexibilité temporelle, avec une
différence marquée entre une culture du présentéisme et une
culture du résultat. En Norvège par exemple, tant que l’objectif
est atteint, il n’y a aucune contrainte horaire. En France, cela
pourrait être mis en place rapidement et sans problème, mais le
changement doit venir des leaders et des dirigeants dans
l’entreprise.
Le deuxième point, c’est la mise en place d’une culture du « care
», avec des entreprises qui se soucient authentiquement de leurs
salariés et font passer leur bien-être avant toute chose. Les
entreprises que nous avons rencontré qui ont réussies à
développer cette culture possèdent un taux de rétention très fort
et un turnover très faible, même dans les secteurs très
concurrentiels. Ce sont des structures qui prennent le temps de
questionner leurs collaborateurs, aussi bien sur leurs
aspirations que leurs situations professionnelles et
personnelles. Cela permet d’instaurer un climat de confiance, qui
est la base d’une culture saine dans l’entreprise.
Bien sûr, tout cela peut être chronophage et compliqué à mettre
en place, mais cela peut amener à des résultats inespérés et des
bénéfices énormes. Il faut prendre conscience qu’un réel avantage
compétitif ne viendra jamais d’un outil ou d’une nouvelle
technologie, car ceux-ci seront rapidement dépassés. Le vrai
atout, c’est l’innovation managériale.
Quelle est la suite pour vous ?
Pour l’instant, nous sommes encore au Vietnam pour quelques
semaines. Ensuite, nous allons prendre une peu de repos, car
l’Odyssée demande tout de même un grand investissement et
beaucoup d’énergie. Nous passerons ensuite rapidement au rapport
final, qui est un condensé de tout ce que nous avons pu voir lors
de nos voyages. De retour en France, nous allons entrer dans la «
phase 3 », avec quatre mois durant lesquels nous allons essayer
de transmettre tout ce que nous avons vécu. Nous devons également
recruter un nouveau duo pour 2023 ;
Puis nous allons réfléchir à la suite pour nous. Nous avons
beaucoup d’idées, nous sommes ouverts à toutes les opportunités
et nous sortons grandis de cette expérience. Maintenant, il faut
bien choisir.