PSRE est une association à but non
lucratif créée il y a une douzaine d’années à l’initiative de
grandes entreprises (qui avaient signé les premières chartes de
sécurité routière avec l’État) et de compagnies d’assurance
spécialisées dans les flottes automobiles. Aujourd’hui,
l’association regroupe des entreprises de tous les secteurs (95%
des adhérents) et se définit comme un carrefour de bonnes idées
et bonnes pratiques. Le partage d’expérience participe de son
importante visibilité dans le paysage de la prévention du risque
routier en France. Jean-Claude Robert, son président, nous
explique l’importance d’une prise en compte de celui-ci dans une
démarche plus globale d’évaluation des risques professionnels,
thème de la conférence qu’il animera sur Prévent’Ouest.
Fidèle des Salons/Congrès Préventica, vous serez présent
dans quelques jours à Rennes et animerez une conférence consacrée
à la démarche globale d’évaluation du management de la sécurité
routière. L’on ne vous attend pas particulièrement sur un tel
sujet. Pourquoi l’avoir choisi ?
Pour être pleinement efficace, une démarche de prévention doit
être cohérente entre organisation du travail, préparation des
déplacements, flotte automobile et compétences des conducteurs et
donc globale. On constate que, 10 ans après l’obligation
législative de réalisation du Document Unique (DU), 50% seulement
des entreprises l’ont mis en place (une partie des PME et très
peu de TPE). Il faut donc en déduire que la moitié des sociétés
françaises n’ont pas réalisé de diagnostic général des risques
dans l’entreprise : de ce fait, il est plus difficile de les
réduire.
Quant au risque routier, il n’est décrit que dans 40% des
structures qui ont réalisé leur DU. Le calcul est simple et peu
encourageant : une entreprise sur 5 mentionne le risque
routier et, le plus souvent, de manière succincte, sans analyse
réelle des facteurs de risque propres à l'entreprise. Cela
explique la portée d’un tel sujet sur Prévent’Ouest. La
prévention du risque routier est importante bien sûr – les
accidents de la route représentent 5 millions de journées de
travail perdues chaque année dont 3,5 pour les accidents de
trajet - mais si elle n’est pas intégrée à une démarche globale,
incluant une réflexion sur l’organisation au plus haut de
l’entreprise, les résultats seront décevants.
Les accidents de la route intervenants dans un cadre
professionnel sont la plupart du temps la conséquence de
dysfonctionnements dans l’organisation même du travail. D’où la
nécessité d’un diagnostic, préalable indispensable à
l’identification de ces défaillances.
Qu’allons-nous y apprendre ?
La conférence relative au management de la sécurité routière se
veut pragmatique : l’objectif est de présenter une
méthodologie accessible à tous. La mise en place de plans,
consécutifs aux diagnostics, est indispensable, mais la seule
évocation du mot fait peur aux entreprises. Mais, en réalité, une
démarche, même globale, peut être simple : deux ou trois
points suffisent parfois pour démarrer ! Ainsi, pour réduire
le risque d’accident de la route pour les collaborateurs, il
peut-être envisagé d’installer des équipements de sécurité ou de
mieux organiser les déplacements (prévoir plus de temps pour
chacun d’entre eux, mieux organiser les rendez-vous pour ne pas
avoir à rappeler au volant, prévoir des alternatives aux
déplacements…). Nous insisterons également sur l’importance du
suivi des démarches. Prévoir des plans de prévention c’est bien,
vérifier leur bonne application et leur efficacité c’est
mieux !
À qui va-t-elle s’adresser ?
Les visiteurs de Préventica / Prévent’Ouest viennent avec
une problématique précise. Ils ont, pour la plupart, déjà engagé
une démarche de prévention des risques. La présentation d’une
démarche globale intéresse donc tout le monde à commencer par les
chefs d’entreprises et les préventeurs bien sûr, mais aussi les
DRH, les services de santé au travail et les médecins du travail.
En outre, un tel exposé ne s’adresse pas seulement au secteur
privé : nous constatons l'émergence d’une vraie réflexion
sur les dangers de la route chez les agents de la Fonction
publique.
Nous pouvons rapprocher cette problématique, d’un risque
qui vous tient particulièrement à cœur actuellement puisque PSRE
engage une importante campagne de communication sur le sujet, à
savoir le téléphone au volant. Expliquez-nous ?
Les dangers du téléphone au volant ont fait l’objet d’une
importante prise de conscience dès 2008. Nous constations alors
une réelle prise de conscience vis-à-vis des comportements, puis
l’élan est retombé ! Le marché du téléphone mobile est
énorme : les lobbies sont puissants et je pense que l’impact
économique freine un peu les pouvoirs publics quant à une prise
de décision radicale sur le sujet.
Or, il faut savoir que 7 à 8% des accidents de la route mortels
mettent en cause le téléphone au volant (la police et la
gendarmerie ont la possibilité d’interroger les opérateurs de
téléphonie à la suite d’un accident corporel grave). Des études
menées par l’INRS, le CNRS, l’INRETS ont permis de déterminer les
différents mécanismes qui mènent à l’accident : augmentation
de la charge mentale du conducteur qui est donc moins vigilant
sur sa conduite, accaparation de l’attention sur la conversation
entraînant une conduite « réflexe » et un accroissement
du temps de réaction de 50%... Le véhicule devient le
relais du bureau et les éléments de distraction apparaissent plus
nombreux : messagerie, Smartphone, écran GPS, téléphone, kit
mains libres permettent maintenant de poursuivre une réunion,
prendre des rendez-vous, recevoir ses mails, consulter Internet
tout en conduisant.
Pour pallier cette situation dramatique, PSRE mène donc une
campagne de communication nationale (interviews, communiqués à la
presse, conférences…). Nous voulons sensibiliser le plus grand
nombre de décideurs professionnels à cette situation qui peut
être modifiée par une organisation différente du travail. Nous en
revenons à la pertinence d’une démarche globale d'évaluation des
risques. La problématique du téléphone au volant s'avère
d'ailleurs être une question transversale à l’ensemble des
exposés que nous présenterons sur Prévent’Ouest : nous en
reparlerons, par exemple, lorsque nous aborderons le risque pénal
et la faute inexcusable.