Les vols sur chantiers sont devenus un phénomène plus que
préoccupant, à combien estimez-vous le volume des pertes chaque
année ?
Effectivement les vols sur chantiers touchent désormais
pratiquement toutes les entreprises ; des plus petites aux
plus grandes avec des conséquences qui peuvent parfois s’avérer
désastreuses.
Il n’y a pas de statistiques précises mais on estime le montant
global des pertes à plus d’un milliard d’euros par an, entre la
valeur des matériaux ou engins dérobés et les dégradations
concomitantes.
Sans compter les retards de planning, ou les pertes
d’exploitation induites par les vols…
Comment la FFB s’est-elle mobilisée pour aider ses
adhérents ?
Nous nous sommes rapprochés depuis plusieurs années du Ministère
de l’Intérieur pour entreprendre une démarche conjointe afin
d’enrayer et de mieux prévenir les vols.
Notre conviction est que pour avoir une meilleure sûreté sur les
chantiers, il faut agir ensemble et mettre tous les acteurs de
l’acte de construire autour de la table : maître d’ouvrage,
maître d’œuvre et entreprises du bâtiment quel que soit leur
corps d’Etat.
Nous avons signé une première convention avec le Ministère de
l’Intérieur en avril 2008, convention qui a été renouvelée en
janvier 2013.
Vous préconisez d’ailleurs une méthodologie pour mieux
assurer la sûreté de leurs chantiers ?
Nos actions visent à sensibiliser aussi bien les maîtres
d’ouvrage que les entreprises du bâtiment
Nous préconisons une méthodologie basée sur un dialogue actif et
constructif avant le démarrage du chantier.
Ainsi, dès l’appel d’offres, nous souhaitons que les maîtres
d’ouvrage intègrent les impératifs de sûreté dans le cahier des
charges.
Puis, avant le démarrage du chantier, il est indispensable
d’établir un diagnostic de sûreté avec le référent sûreté de la
Préfecture du département concerné. Ce diagnostic permettra de
graduer les moyens à mettre en œuvre en fonction du contexte
sécuritaire du lieu du chantier.
L’implication des forces de sécurité publique est indispensable
mais pour cela, il faut les informer en amont.
Ce diagnostic permettra ensuite de déployer des moyens de sûreté
appropriés que ce soit à travers le contrôle d’accès, la
vidéosurveillance, la mise en place de locaux sécurisés.
Parfois le bon sens et le dialogue permettent de trouver des
solutions simples et accessibles, le résultat est là si tous les
acteurs du chantier se responsabilisent et coopèrent.
La sûreté, ce n’est pas encore un réflexe dans le
BTP ?
C’est effectivement une problématique qui est apparue récemment
et qui a pris une dimension impressionnante en très peu de temps.
Beaucoup d’entreprises sont désarmées. Les messages ont encore du
mal à passer, il faudra encore quelques années pour que la
dimension sûreté soit systématiquement intégrée. Mais je suis
confiant ◊ il y a une dizaine d’années, personne ne croyait
à l’utilité de la coordination SPS, aujourd’hui tous les acteurs
de la construction reconnaissent son bénéfice.