Vous êtes membre de la commission emploi et affaires
sociales au parlement européen, quels sont les principaux travaux
auxquels vous participez actuellement ?
Je participe à la création d’un nouveau Fonds européen d’aide aux
plus démunis, qui permettra de financer aide alimentaire et
accompagnement social à des millions de personnes. Il sera doté
d’un budget de 500 millions d’euros par an, ce qui n’est pas rien
en ces temps de rigueur budgétaire. Nous mettons aussi sur pied
un Programme européen en faveur de l’Emploi et de l’Innovation
sociale, EaSI, qui financera notamment des projets pour améliorer
les conditions de travail. Il facilitera aussi l’accès au
microcrédit pour les entreprises sociales, les chômeurs, les
jeunes. Je m’investis aussi beaucoup dans la rédaction d’un
rapport sur les inspections du travail, qui formule des
propositions afin de développer la prévention et lutter contre
les fraudes sociales. Les Européens doivent travailler ensemble
pour s’attaquer à ces problèmes.
Sur le sujet des conditions de travail, de quel projet
êtes-vous la plus fière ?
Mes collègues eurodéputés m’ont fait confiance pour piloter le
travail du Parlement concernant le renouvellement de la Stratégie
européenne pour la santé et la sécurité au travail. J’ai rédigé
puis négocié pied à pied un rapport qui expose les réussites et
les failles de cette Stratégie, et qui fait des propositions
concrètes pour le futur. Chaque pays européen, mais aussi les
institutions européennes elles-mêmes, doivent jouer un rôle
moteur à leur niveau, et les syndicats comme les travailleurs
doivent être associés. Par exemple, nous demandons à la
Commission européenne une législation pour protéger les lanceurs
d’alerte. Si je suis fière du résultat obtenu, je regrette que le
manque de volonté politique de nombreux États empêche de mettre
en œuvre rapidement les propositions les plus urgentes. La
Commission européenne a déjà renoncé à publier sa directive sur
les troubles musculo-squelettiques, alors que le phénomène touche
de plus en plus de travailleurs.
Quels sont vos engagements et prochains combats pour les
années à venir ?
Plusieurs dossiers doivent être pris à bras le corps par le
législateur européen, c’est-à-dire les Gouvernements européens
d’une part, le Parlement européen d’autre part. Pour stopper le
dumping social, je vais tout faire pour qu’enfin nous obtenions
la mise en place d’une responsabilité conjointe et solidaire de
chaque entreprise dans la chaîne de sous-traitance. Sur un
chantier, le donneur d’ordres, souvent un géant du BTP, doit être
tenu pour responsable si l’un de ses sous-traitants fraude, ce
qui renforcera énormément les efforts de prévention. Par
ailleurs, la directive sur le temps de travail va être révisée
afin de prendre en compte les jugements de la Cour de Justice
européenne. C’est l’occasion de mettre fin aux exemptions
accordées à certains États peu scrupuleux d’exploiter leurs
travailleurs : 48h de travail maximum par semaine, pas 65h,
c’est une question de dignité !