Pourriez-vous me définir ce qu’est exactement cette
consultation interdisciplinaire en santé au travail (CIST)
?
Il s'agit d'un nouveau dispositif pilote consacré à la santé au
travail dans le canton de Genève. La CIST offre des prestations
spécialisées aux entreprises, aux travailleuses et travailleurs,
aux professionnelles et professionnels de la santé, ainsi qu'aux
partenaires sociaux. Elle est composée d'un cercle de
spécialistes qui travaillent en réseau. Ils font de la
prévention, du conseil ou prennent en charge des problématiques
dans le domaine de la santé physique et/ou psychique liées aux
conditions de travail.
Comment est né ce projet ? Qui y prend part
?
L'un des axes stratégiques du concept cantonal de promotion de la
santé et de prévention 2019-2030 est de favoriser la mise en
place d'un environnement professionnel sain. C'est dans ce
contexte qu'est née la nouvelle consultation, notamment grâce à
une étroite collaboration entre la direction générale de la santé
(DGS) et l'office cantonal de l'inspection et des relations du
travail (OCIRT). La CIST répond à des besoins de terrain,
notamment celui, pour les très petites, les petites et les
moyennes entreprises, de disposer d'un soutien spécialisé pour
protéger et promouvoir la santé au travail de leur personnel.
Quelle est la visée d’une telle consultation ? Quels sont
ses objectifs ?
L'objectif principal de la CIST est de favoriser l’accès de la
population active à des prestations spécialisées en santé au
travail, dont le catalogue est disponible en ligne. Nous
attendons également de ce nouveau dispositif qu'il favorise le
travail en réseau des spécialistes et la collaboration entre les
personnes concernées par les questions de santé au travail. À
terme, nous visons la pérennisation du dispositif qui deviendrait
alors un centre de compétences et un lieu d’expertise, pouvant
s'appuyer sur les compétences d'autres professionnels.
En quoi ce projet est novateur ? En quoi le canton de
Genève est précurseur ?
La CIST est unique en son genre en Suisse et novatrice à
plusieurs niveaux. Tout d'abord dans sa configuration de réseau
interdisciplinaire coordonné de manière souple, dynamique et
évolutif. Puis dans le fait qu'elle s'adresse également aux
travailleurs et travailleuses indépendant-e-s, et qu'elle crée
les bases d'un observatoire de la santé au travail dans le canton
de Genève.
Que peut-on trouver d’autres comme actions dans le
concept cantonal de promotion de la santé et de prévention 2030
?
Le plan cantonal de promotion de la santé et de prévention (PSP)
2019 – 2023 prévoit des actions permettant d'atteindre les
priorités définies dans le concept que vous citez. Parmi elles
figurent la mise en œuvre du plan d’action fédéral et cantonal de
réduction des risques liés à l’utilisation de produits
phytosanitaires, la création d'un dispositif de lutte contre les
inégalités de santé affectant les personnes migrantes, ou encore
de la création de la CIST.
Diriez-vous que la Suisse est en retard / en accord avec
son temps ou bien plutôt en avance pour ce qui concerne la santé
au travail ? (Par rapport à la France et aux autres pays
européens)
L’enquête ESENER (Enquête européenne des entreprises sur les
risques nouveaux et émergents) réalisée en 2019 dans 33 pays
européens a montré que la Suisse se situe à la dernière place en
ce qui concerne la proportion d’entreprises qui effectuent une
évaluation des risques dans ce domaine. Il est donc évident que
notre pays a une marge d'amélioration importante. Toutefois, cela
n'est pas forcement corrélé à une mauvaise santé de la population
active.