Comment avez-vous abordé la réflexion sur le bien-être au
travail dans votre établissement ?
D’abord en y mettant des moyens ! On ne peut pas avoir une
démarche de prévention des risques psychosociaux sans y apporter
de vraies solutions concrètes, au-delà des numéros verts
terriblement impressionnants et anonymes.
Nous avons voulu offrir à notre personnel un véritable espace
d’analyse et de débats autour de leur travail quotidien et des
douleurs et souffrances qu’il pouvait occasionner. Cette volonté
de dialogue s’est concrétisée par le recrutement d’un psychologue
du travail à temps plein, de permanences médecine du travail
élargies, et d’un travail approfondi autour de l’ergonomie avec
des référents ergonomes spécialement formés et affectés à chaque
pôle hospitalier.
Cette démarche a été initiée en juin 2011 et porte aujourd’hui
ses fruits puisque l’absentéisme a été réduit d’une journée, ce
qui nous permet de rentabiliser largement les recrutements
effectués.
Le CHSCT a également été très impliqué et responsabilisé dans
cette démarche, c’est aujourd’hui l’organe institutionnel qui
fonctionne le mieux dans l’hôpital.
Parallèlement à l’investissement en personnel, la
construction du nouvel hôpital a été également l’occasion
d’engager une réflexion sur les conditions de
travail ?
Tout à fait. Dans le cadre de la démarche HQE, nous avons bien
sûr réfléchi sur l’ergonomie, le confort et l’aménagement des
espaces de travail. Mais nous avons aussi investi très largement
dans les nouvelles technologies et l’automatisation pour
faciliter les pratiques professionnelles des personnels
soignants. Ainsi nous avons mis en place un système global de
communication qui, sur un terminal unique, permet de gérer les
appels malades, la recherche de personnes, les transmissions DECT
et le téléphone mobile.
Ce nouveau bâtiment nous a donné l’opportunité de bâtir un
véritable projet d’entreprise, ambitieux, global et engageant
pour tout l’établissement. Ce projet nous donne une ligne de
conduite que nous déployons progressivement.
Avant toute chose il faut qu’il y ait un sens et des enjeux pour
que les équipes s’investissent et comprennent le sens de leurs
efforts. Nous sommes résolument engagés sur un vrai objectif de
développement durable qui se décline dans toutes ses dimensions.
Comment se concrétise cet engagement dans la démarche de
développement durable ?
Le projet de construction HQE nous a permis de nous poser de
vraies questions sur l’éclairage, la lumière naturelle,
l’ergonomie afin de mettre les technologies au service de
l’humain. Nous avons également engagé une politique d’achats
responsables avec une réflexion sur l’impact environnemental des
produits que nous utilisons, les substitutions possibles sur des
produits ne contenant pas de COV, etc.
Cet investissement dans un bâtiment intelligent et
éco-responsable a certes représenté un coût supplémentaire de
l’ordre de 5% mais à long terme, si l’on regarde la satisfaction
et la fierté de nos équipes, il est largement rentabilisé.
Nos équipes sont reconnues à travers d’autres dimensions que
celles de leurs tâches quotidiennes. Cette reconnaissance, par
les patients et leur entourage, est essentielle pour surmonter
les difficultés de leur travail.
Parlez-nous de votre projet « Hôpital
apprenant »
Nous sommes partis du constat que nos personnels détenaient un
savoir inestimable et qu’ils ne demandaient qu’à le partager et
le transmettre. Nous les avons donc sollicités pour qu’ils
deviennent des « sachants formateurs » et délivrent de
la formation en interne. Cette démarche permet de maintenir et
développer le savoir-faire et les bonnes pratiques dans la
mémoire collective.
C’est également un outil de reconnaissance et de valorisation,
puisque du plus petit au plus haut niveau hiérarchique, chacun
peut apporter aux autres.
Cela ajoute un volet différent à la pratique de leur métier, leur
apporte un autre regard sur leur quotidien et est également un
outil de prévention des risques psychosociaux.