La qualité de vie au travail chez Air France, une
déclaration d'intention pour apaiser les esprits dans un contexte
tumultueux ?
Non, bien au contraire ! C'est une démarche dans laquelle
nous sommes engagés depuis plusieurs années. Nous avons commencé
à travailler sur ces thématiques, il y a 3 ans dans le cadre d’un
accord de prévention des risques psychosociaux. Et aujourd'hui la
Qualité de Vie au Travail occupe une place privilégiée avec notre
plan "Gagnons en performance par la Qualité de Vie au Travail"
qui fait l’objet d’une négociation avec les partenaires syndicaux
devant aboutir début avril.
Comment avez-vous convaincu la direction d'Air France de
l'importance de la Qualité de Vie au Travail ?
En parlant performance et productivité ! Tout le monde
s'accorde à dire que la qualité de vie au travail est bénéfique
pour le bien-être des salariés. Mais au-delà de ça, c'est un
levier qui contribue concrètement à faire diminuer l'absentéisme
et baisser le nombre d'accidents du travail et de maladies
professionnelles. Des salariés bien dans leur peau et dans leur
tête sont plus motivés, plus engagés et plus productifs.
La qualité de vie au travail a des impacts positifs aussi bien
pour les salariés que pour l'entreprise. D'ailleurs des études
menées au niveau international ont établi que pour un
investissement de 1 en prévention, l'entreprise pouvait attendre
un retour sur investissement moyen de 2,2.
Quelles ont été les principales actions entreprises pour
faire avancer la Qualité de Vie au Travail chez Air
France ?
Nous avons privilégié un travail fondé sur des actions pratiques
et mené en concertation avec les organisations syndicales.
Nous avons ainsi porté une attention particulière au rôle des
managers de proximité qui sont des relais incontournables. Des
sessions de formation ont été montées spécifiquement pour ces
managers telles que "Manager par la Qualité de vie au travail"
afin de connaître les risques psychosociaux et leur impact mais
également apprendre à utiliser les leviers de la Qualité de vie
au travail"
Nous avons également mis en place un outil de diagnostic et de
suivi du niveau de stress de nos personnels. Lors de leur visite
médicale annuelle, les salariés sont invités à remplir un
questionnaire en ligne qui permet de mesurer stress, anxiété et
syndrome dépressif. Cette démarche est non obligatoire. Le
salarié peut également, s'il le souhaite, éditer ses résultats
pour en parler avec le médecin du travail.
A ce jour, 13 500 questionnaires ont été remplis, ce qui
représente 25% de l'effectif, et 88% d’acceptation de répondre au
questionnaire. 42% des répondants ont discuté des résultats avec
le médecin du travail.
Concernant la conduite du changement, vous vous êtes
particulièrement investi sur l'accompagnement des
salariés ?
Oui, nous demandons à chaque chef de projet d'évaluer
systématiquement les impacts humains liés aux changements
proposés. La Qualité de Vie au Travail est systématiquement
intégrée dans l'analyse du projet. Pour être retenu, un projet
doit avoir un impact positif, voire au minimum neutre, sur la
Qualité de Vie au Travail.
Parallèlement à ces outils pratiques que je ne vous ai pas tous
cités, la volonté générale est de ne pas laisser des salariés en
souffrance. Nous avons même monté une formation, que je crois
unique en France, sur la prévention des conduites
suicidaires.
Tous les niveaux hiérarchiques de l'entreprise sont mobilisés
pour être à l'écoute et ouvrir le dialogue, en cette période
extrêmement difficile.