Parlez-nous de l’organisation des services de prévention des
  risques professionnels de la Ville de Paris et de vos
  missions.
  La Mairie de Paris est la plus importante de France avec plus de
  45 000 agents titulaires et 10 à 15 000 vacataires
  selon les saisons. La prévention des risques professionnels a
  donc dû se structurer très tôt. L’organisation, mise en place à
  partir du décret de 1985, y est complexe. Revenons tout d’abord
  sur l’organigramme de la Ville : un secrétariat général est
  complété par 20 directions transversales ou thématiques. Chaque
  Direction prend en charge l’hygiène-sécurité de ses propres
  services. Les directeurs et cadres, chargés de la mise en œuvre,
  s’appuient sur un réseau de proximité (ACMO, relais et
  animateurs : agents de terrain formés à la prévention des
  risques) et un réseau de ressources animé par les
  Bureaux Prévention. Les Directions les plus importantes ont
  leurs propres bureaux, les autres font appel à des bureaux
  mutualisés. Le réseau de ressources réunit des conseillers
  prévention, médecins du travail, hygiénistes, ergonomes… qui
  soutiennent les services dans la mise en œuvre de leur politique
  de maîtrise des risques. De plus, chaque Direction dispose d’un
  CHS (amené à se transformer en CHSCT au cours de l’année
  2011).
  Par ailleurs, au niveau central, la DRH comprend un Pôle Santé
  (service de santé au travail et bureau de prévention) qui
  coordonne cette politique et un CHS central qui pilote l’ensemble
  de la politique en santé-sécurité au travail de la Ville de
  Paris. Pour ma part, je dirige l’inspection hygiène et sécurité
  rattachée fonctionnellement au secrétariat général de la
  Ville : elle a pour vocation de contrôler la bonne mise en
  œuvre des politiques de prévention de l’ensemble des services. Le
  taux d’AT/MP de la Ville de Paris reste élevé malgré les mesures
  prises. Aussi, des inspecteurs se déplacent dans les services
  pour effectuer des vérifications périodiques des plans d’action.
  Quelles sont vos problématiques de
  prévention ?
  L’importance numérique de la Ville de Paris laisse imaginer que
  ses agents œuvrent dans un très grand nombre de fonctions. Les
  différentes Directions ne font vraiment pas le même métier et ne
  sont pas forcément exposées aux mêmes dangers ! Une
  politique commune de prévention des risques est donc complexe à
  mettre en place et d’ailleurs nous n’avons pas pris le problème
  dans ce sens-là : les plans d’action sont partis des
  Directions et vont, dans un second temps, être rassemblés dans un
  programme global (DU).
  Néanmoins, nous sommes confrontés, comme tout le secteur public,
  à un certain nombre de problématiques générales liées aux
  organisations du travail : responsabilisation de
  l’encadrement à la santé-sécurité au travail, réflexion sur les
  contraintes liées aux nouvelles technologies et aux nouveaux
  enjeux du management, vieillissement de la population, pénibilité
  des tâches et bien vieillir au travail.
  Que mettez-vous en place pour y
  pallier ?
  Nous avons agi dans plusieurs directions pour tenter de réduire
  l’exposition aux risques de nos agents. 
  Les risques psychosociaux, qui retiennent l’attention de toutes
  les organisations professionnelles, sont abordés depuis plusieurs
  années : nous avons pris des mesures concernant les
  violences sur la voie publique, l’agressivité des usagers, les
  violences internes, le stress… et une commission harcèlement
  soutient les difficultés de nos personnels. En outre, les
  fonctionnaires qui éprouvent des problèmes de souffrances au
  travail peuvent faire appel aux services de santé de la Ville (un
  psychologue du travail les accueille) et le service interne
  d’urgence psychologique peut intervenir sur le terrain en cas de
  grave souci.
  Les services de prévention de chaque Direction s’intéressent
  également au risque chimique : les données, centralisées,
  donnent ensuite lieu à des initiatives transversales. Enfin, tous
  les services travaillent à la mise en place du Document Unique
  depuis plusieurs années. Un programme d’actions global est
  actuellement en discussion avec les syndicats.
  La Ville souhaite rester dans cette dynamique de structuration de
  sa politique de prévention des risques. Ainsi, le dernier CHS, en
  novembre 2009, a présenté un plan d’action pluriannuel. Sa mise
  en œuvre sera l’occasion de discussions entre l’administration
  centrale de la Ville de Paris, les services et les partenaires
  sociaux. Ce plan rappelle les principes généraux, valeurs et
  objectifs que nous souhaitons appliquer, en totale cohérence avec
  le contexte national (accords de novembre 2009). La première
  partie de l’année 2011 sera consacrée aux négociations concernant
  la politique globale santé-travail (plusieurs volets :
  management et outils de santé-travail ; maîtrise des risques
  professionnels prioritaires – TMS, RPS, risques chimiques,
  risques liés aux situations de travail sur la voie publique,
  prévention des addictions…), les objectifs à atteindre et les
  moyens pour y arriver.
  Qu'est-ce que les accords de novembre 2009 vont changer
  pour vous ?
  Notre ampleur et notre importance stratégique ont imposé de nous
  organiser très tôt en matière de maîtrise des risques. Aussi, les
  valeurs fondamentales de ces accords ont déjà cours chez nous ou
  vont faire l’objet de discussions prochaines. Pour le reste, tels
  les CHSCT, nous allons bien évidemment nous conformer à ce qui
  sera décidé. Alors que nombre de collectivités se structurent,
  l’antériorité de notre organisation en matière de prévention nous
  permet de déjà fixer des objectifs quantitatifs de résultats (au
  regard de l’évaluation des actions menées par les réseaux).
  Nous travaillons à l’analyse des indicateurs à notre disposition,
  impliquant tous les niveaux de la hiérarchie dans une démarche
  commune et prônons le développement du dialogue social.
  De quelle manière Préventica peut-il s’inscrire dans ces
  futurs développements ?
  Une précision tout d’abord : j’ai connu l’événement en tant
  que Président de Respect et en 2011, c’est au nom de la Ville de
  Paris que je serai présent.
  Pour en revenir à mes fonctions : j’ai participé à la mise
  en place des services prévention de la Ville avant de répondre
  des missions d’inspection et, fort de cette expérience unique en
  France en terme de structuration d’une collectivité, je souhaite
  partager ce savoir-faire. En outre, je considère que Préventica
  est incontournable pour les préventeurs du privé comme du
  public : le Congrès/Salon regroupe les acteurs et les
  prestataires de tous les secteurs d’activité. Il est un lieu
  d’échanges exceptionnel. J’incite mes agents à y participer
  depuis plusieurs éditions connaître ce qui se fait ailleurs. Même
  si la prévention des risques est ancienne à la Ville de Paris,
  nous ne pouvons pas rester autocentrés : l’expérience des
  autres nous permet aussi de progresser.
  
 
                                         
             
             
             
             
             
                                     
                                     
            