Vous avez réalisé une étude sur des conducteurs d’engins
de manutention afin de mesurer les effets des vibrations sur leur
corps. Pourquoi et comment avez-vous mené cette étude
?
Sur le territoire couvert par l’ACMS, nous suivons beaucoup
d’entreprises dans le secteur de la logistique et nous avons pu
constater que le risque vibrations était mal connu et sous-évalué
par les employeurs et leurs salariés
De 2012 à 2016, nous avons donc mené une campagne de mesurage
avec des instruments métrologiques spécifiques afin d’identifier
précisément l’exposition des conducteurs d’engins de manutention
aux vibrations. Cette campagne a été réalisée dans quinze
entrepôts logistiques de Seine-et-Marne, de différents secteurs
d'activité, sur soixante douze engins (chariots frontaux et
transpalettes à conducteur porté).
Sur l’ensemble des mesures réalisées, nous avons constaté que la
moitié d’entre elles dépassaient la valeur d’exposition
journalière déclenchant l’action de prévention de 0,5 m/s2.
Nous avons présenté ces résultats aux entreprises et leur avons
proposé des recommandations pour mieux prévenir le risque
vibratoire.
Ces recommandations se déploient autour de 4 axes : le matériel,
l’environnement de travail, l’organisation du travail et
l’attitude du conducteur.
Un an après cette première phase d’enquête, vous êtes
revenus dans ces entreprises. Quelles améliorations ont été
apportées ?
Effectivement, nous sommes revenus dans ces entreprises pour
suivre la gestion du risque vibratoire. Nous avons interrogé à la
fois les salariés et les employeurs. Les salariés ont progressé
sur leur maîtrise du matériel, en sachant désormais mieux régler
leur siège et signaler les anomalies de fonctionnement.
Néanmoins, ils connaissent encore mal les effets des vibrations
sur leur santé.
Du côté des employeurs, ceux-ci ont mis en place un certain
nombre d'actions de prévention : remplacement des équipements
désuets, maintenance préventive, réduction de vitesse des engins…
En revanche, des efforts restent à faire en matière
d'organisation du travail et de sensibilisation des salariés au
risque vibratoire
Cette enquête a abouti à la création d’un module de
formation spécifique au risque vibratoire. En quoi consiste-t-il
?
Pour répondre aux besoins d’information des salariés et à la
demande des employeurs, nous avons élaboré un module
d’information alliant théorie et pratique. Sur la partie
théorie, nous exposons ce qui concerne le fonctionnement du
corps, les mesurages, la réglementation. Pour la pratique, nous
allons sur le terrain, au poste de conduite pour montrer comment
régler le siège. Nous réalisons également des mesures en live sur
le conducteur : une première fois, lorsqu’il réalise son travail
de manière habituelle et une deuxième fois en prenant en compte
les bonnes pratiques de prévention. Cela permet d’évaluer
objectivement leur intérêt.
Salariés et managers comprennent mieux alors qu’appliquer les
bons gestes ne prend pas forcément plus de temps mais permet
vraiment de prévenir les effets sur la santé.
