Que nous dit ce nouveau baromètre « La santé des
dirigeants des TPE/PME à l’épreuve de la crise » par rapport à
celui de 2016 ?
Le baromètre avait pour but d’analyser l’impact de la crise
Covid-19 sur la santé des dirigeants, sur l’activité de leur
entreprise et sur leur confiance en l’avenir.
Nous notons toujours ce trait caractéristique des dirigeants :
quand nous leur demandons s’ils ont l’impression d’être en bonne
santé, ils sont nombreux à nous dire que oui, à nous dire qu’ils
font ce qu’il faut pour avoir un mode de vie sain. Mais quand
nous observons attentivement certains indicateurs, nous voyons
que la réalité est plus nuancée.
Par exemple, ils sont plus nombreux à fumer qu’en 2016. 32% des
dirigeants des entreprises de moins de 150 salariés nous disent
fumer, contre 24% en 2016. C’est huit points de hausse. A titre
de comparaison, 23 % des salariés du secteur privé sont
fumeurs. Les dirigeants sont aussi 17% à nous dire
consommer de l’alcool tous les jours ou presque, contre seulement
7% chez les salariés.
D’autres indicateurs soulignent ce paradoxe. Les dirigeants sont
peu nombreux à avoir consulter un médecin généraliste. 1
dirigeant sur 10 en 2020, alors que nous sommes à 35% pour les
salariés !
Ces constats sont-ils généralisés ?
Nous constatons que la crise a des impacts différenciés selon les
secteurs d’activité. C’est en partie lié au contexte économique,
au changement de rythme, à la visibilité qu’ont les dirigeants,
mais aussi aux spécificités de chaque secteur. Dans l’industrie
par exemple, les dirigeants se jugent en moins bonne santé que la
moyenne.
Dans le BTP où l’activité est stable, c’est plutôt l’inverse.
Le contexte économique a de nombreux impacts sur les dirigeants
qui vivent au rythme de leur activité, au rythme des difficultés
de leurs clients, de leurs fournisseurs, avec un impact évident
sur leur état de santé physique et morale.
Vous mesurez aussi le regard des dirigeants sur la santé
de leurs salariés ?
Les dirigeants sont plus nombreux à être convaincus que la santé
de leurs salariés et la performance de leur entreprise sont
étroitement liées. Ils étaient 62% « Tout à fait d’accord avec
cette idée » en 2016 et sont 78% en 2021.
Le premier enjeu en matière de performance sociale est, selon
eux, la santé et qualité de vie au travail, suivi du recrutement
et de la fidélisation des talents.
Qu’est-ce que Malakoff Humanis appelle « performance
sociale » ?
La performance sociale c’est l’efficacité des actions qui sont
mises en œuvre pour protéger et développer le capital humain dans
les entreprises. Elle constitue le volet social de la
responsabilité sociétale des entreprises. C’est un fil directeur
extrêmement puissant, un des enjeux de la performance
économique.
Nous avons construit un indice qui permet de mesurer les efforts
que font les entreprises en matière de protection et
développement de leur capital humain, ainsi que l’impact de ces
efforts sur leur performance économique. Nous le déploierons
prochainement et il permettra de montrer que les entreprises qui
ont un bon indice de performance sociale ont une performance
économique plus élevée que les autres, jusqu’à 10 points de
plus.
Vous avez aussi lancé un Lab social. De quoi s’agit-il
?
Chez Malakoff Humanis nous avons fait le pari de l’intelligence
collective. Nous étudions, avec nos clients, et avec des experts,
les mouvements de fond qui changent profondément l’organisation
du travail. Avec le Lab Social, nous lançons une démarche
d’innovation ouverte dont le but est d’imaginer des solutions qui
ont un impact positif pour la société, pour les entreprises et
leurs parties prenantes. Nous voulons, avec ce lab, mobiliser les
dirigeants mais aussi les représentants des salariés, et
contribuer ainsi à enrichir le dialogue social.
Le lab social a vocation à traiter un grand nombre de sujets qui
tels que la santé au travail, l’absentéisme, la transformation
digitale, ou l’allongement de la durée de vie professionnelle,
qui a été le retenu pour la première réunion du Lab.
Le Lab se déplacera dans les régions et nous commençons par la
région PACA avec cette première thématique. Nous avons mené trois
ateliers de deux journées pour identifier les sujets sur lesquels
il est prioritaire de travailler.
Quatre groupes travaillent en parallèle et génèrent entre deux et
trois concepts par groupe. Puis il y a un vote pour sélectionner
des concepts et enfin un jury va choisir un ou deux projets à
prototyper et à industrialiser.
Ce qui est intéressant dans ce lab, c’est la co-construction et
la concrétisation. Nous nous donnons les moyens d ‘aller au bout,
de construire des solutions avec un modèle économique, et avec
des réseaux d’acteurs, qui vont porter cette solution sur le
marché.
Nous sommes dans une logique d’impact sociétal, nous souhaitons
contribuer, à notre niveau, à une forme de progrès social.
Et pour cela, les projets se multiplient chez Malakoff
Humanis…
Oui ! Nous lançons aussi un comité de santé au travail en
partenariat avec la Fédération des TPE de France. L’objectif de
ce comité est d’accompagner les dirigeants de TPE dans la
maîtrise des enjeux liés à la santé au travail.
Nous avons aussi publié un livre « Innovez et décrochez la lune –
Guide à l’usage des entreprises » pour permettre aux entreprises
d’appréhender facilement la démarche innovation. En discutant
avec les dirigeants, nous avons noté combien ce sujet est crucial
pour eux. Ils se posent de nombreuses questions sur la
manière de faire, sur les compétences nécessaires … Questions
auxquelles nous espérons avoir répondu avec ce guide très
pratique, conçu comme une boîte à outils, et qui va s’étoffer au
fil de l’eau.
