Tout d’abord, quelle est la définition exacte du
surprésentéisme ?
Revenons tout d’abord sur la notion de présentéisme, qui peut
être définie par le seul fait d’être présent à son poste de
travail en opposition à l’absentéisme.
Néanmoins, le présentéisme peut comporter des connotations
négatives : présentéisme contemplatif, stratégique,
sous-productif voire illégal
Le surprésentéisme qualifie le comportement d’un travailleur qui
travaille alors que son état de santé aurait nécessité un arrêt
maladie. On peut définir divers types de surprésentéisme, selon
sa nature, ses manifestations ou ses degrés.
Comment en êtes-vous venu à vous intéresser au
surprésentéisme ?
C’est au cours de mes travaux sur l’absentéisme que j’ai pu
appréhender ce sujet, typiquement symbolisé par l’expression
« je ne peux pas me permettre de m’arrêter ». J’ai
alors découvert un phénomène peu étudié et mal connu mais d’une
ampleur inquiétante et touchant aussi bien les cadres que les
travailleurs les plus précaires. Autant nous disposons de données
sur l’absentéisme, autant le surprésentéisme n’est jamais mesuré
dans les enquêtes de climat interne par exemple.
Selon une enquête menée en 2010 il toucherait pourtant 48% de la
population active en France. Selon mes propres estimations, ce
taux s’élèverait plutôt à 55%
Quelles sont les principales causes du
suprésentéisme ?
Les causes sont nombreuses et variées. La conjoncture actuelle
contribue indéniablement à accentuer le phénomène.
Selon les populations, les explications sont différentes :
- le travailleur indépendant ou le commerçant craint une perte de chiffre d’affaires
- le cadre craint de dévaloriser son image et de ne plus être un modèle d’exemplarité
- le travailleur précaire, en CDD ou intérim, redoute la perte financière ou de ne pas être reconduit dans son emploi
Le surprésentéisme, c’est pourtant plutôt une bonne chose
pour les employeurs ?
Les études médicales pointent les risques à moyen et long terme
d’une présence abusive à son poste de travail, risques pour le
salarié lui-même mais aussi pour l’entreprise.
Parmi les conséquences les plus notables on peut citer la baisse
de la qualité du travail, le risque d’accident dû à des troubles
de mémoire et de concentration et plus dramatique encore
l’aggravation de la maladie et le risque de burn-out.
Le surprésentéisme est un facteur d’absentéisme à moyen
terme.
En savoir plus
- Le surprésentéisme, travailler malgré la maladie par Denis Monneuse -