En quoi la loi portant réforme des retraites de 2010
a-t-elle eu un impact sur la prévention en
entreprise?
Un important volet de cette loi est consacré à la pénibilité au
travail, avec un dispositif de départ possible en retraite
anticipée sous certaines conditions bien précises. Mais le
législateur a fait beaucoup plus que définir ces conditions de
départ, il a impacté profondément les politiques de santé et
sécurité au travail dans les entreprises en les obligeant à
mettre en place des démarches de prévention de la pénibilité.
Cette décision a été fondée sur deux constats :
- l’augmentation exponentielle du nombre de déclarations de maladies professionnelles, qui ont été multipliées par 2 en 10 ans et ont entraîné un déficit record de la branche AT-MP de l’Assurance Maladie
- un départ en retraite à un âge plus avancé nécessite de mettre en place les conditions nécessaires pour que les salariés puissent être en mesure de travailler plus longtemps en bonne santé
Qu’a prévu la réglementation en termes de prévention de
la pénibilité ?
La réglementation a induit en premier lieu l’obligation de
prévenir, puis en second lieu de tracer l’exposition à certains
facteurs de risques dits pénibles et qui sont potentiellement
impliqués dans la survenance de maladies professionnelles.
Ces risques, au nombre de dix, ont été définis par le décret du
30 mars 2011 :
- le bruit
- les vibrations mécaniques
- les agents chimiques dangereux (ACD)
- le travail répétitif
- les postures pénibles
- les manutentions manuelles de charges
- le travail de nuit
- les températures extrêmes
- les équipes successives alternantes
- les activités en milieu hyperbare
Les entreprises sont dans l’obligation de négocier un accord d’entreprise ou d’adopter un plan de prévention de la pénibilité si elles emploient au moins 50 salariés ou font partie d’un groupe dont l’effectif est supérieur ou égal à 50 et si au moins 50% de leurs salariés sont exposés à un ou plusieurs des risques professionnels définis par ce décret.
Pour nous, l’enjeu est la prévention des maladies professionnelles. A ce titre, ces modifications réglementaires auront un impact aussi important et durable dans les entreprises que la création du Document Unique en 2001.
Concrètement, que doit faire
l’employeur ?
Pour chacun de ses salariés potentiellement exposé à au moins un
facteur de pénibilité, l’employeur a l’obligation de prévenir
cette exposition et, pour ceux qui restent exposés, d’établir une
fiche de prévention retraçant l’historique de l’exposition et les
mesures en place pour en prévenir les effets. La difficulté tient
au fait que le législateur n’a pas défini les seuils d’exposition
au delà desquels le risque était avéré. C’est donc à l’employeur
de fixer la limite pour chaque facteur de risque entre ce qui est
pénible et non pénible.
Bureau Veritas s’est donc positionné en tant que conseil
dans le domaine de la pénibilité au travail ?
Bureau Veritas est un spécialiste de la réglementation et de la
normalisation et est un acteur de référence dans le domaine de la
santé et de la sécurité au travail. Il était donc naturel que
nous proposions à nos clients de les aider dans leur démarche de
diagnostic et de prévention de l’exposition des salariés aux
facteurs de risque.
Nous avons donc défini des seuils objectifs pour chaque facteur
de risque, en fonction de la réglementation, des normes
existantes et des études des organismes de prévention. Nous avons
en France 160 consultants formés à cette démarche de diagnostic
et avons en cours ou achevé plus de 100 missions depuis septembre
2011.
La prévention de la pénibilité peut avoir un impact sur le
Document Unique et nous accompagnons également nos clients dans
l’intégration de la pénibilité dans ce document.
Nous faisons également de la formation et de l’information auprès
des équipes managériales ou des CHSCT.
Enfin, peu d’entreprises le savent mais un Fonds National de
Prévention de la pénibilité de 20 millions d’euros a été créé
afin d’apporter des aides financières aux entreprises sur toute
la partie audit et diagnostic. Nous les accompagnons dans la
constitution de dossiers de financement.
Les aides peuvent se monter jusqu’à 100 000€ par entreprise mais
les dossiers doivent avoir été déposés avant le 2 septembre 2013.
Au delà, il n’y aura plus aucune possibilité d’aide.
Pensez-vous que cette loi sera modifiée dans les mois à
venir ?
Il est peu probable qu’il y ait, à ce stade, des modifications
sur la loi. A l’avenir, les tribunaux seront sans doute saisis
pour se prononcer sur la validité des seuils de risques qui
auront été définis dans les entreprises.
Pour en savoir plus
- Site internet de Bureau Veritas
http://www.bureauveritas.fr/wps/wcm/connect/bv_fr/local/services%20sheet/Penibilite%20au%20travail
- LOI n° 2010-1330 du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites
- DECRET no 2011-354 du 30 mars 2011 relatif à la définition des facteurs de risques professionnels + doc à télécharger
- CIRCULAIRE N° DSS/SD2/2011/151 du 18 avril 2011 relative à la mise en oeuvre de laretraite à raison de la pénibilité
- FONDS NATIONAL DE PREVENTION DE LA PENIBILITE :
-
- Décret n° 2011-1969 du 26 décembre 2011 relatif au Fonds national de soutien relatif à la pénibilité
- Cahier des charges de l’appel à projet
- Dossier de demande de subvention
- Site internet du Ministère du travail, de l’emploi, de la
formation professionnelle et du dialogue social
http://www.travailler-mieux.gouv.fr/Prevention-de-la-penibilite.html