Le secteur des services à la personne connaît une forte
croissance avec le vieillissement de la population. En quoi la
qualité est-elle au centre des préoccupations ?
Effectivement c'est un secteur qui présente de nombreuses
problématiques d'emploi et de conditions de travail. La qualité
du service aux bénéficiaires ne peut s'améliorer que si une
réflexion générale est menée sur l'organisation du travail au
sein des structures de services à la personne.
Nous avons assisté ces dernières années à une multiplication des
labels, certifications et autres agréments sur la qualité de
service. Si ces démarches ont permis d'améliorer notablement la
production du service lui-même, peu d’impacts positifs sur les
conditions de travail ont été constatés. Le secteur des services
à la personne connaît des problèmes d'attractivité et de
fidélisation, sa sinistralité est équivalente au BTP. Il y a
urgence à travailler sur la qualité du travail.
Vous défendez l'idée de refaire le lien entre qualité de
service et qualité du travail ?
Les conditions de travail des salariés dans le secteur des
services à la personne sont très particulières et incompatibles
avec la notion d'un service standard. Chaque lieu de travail est
différent, chaque bénéficiaire est différent, les exigences
physiques et psychiques des missions sont pesantes.
La question centrale est donc bien de travailler sur
l'organisation à mettre en place pour soutenir ce travail.
J'ai pour ma part déterminé trois leviers à actionner pour
améliorer la qualité du service dans les activités de services à
la personne.
Quels sont ces trois axes de progrès ?
En premier lieu, la reconnaissance de la réalité du travail
effectué, dans toutes ses dimensions. Des conditions de travail
difficiles, la pression psychologique forte, des contraintes
temporelles élevées, faire face à la souffrance des personnes
âgées, tout cela est extrêmement épuisant. L'organisation du
travail doit être présente pour soutenir les salariés. Ainsi, se
retrouver pour parler, partager leurs expériences et trouver
ensemble des solutions, c'est bénéfique pour les salariés, les
bénéficiaires et l'entreprise dans son ensemble.
Ensuite, le rôle du management intermédiaire a souvent été
négligé dans les structures d'aide à la personne. Sa place est
pourtant essentielle pour définir et suivre les missions, jouer
un rôle de courroie de transmission et de modérateur entre le
bénéficiaire et le salarié et garantir les ressources mises à
disposition des aides à domicile pour effectuer leur travail.
Enfin, il faut favoriser la coopération entre les différents
services d’aide et de soin qui interviennent au domicile des
personnes âgées dépendantes. Des expérimentations ont ainsi été
menées sur la création de binômes aide soignante/aide à domicile.
Les résultats en sont très positifs tant pour les bénéficiaires
que pour les salariés qui gagnent en partage des compétences,
réduction de la pénibilité et même d'évolution professionnelle.
En savoir plus
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La qualité des services à la personne. Le
travail au cœur de l'innovation
organisationnelle, par Nadia Rahou
Editions ANACT, novembre 2013