Pouvez-vous me parler de ce projet que vous avez mis en place au
début de la crise sanitaire ?
Le projet « coach me confiné » est une déclinaison de nos actions
Qualité de vie au travail, pendant la crise pour répondre à deux
enjeux. D’abord prévenir les risques physiques mais aussi
psychologiques et ensuite parvenir à ne pas perdre le lien et
garder la cohésion d’équipe. Pour ce faire, nous avons cherché à
adapter des choses qui existaient déjà chez nous.
Par quoi avez-vous commencé ?
Nous avons d’abord mis en œuvre nos principes de prévention des
risques, c’est-à-dire : anticiper les besoins. Ainsi, nous
n’avons jamais manqué de masques, de gel, de blouses… Pour
l’anecdote, à un moment, nous n’avions plus de contenant pour le
gel. Nous sommes donc allés acheter des flacons-poussoirs chez
Ikea et nous avons rempli des centaines de bidons pour que tout
le monde puisse avoir du gel à disposition.
Mais nous étions aussi attentifs à la santé psychologique des
agents. D’abord en ciblant les personnes à risque, notamment les
personnes en situation d’addictions qui étaient déjà suivies par
notre service de médecine. Puis en donnant des outils pour
maintenir le lien et la santé psychologique.
Votre fameux dispositif « Coach me » ?
Antérieur à la crise sanitaire, le dispositif « Coach me »
mobilise des « coachs internes », des agents qui ont des talents,
comme la méditation, le sport, etc, et qui les mettent au profit
de leurs collègues. D’habitude nous organisons des ateliers entre
midi et deux. Là, pour s’adapter au confinement il y a eu des
vidéos de coaching sportif, des animations pour les enfants, des
conseils pour gérer son budget, pour prévenir les TMS….
Avec les bonnes volontés de nos coach internes nous avons pu
maintenir une dynamique QVT à une période où nous aurions pu être
isolés les uns des autres.
Vous avez aussi développé des actions nouvelles pendant
ce confinement.
Nous avons proposé un programme de cohésion entre collègues qui
contient notamment des conseils pratiques pour les réunions en
visio, d’autres pour garder de l’informel même à distance mais
aussi des actions de cohésion qui peuvent se faire à
distance.
Enfin, nous avons aussi proposé, avec l’appui de notre
psychologue du travail, des temps qui permettaient de partager,
d’échanger. Le confinement était une période sur laquelle nous ne
pouvions pas agir. Notre levier était donc d’en parler.
Nous avons mis en place un numéro vert pour nos agents mais aussi
des espaces de paroles pour échanger en collectif, des ressources
avec des fiches pratiques pour bien vivre la période et des
formations sur des temps très courts pour savoir comment bien
télétravailler.
Concrètement comment ces programmes se sont traduits dans
le quotidien des agents ?
Au début de chaque visio, un brise-glace a été mis en place. Les
managers ont également beaucoup utilisé le « niko-niko », la
météo du jour qui permet à chacun de s’exprimer, de dire comment
il va. Les managers pouvaient ainsi être en alerte et désamorcer
les situations difficiles.
Nous avons aussi la direction de la petite enfance, par exemple,
qui, à Noël, a créé son calendrier. Chaque crèche devait proposer
une page du calendrier 2021, se prendre en photo, faire un
montage, etc et maintenant dans chaque crèche, il y a ce
calendrier qui a été co-construit à distance.
Comment ces pratiques ont-elles perduré après le
déconfinement ?
Il a fallu recréer du lien après la crise. Ceux qui travaillaient
sur site disaient que les télétravailleurs ne faisaient rien, les
télétravailleurs eux avaient le sentiment de ne pas lever la tête
de leur ordinateur, alors que ceux qui n’ont pas pu travailler du
tout exprimaient ne pas avoir choisi cette condition. Ces
situations ont pu être désamorcées parce qu’il y a eu des espaces
d’échange au retour de la crise. Il y a maintenant un besoin de
recréer du lien.
Aujourd’hui toutes les visio commencent par des brise-glaces et
se terminent par un temps informel. Chacun s’est saisi de ce qui
pouvait l’intéresser, ce qui pouvait lui être utile. Les managers
y ont trouvé leur compte parce que cela leur a donné des outils
pour adapter leurs techniques managériales.
Quelle conclusion tirez-vous de cette crise
?
Cette crise a permis de conforter notre politique QVT, d’infuser
tous nos concepts - de la prévention des risques à la cohésion.
Nous avons l’habitude de représenter la QVT comme une pyramide,
la crise a permis à tout le monde de bien appréhender ça.
Pour la petite anecdote, avant le confinement, nous avons
commencé à nous préparer. On nous a dit « vous psychotez, vous en
faites toujours trop », mais après ils étaient bien contents !
C’est tout le concept de la prévention. Ça ne sert pas, jusqu’au
moment où ça sert.
Pendant le confinement, nous n’avons pas que solutionné des
problèmes, nous avons surtout fait de la prévention pour que les
agents ne soient pas en mal-être.