Existe t’il une différence de traitement entre emploi
féminin et emploi masculin en termes de prévention
?
Très clairement oui. La prévention et la prise en
charge de la santé sécurité au travail en France s’est construite
sur un modèle après-guerre imaginé par les hommes pour les
hommes.
Dans le secteur des services à la personne tout particulièrement,
ces emplois essentiellement occupés par des femmes sont
identifiés par le grand public et certains professionnels de la
prévention comme non pénibles. Dans la conscience collective
partagée, ces emplois peu qualifiés (notons tout de même que les
auxiliaires de vie ont un diplôme d’Etat) et à la portée de tous
ne peuvent pas avoir d’impact sur la santé physique et
mentale de ceux qui les occupent. Or la réalité est toute autre.
Quels sont les facteurs de pénibilité inhérents aux
emplois de service à la personne ?
L’une des grandes
difficultés de ces emplois tient à l’adaptation permanente qu’ils
nécessitent. En effet, les salariés interviennent aux domiciles
des particuliers, avec des contextes de travail à chaque fois
différents. Dans une journée, une salariée peut ainsi intervenir
dans 8 environnements différents, avec également 8 bénéficiaires
différents ayant chacun leur personnalité et leurs exigences.
Cela nécessite à chaque fois un gros effort d’adaptation à
l’environnement et à la personne et une forte fatigue cognitive.
Lorsque l’on entend certains organismes sociaux et financeurs
demander de réduire les temps d’intervention à 30 minutes,
c’est n’accorder aucune attention au bien-être des salariés.
Quelles solutions peut-on mettre en œuvre pour prévenir
cette pénibilité ?
Comme indiqué plus haut, la première des mesures c’est de
préserver un temps d’intervention d’au minimum 1 heure.
Je ne peux détailler toutes les mesures concrètes que nous
prenons au sein de notre association, car la lutte contre la
pénibilité est faite de la prise en compte de multiples détails.
Ainsi, par exemple, nous avons travaillé sur la prise en compte
des autres acteurs qui peuvent être présents dans l’environnement
de travail, à savoir les chiens. Nous avons donc organisé des
séances de formation avec des comportementalistes canins pour
donner des réponses pratico-pratiques face à l’animal souvent
présent au domicile des personnes âgées.
Autre exemple, nous avons mis en place un partenariat avec
l’Ecole d’Ostéopathie Européenne de Strasbourg pour que nos
salariés puissent bénéficier gratuitement de soins.
Il faudrait également pouvoir développer la pratique de
l’activité physique en prévention, comme les policiers nationaux
qui bénéficient de 2h d’activité physique par semaine, mais pour
cela, une structure à but non lucratif comme la nôtre manque
encore de moyens.