Qu’est-ce qui vous a poussé à créer ces groupes de
méditation ?
Le docteur Sixou et moi-même avions déjà une grande expérience
personnelle de la méditation. C’est également un sujet qui a
marqué mes études, car je m’intéressais alors déjà aux apports de
la médiation mindfulness (ndlr : pleine conscience) pour les
soignants. En 2016, en constatant les bénéfices de la méditation
sur notre propre gestion du stress, nous avons commencé à en
parler à nos collègues. Ceux-ci étaient très motivés, et la
demande de formations autour de la méditation pour soignants
s’est faite de plus en plus forte. Progressivement, nous nous
sommes ouverts à tout le personnel de l’hôpital, soignant comme
administratif, qui compte près de 1500 personnes au total. Nous
ne faisons pas de distinction entre les fonctions, tout le monde
peut avoir accès nos groupes de méditation. Et cela a bien
marché, car nous sommes à deux groupes par an, d’une quarantaine
de personnes, et la liste d’attente reste assez importante.
Actuellement, nous avons formé un peu plus de 10% du personnel de
l’établissement. Le covid a un peu ralenti nos activités, mais
nous espérons reprendre normalement à partir de septembre
prochain.
Comment se présentent-ils concrètement ?
Nous avons nommé notre formation MBT, pour Mindfulness Basic
Training. Ce sont des groupes qui se réunissent entre 11h et 13h,
en dehors des horaires de travail. Ils s’organisent en cinq
séances mensuelles de 2h. Lors de ces séances, nous abordons les
bases de la méditation, le suivi de la pratique à la maison, les
apports dans le travail… mais nous travaillons également sur
l’exposition aux problèmes, et autour des valeurs. Cela dépasse
la simple gestion du stress.
Quels sont les retours ?
Nous avons d’excellents retours de la part de ceux qui ont
participé. Cela se concrétise par un bouche-à-oreille très
efficace, qui fait grandir nos groupes. D’une façon assez
inattendue, en plus des constats d’efficacité pour la gestion
personnelle du stress, nous constatons un effet de diffusion dans
les services. Il y a une meilleure gestion globale de la
violence, même dans les services qui ne comportent qu’une ou deux
personnes ayant suivi notre formation. Nous sommes donc très
heureux de voir qu’il y a un vrai résultat, même dans les
services où tout le monde n’est pas formé. Il suffit d’une ou
deux personnes pour enclencher une désescalade efficace. En 2018,
nous avons également reçu le prix coup de cœur du Prix de
l’Innovation en Ressources Humaines de la Fédération Hospitalière
de France (FHF) pour notre programme, au titre de son inscription
dans la démarche de prévention des RPS.
Votre projet peut-il s’exporter à d’autres structures
?
Oui, c’est un format complètement transposable dans d’autres
sphères du monde du travail. Pour notre part, nous avons plutôt
une population soignante, donc nous adaptons un peu notre
discours à cette situation. Mais l’intégration des employés de
l’administration montre que l’on peut vraiment appliquer ces
méthodes de façon universelle. La base reste la même, et les
détails techniques sont facilement adaptables, avec les mêmes
bénéfices.
Pour ceux qui souhaiteraient intégrer ces formations à leur
structure, beaucoup de coachs proposent aujourd’hui leurs
services pour la méditation. Mais il est vrai que les niveaux
d’expertise sont très variables, puisqu’il n’y a pas vraiment
d’homologation officielle. C’est pour cela que nous avons mis en
place les diplômes universitaires de mindfulness. Le but est de
pouvoir donner un diplôme à des personnes en sachant qu’elles ont
un minimum de connaissance sur la méditation et comment mettre en
place des groupes, pour une meilleure intégration dans leurs
milieux de travail respectifs. Mais s’il y a la moindre question,
il ne faut pas hésiter à contacter notre hôpital pour que je
donne plus d’informations à titre individuel.
La méditation peut être bénéfique à tous dans le monde du travail
Depuis 2016, Marine Colombel et Jean Sixou animent des groupes de méditation destinés aux équipes de l'EPS Barthélémy-Durand. Conçus comme des formations pour le bien-être et la gestion du stress au travail, ces groupes connaissent un franc succès et pourraient bien servir de modèle à de nombreuses structures. Leur cocréatrice, Marine Colombel, revient sur cette expérience.

Marine COLOMBEL
Praticien hospitalier en psychiatrie (Professeur au D.U. Mindfulness à l’Université Paris-Saclay.)
L’eps Bathélémy-Durand D'étampes
- 01/03/2021