Pourquoi avoir fondé Air Process Management ? Quel était
le constat initial ?
En tant que pilotes, nous sommes souvent sollicités en ce qui
concerne la sécurité. De plus, j’ai moi-même une expérience en
tant qu’instructeur sur simulateur, qui m’a permis de créer un
contact avec plusieurs entreprises. Au fur et à mesure, j’ai pu
constater que de nombreux exemples spécifiques à l’aérien se
transposaient très bien à d’autres domaines, qui pouvaient
bénéficier de notre approche. De là est née l’idée d’Air Process
Management. Beaucoup de process actifs issus de l’aérien sont
déjà utilisés dans de nombreux domaines, notamment dans le
médical, mais nous voyons émerger un intérêt pour la culture de
l’aérien ; là est la nouveauté.
Quelles sont les spécificités du secteur aérien pour la
prévention des risques ?
En premier lieu, il y a donc une culture particulière. Celle-ci
est plutôt anglo-saxonne, mais arrive peu à peu en France. Cette
philosophie d’entreprise repose d’abord sur le principe d’un
système de retour d’expériences performant. L’idée étant de ne
pas attendre l’incident pour se remettre en question et réagir.
Cela demande d’utiliser au quotidien l’erreur comme un motif de
progression, et non de punition. Quand une erreur non volontaire
est commise, vous devez vous-même savoir ce que celle-ci peut
apporter et la partager, de manière anonyme le plus souvent. Le
processus peut alors être enclenché, les rapports sont liés,
partagés avec tout le monde afin que l’organisation puisse s’en
inspirer. Ensuite, des formations à thèmes peuvent être conduites
pour palier à cette erreur. Bien entendu, cela ne veut pas dire
tout laisser passer ; la sanction reste présente s’il s’agit d’un
acte délibéré. Mais si cette culture est acceptée par les
dirigeants et les salariés, l’erreur peut devenir une base de
travail.
Nous sommes également exposés aux risques en bout de chaîne, dans
un environnement où tout va littéralement à 1000 à l’heure. Nous
ne pouvons tout simplement pas appuyer sur pause pour souffler.
C’est pourquoi nous avons des process ultras efficaces. Par
exemple, l’apprentissage d’acronymes nous permet de résumer de
façon claire, complète et précise une situation grave en
seulement 40 secondes, afin de choisir les meilleures solutions
le plus rapidement possible. Donc cette culture passe aussi par
un lexique, un langage, qui permet d’être plus efficaces. Comme
dans d’autres secteurs, la sécurité est impérative dans l’aérien.
Et ces process, associés à un reporting constant, nous permettent
de ne laisser passer aucune petite erreur qui pourrait grandir
avec le temps.
Comment vos méthodes se transposent-elles aux autres
secteurs ?
De nombreux dirigeants sont en demande, notamment pour la gestion
du risque réactif. Les secteurs les plus réceptifs sont ceux du
transport ; qu’il soit ferroviaire, maritime, ou encore du
transport en commun. Ils partagent la même logique que nous, avec
un risque actif en déplacement, donc le parallèle est facilement
établi. Pour les autres entreprises, il faut d’abord sonder la
structure, pour identifier ces besoins et réagir en fonction.
Nous nous intéressons vraiment à l’interaction entre l’humain et
son environnement, donc nous partons de modèles théoriques pour
nous plonger dans l’entreprise et identifier les risques des
interfaces et des procédures. Cela étant, il n’y a pas de règle
générale, l’action menée dépend vraiment des organisations.
Actuellement, quels sont vos projets ?
Pour le moment, nous sommes en phase de développement. Nous
avançons étape par étape, en cherchant à nous approcher
d’entreprises de secteurs variés. Un des objectifs, à terme,
serait peut-être de développer des solutions informatisées
labellisées Air Process Management afin d’aider les entreprises
dans l’ergonomie de la gestion des risques au quotidien.
Mais nous ne cherchons pas à faire seulement de l’intervention et
du conseil. Nous sommes également prêts à animer des conférences
sur la gestion des risques et à échanger avec différents
domaines, afin de collaborer et de nous nourrir de leurs
expériences.