Universitaire et éditeur, professeur de
droit du danger à Bordeaux et Paris, Hubert Seillan développe
pour Préventica les nouveaux enjeux de la sûreté-sécurité pour
les entreprises françaises, indissociables d’une démarche de
management global. Cette problématique fera l’objet d’une
conférence intitulée « Les entreprises et collectivités face
aux risques et aux menaces » sur Prévent’Ouest.
Les questions de sûreté deviennent incontournables dans
les entreprises comme nous l’ont encore prouvé les récents
événements très médiatiques de malveillance dans un grand groupe
français. Spécialiste du sujet, vous avez choisi de les
développer pour les visiteurs de Prévent’Ouest. Quels sont les
enjeux d’un tel sujet ?
L'actualité est suffisamment riche (Renault, Areva, AZF) pour
montrer que les entreprises sont confrontées à des menaces de
nature intentionnelles. Les enjeux de la sûreté doivent être pris
en compte par les entreprises et collectivités. Si les pouvoirs
publics ont, certes, un rôle à jouer, il est également de la
responsabilité des entreprises, privées comme publiques, de
maîtriser ces risques.
Elles doivent apprendre à les intégrer, comme tout autre danger
menaçant les salariés, dans un système de management
global : l’heure n’est plus à la séparation des questions de
santé et de sûreté des travailleurs. Les enjeux sont
énormes ; il en va de la survie de l’entreprise.
Quel sera le message de votre
conférence ?
Mon propos, lors de cette intervention, est d’amener les
organisations à se poser les bonnes questions, préalables
indispensables à la mise en place de procédures de
sûreté-sécurité : « est-ce que j’ai la maitrise de mon
fonctionnement ? » « Est-ce que je suis capable
d’opposer la résistance adéquate aux menaces internes et externes
qui peuvent causer des dommages à mon
entreprise ? »
Juriste de métier, j’aborde la sécurité au travers de trois
paramètres, fils rouge de l’ensemble de mes interventions. Je
m’attache, en premier lieu, à une exposition claire des termes de
la loi (la santé-sécurité est un enjeu fortement judiciarisé).
Par ailleurs, je veux montrer que la sécurité n’est plus
seulement un domaine d’experts, mais concerne, en premier lieu,
les responsables des entreprises et des organisations. Les
questions de sûreté-sécurité doivent être envisagées dans une
démarche de management global. Enfin, mon troisième axe
d’intervention concerne la capacité collective, c'est à dire
méthodologique, nécessaire au développement d’une démarche
d’évaluation des risques cohérente. Cette démarche globale sera
présentée à partir de cas et avec l'appui d'un très grand
spécialiste des questions de sûreté, le commissaire divisionnaire
Éric Chalumeau.
À qui s’adresse cette conférence ?
À tout le monde ! Est-ce qu’aujourd’hui un chef d’entreprise
peut raisonnablement déclarer, à ses associés, ses actionnaires
ou ses salariés, ne pas être responsable des agressions venant de
l’extérieur ? Peut-il justifier de mauvaises affaires par un
vol de données ou informations sensibles ? Si les
entreprises ont une obligation de sécurité vis-à-vis de leurs
collaborateurs, elles ont aussi une obligation de sûreté. La loi
du 14 mars 2011 va d’ailleurs dans ce sens en clarifiant
l’organisation de cette dernière dans les organisations et en
développant la question de la sécurité (elle sera présentée dans
notre prochain numéro de Préventique Sécurité, par Éric
Chalumeau).
Pour les universitaires et les étudiants, il s’agira de montrer
que l’entreprise n’est plus seulement soumise aux phénomènes
accidentels ; les métiers de sûreté vont devenir de plus en
plus nombreux justifiés par des besoins croissants.
Étudiants, universitaires et organismes de formation
auxquels vous allez vous adresser également sur Prévent’Ouest
puisque vous interviendrez en ouverture et clôture du Forum
Formation à la santé-sécurité au travail. Quel est le message que
vous allez leur délivrer ?
Mon message tiendra en deux points. La question du droit ou du
danger est délicate et très évolutive. Il est donc nécessaire
d’accompagner les connaissances que l’on donne aux étudiants de
méthodes leur permettant de faire face à l’ensemble des
situations. En effet, la formation permet d’acquérir des
connaissances qui, avec l’expérience du terrain, se
transformeront en compétences. Cette évolution doit se faire le
plus rapidement possible et, pour cela, l’acquisition de méthodes
est un préalable essentiel.
Par ailleurs, les organisations doivent envisager le
développement de capacités collectives : seule une manière
pertinente d’organiser le fonctionnement de l’entreprise
autorisera la démultiplication de ces dernières. Je souhaite que
les futurs managers intègrent ces paramètres dès leur
formation.
En tant que partenaire historique des Congrès/Salons Préventica,
je me réjouis de l’organisation d’un tel forum consacré à la
formation. Elle est un besoin fondamental des entreprises - je le
constate tous les jours dans l’exercice de mon métier – et le
développement d’un espace d’échanges dédié sur Prévent’Ouest
était pour moi une évidence.