Vous pensez que la sécurité des biens et des personnes à
l'hôpital est mal prise en compte, pourquoi ?
Tout d'abord j'aimerais préciser ce que j'entends par le terme
sécurité. Dans le milieu hospitalier, lorsque l'on parle de
sécurité, on pense en priorité au risque sanitaire ou à la
sécurité des soins.
Or depuis quelques années, les phénomènes de violences,
d'incivilités, de malveillance, voire de délinquance connaissent
un développement considérable dans le secteur de la santé.
L'hôpital n'y était pas (et n’y est toujours pas) préparé. C'est
un lieu social, ouvert sur le monde extérieur, la culture
sécurité n'est pas dans les gènes… en ce qu’elle est souvent
opposée à tort comme un obstacle au principe d’universalité
d’accès aux soins.
J'ai travaillé à la Préfecture de Police de Paris et lorsque je
suis arrivé dans le milieu hospitalier, j'ai été surpris du
manque d'attention des directions d'hôpitaux pour ces aspects
sécuritaires.
Pourtant il n'y a pas d'autre alternative : il faut en venir
à de véritables politiques de gestion de ce risque, à l'égal des
autres risques auquel est confronté le secteur médical.
Quelles solutions préconisez-vous pour améliorer cette
situation ?
Comme dans toute politique de prévention, il faut commencer par
élaborer une cartographie des risques. Dans quelle situation, à
quelle heure, quel jour, avec quelle gravité, les atteintes à la
sécurité des personnels, des patients ou des biens ont-elles
lieu ?
C'est en s'appuyant sur cet audit préalable que l'on pourra
mettre en place des moyens adaptés, aussi bien en prévention
qu'en répression : vidéosurveillance, agents de sécurité,
formation des personnels, contractualisation Police-Justice,… Je
préconise une approche sécuritaire construite autour du parcours
du patient.
Il faut aussi mieux former les agents de sécurité au contexte
particulier du milieu hospitalier
Sans entrer dans une logique d'hypersécurisation, il y a
nécessité de mieux appréhender le risque et de professionnaliser
les politiques de sécurité.
Mais pour que cette politique sécurité soit efficace, il faut en
premier lieu une prise de conscience et une impulsion donnée par
la direction de l'hôpital en concertation avec les acteurs
hospitaliers.
Comment les personnels de l'hôpital peuvent-ils être
impliqués dans ce processus ?
Les personnels de l'hôpital sont également des victimes de la
montée des phénomènes d'agressions et de violences de la société.
En dehors d'une mesure objective des faits, le sentiment
d'insécurité peut être facteur d'anxiété, de stress et au final
d'une souffrance au travail pour les agents en contact avec le
public. Les enquêtes de victimisation me semblent une solution
intéressante car elles permettent justement de mesurer le
sentiment d'insécurité. Par conséquent, cela participe activement
à la prévention des Risques Psycho-Sociaux ( RPS). Donner la
parole aux personnels ouvre la porte au dialogue avec la
hiérarchie, c’est un moyen d'évacuer des vécus parfois douloureux
et au final de retrouver un sens au travail, pour le bénéfice de
tous.