Que signifie le terme « slasheur » ?
Le terme « slasheur » a émergé en 2008 aux Etats-Unis. Il fait
référence aux personnes qui cumulent plusieurs activités à la
fois et ce, de façon choisie. À l’origine, le concept était très
axé sur le développement personnel. Très vite, je me suis rendue
compte que, dans le fond, j’en étais une.
Le phénomène a-t-il pénétré en France ? Quels profils
sont concernés ?
Une première étude avait été menée en 2015-2016 par le Salon des
micro-entreprises. Elle indiquait que 16 % des actifs français
étaient slasheurs. L’étude révélait par ailleurs que sur ces 16
%, 90 % l’étaient par choix. J’ai alors voulu écrire un livre sur
le sujet, celui que j’aurais adoré lire quand j’avais 20 ans, et
qui m’aurait évité tant de tracas professionnels. L’on pourrait
croire justement que le « slashing » toucherait uniquement la
génération Y, comme si les jeunes y étaient prédisposés.
Pourtant, j’accompagne des personnes de toute génération. Il y a
très souvent des quinquagénaires qui viennent à mes conférences.
Ils recherchent la vie d’après, la vie professionnelle parfaite,
qui leur sierra enfin.
Pourquoi la tendance est-elle au cumul de jobs
?
L’obsolescence des métiers va tellement vite, l’accélération est
tellement galopante… Pendant 45 ans, on nous a dit de nous
spécialiser, pour se sécuriser professionnellement. Mais la crise
du Covid-19, notamment, a révélé exactement l’inverse. Nous
sommes dans une période de grande fragilité sociale et
économique. Or, quand on a plusieurs cordes à son arc, si une
corde disparaît, il nous en reste d’autres. La bonne question à
se poser est : comment configurer une vie professionnelle
multidimensionnelle qui me permette de tendre vers un équilibre
global tête-cœur-corps ? L’idée peut être de garder un domaine
d’expertise professionnel, complété ensuite avec des choses que
l’on a eu envie de découvrir au cours de sa vie.
Quels sont les bienfaits de ce nouveau paradigme
professionnel, pour le travailleur ?
Sur le plan personnel, avoir des activités aussi différentes
permet de se rapprocher de la définition de la santé, telle
qu’elle est donnée par l’OMS. À savoir, pas uniquement l’absence
de maladie, mais bien un « équilibre global physique
psychique et social ». Se diversifier au travail permet de se
régénérer, de rafraichir ses appétences. En résumé, de se sentir
ajusté, à sa place. Quand on est slasheur, on connaît ses besoins
et étonnamment, on est beaucoup moins en burnout. Car nos
activités donnent du sens à notre vie.
Quel intérêt pour une entreprise de faire confiance à un
slasheur ?
De récentes études produites en neurosciences expliquent que,
certes, nous perdons des neurones en prenant en âge, mais nous en
recréons aussi de nouveaux dans de bonnes conditions neuronales.
Deux poisons l’empêchent : le stress et la routine. Le slashing
annihile les deux par la curiosité et la meilleure maîtrise de
son organisation du travail. Un slasheur est plus serein, donc
plus ouvert, donc plus créatif. Le cercle devient vertueux. Les
cumuleurs sont les personnes les plus adaptées au monde du
travail et aux évolutions actuelles du marché. Avec leur capacité
de faire des liens, ils peuvent faire gagner beaucoup de temps en
entreprise. Aujourd’hui, ils sont des profils très recherchés
pour leur adaptabilité et créativité hors norme.
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