Avez-vous constaté une augmentation de l'exposition à
certains risques professionnels dans la fonction publique
hospitalière ?
On ne peut nier
que les risques professionnels sont très présents dans la
fonction publique hospitalière, les résultats de l'enquête Sumer
en ont attesté. Réalisée dès 2003 dans les établissements
hospitaliers publics, l’enquête SUMER a été étendue aux deux
autres versants de la fonction publique, dans le cadre de
l’accord du 20 novembre 2009 sur la santé et la sécurité au
travail dans la fonction publique. Il en ressort que si les
expositions aux risques professionnels varient sensiblement d’un
versant de la fonction publique à l’autre, selon le risque
considéré, les risques professionnels sont souvent spécifiques
selon les métiers.
En effet, les agents du secteur hospitalier sont confrontés à de
multiples risques professionnels dans l'exercice de leur travail.
On parle actuellement beaucoup de troubles musculo-squelettiques
ou de risques psychosociaux mais le risque chimique, le risque
biologique, la charge physique de travail, les risques liés à
l’activité physique, les risques liés aux rayonnements ionisants
sont également très présents. En fonction de la taille, de la
spécialité de l'établissement, du service dans lequel il
travaille, l'agent hospitalier est exposé à des risques
totalement différents et spécifiques. On ne peut généraliser une
même politique de prévention des risques à l'ensemble de la
fonction publique hospitalière, il y a vraiment nécessité
d'adapter au cas par cas, en fonction de l'environnement du
diagnostic réalisé dans chaque structure.
Comment mieux prévenir les risques professionnels en
secteur hospitalier ?
La culture de la
prévention est heureusement déjà ancrée depuis fort longtemps
dans les politiques qualité à l'hôpital et ainsi dans les
comportements des professionnels. Identifier les risques, évaluer
des incidents, apporter des actions correctives, tout cela est
intégré dans la pratique soignante au quotidien. Mais pour être
efficace dans la prévention des risques professionnels, nous
manquons aujourd'hui cruellement de médecins du travail, même
dans les structures les plus importantes comme les CHU ou
l'AP-HP. C'est un problème à gérer d'urgence.
Il est également difficile pour un établissement seul de dédier
du temps de professionnel à la prévention des risques
professionnels, ou de disposer de « préventeurs", capables de
piloter une méthodologie globale de prévention et de maîtriser
techniquement l’ensemble des sources de risques. Cela nécessite
des compétences en gestion de projet mais aussi techniques, les
problèmes rencontrés n'étant absolument pas les mêmes entre une
cuisine centrale et un laboratoire de radiologie.
D'où l'idée de mutualiser les compétences internes ou externes
entre plusieurs structures. Certaines expériences en cours
actuellement, vont dans ce sens.
Où en est la fonction publique hospitalière de
l'application de l'accord-cadre du 22 octobre sur la prévention
des risques psychosociaux ?
Nous en sommes
encore au début. La FHF a engagé des actions globales
d'information et de formation dédiées à certaines catégories de
personnels comme les directeurs d'hôpital ou les directions des
ressources humaines. Les établissements sont également déjà
engagés à leur niveau pour l'amélioration de la qualité de vie au
travail, notamment en se réunissant pour travailler ensemble sous
l'égide de l'ANFH, l'OPCA de la fonction publique hospitalière.
De nombreuses formations sont mises en place sur ces thèmes.
Au-delà, la prévention des risques psychosociaux doit être
intégrée dans une politique globale de gestion des risques
professionnels.
