En quoi consiste la DOETH ? Pourquoi est-ce important
pour les entreprises ?
Chaque entreprise de plus de 20 salariés doit employer des
personnes en situation de handicap, à hauteur de 6 % de son
effectif. Chaque année, elle doit déclarer ces personnes et ces
postes, sinon, elle doit verser une contribution annuelle
(DOETH). Il y a beaucoup de stigmatisations vis-à-vis des
personnes en situation de handicap, qu’elles aient un handicap
lourd ou invisible. Or, 80 % des handicaps sont invisibles. Les
gens souffrent d’une pathologie, qui les handicape au quotidien,
mais vivent et travaillent avec. Pour faire avancer les choses,
pour forcer les entreprises à s’emparer du sujet, le législateur
a mis en place cette contrainte financière pour créer un cercle
vertueux entre la contribution et les aides.
À quels enjeux font face les employeurs au moment de
mettre en place une politique d'emploi des personnes en situation
de handicap ?
Les employeurs avaient peur de reconnaitre le handicap de leurs
salariés car cela nécessiterait des aménagements et donc de
l’investissement financier. Ils craignaient que ce soit lourd à
gérer, qu’un effet boule de neige survienne. Mais ce n’est pas
comme ça que ça marche, les préjugés n’ont pas lieu d’être. Car
de fait, ne rien faire finissait par coûter justement à
l’entreprise. Enfin, il subsistait une méconnaissance sur le
sujet. C’est pourquoi il faut sensibiliser.
Quid des salariés concernés ?
Les employés avaient souvent peur de se déclarer, par peur du
regard des autres (employeur, collègues). Ils craignaient de se
montrer « affaiblis », et de ne plus pouvoir évoluer dans leur
entreprise. Alors que quand on aménage autour d’une
problématique, l’on répond à un besoin, l’être humain est en
capacité d’être pleinement performant. Il existe des aménagements
organisationnels, bienveillants (aménagements d’horaire, le
télétravail, ndlr), qui peuvent avoir un effet hyper positif. En
soulageant ce poids, le salarié est plus efficace et donc
reconnaissant. Tout le monde est gagnant.
Des conseils pour les entreprises qui souhaitent
améliorer leur engagement ?
Aujourd’hui, à peine 15 % des personnes reconnues en situation de
handicap ont besoin d’aménagements matériels. Or, des
financements existent (AGEFIPH, CMS, ndlr). Lorsque l’on
considère les problèmes de santé d’une personne, on considère la
personne. Le travailleur voit qu’il n’est pas qu’un salarié.
Alors il se réengage dans l’entreprise. Mettre en place une
politique handicap permet aussi de lutter contre l’absentéisme au
travail. Pour commencer à agir, l’employeur doit mesurer la
perception du sujet dans l’entreprise. Il doit sonder ses
salariés pour connaître leurs besoins et leurs attentes.
L’essentiel c’est l’écoute, la bienveillance. Prenons un exemple
qui marche régulièrement : donner la possibilité aux
collaborateurs concernés de pouvoir se libérer pour leurs
rendez-vous médicaux. En termes d’équité vis-à-vis de quelqu’un
qui n’a pas de problèmes de santé, c’est plus juste. Et ça montre
qu’on a pris en considération le salarié et ses inquiétudes.
Avec la fin de la réduction de la contribution en 2025,
que devraient faire les entreprises pour s'adapter ?
Dans la même logique, beaucoup d’idées d’aménagements pour le
handicap viennent des salariés eux-mêmes. Cela prend du temps à
agglomérer, mais c’est essentiel. Il faut impliquer tous les
collaborateurs pour forger l’envie de co-construire une
politique handicap. Nous sommes dans la dernière année
d’écrêtement pour les contributions. Il faut l’anticiper,
regarder ce qui est déjà fait dans l’entreprise, aller à la
rencontre des salariés pour savoir ce qui peut être amélioré.
Mais surtout, il faut déjà en parler. Des choses ont déjà évolué
dans le bon sens, continuons, il faut y croire.