Qu’est-ce que l’usure professionnelle ? Pourquoi s’attaquer à un tel sujet ?
Si nous avons l’habitude de publier des livres blancs sur des thématiques qui touchent notre champ d’intervention, celui de la QVCT au sens large, le sujet de l’usure professionnelle est naturellement remonté. Le contexte social et politique le favorisait largement. Concernant la définition, l’usure professionnelle évoque un état de fatigue physique et/ou mentale qui résulte d’une exposition prolongée à des sources de stress professionnel ou de conditions de travail qui impactent la santé. Elle se manifeste par l’épuisement et l’affaiblissement de l’engagement du travailleur.
Ce phénomène semble croitre au sein des entreprises. Y a-t-il eu un effet Covid-19 ?
Les situations que l’on rencontre dans les entreprises sont très variées. Ce sujet concerne un grand nombre de personnes et touche toutes les générations d’actifs. Néanmoins, certaines personnes sont plus touchées que d’autres (en raison des conditions de travail ou des métiers eux-mêmes, ndlr) : les femmes notamment, les séniors, les salariés moins qualifiés ou les travailleurs avec de l’ancienneté. Ce phénomène ne date pas d’hier mais ce qui est sûr c’est que le Covid-19 a accéléré les choses. La pandémie a accentué l’effet d’usure. Même ceux qui n’ont pas été touchés l’ont perçu. Il y a eu une individualisation croissante de la relation au travail. Et quand on est seul et fragile, l’on peut vite se retrouver en difficulté.
Où se trouve l’origine de ses situations d’usure ?
Le monde du travail est devenu plus stressant. Un travailleur du XXIe siècle est censé avoir plus de ressources à gérer et mobiliser, avoir plus de responsabilités, mais n’a en réalité pas forcément plus de capacités pour les gérer qu’il y a quelques décennies. La pression est plus élevée car le travail s’est complexifié. Or, si je suis à l’aise et bien formé, je vais m’en sortir, mais si ce n’est pas le cas, c’est plus compliqué. Enfin, outre les conditions de travail et le stress, les employeurs n’ont pas toujours le temps ou les moyens d’accompagner leurs collaborateurs. Il est difficile pour les services RH d’être présents au bon moment ou pour accompagner au changement.
Dans votre travail de synthèse, vous proposez des solutions pour prévenir et régler ces situations.
Nous conseillerions d’essayer d’avoir une vision globale. Quand on s’attaque à l’usure professionnelle dans son organisation, il faut activer le plus de leviers possibles. Régler un problème ponctuel ne sert à rien. La solution miracle, si on devait en trouver une, serait de toujours chercher à permettre aux individus d’être mieux soutenus et de garder des marges de manœuvre. Il faut être attentif aux signaux faibles, et ne pas négliger ni la formation ni la sensibilisation interne sur ces questions. L’absentéisme, le turn-over, la rupture de contrat… ce sont des coûts énormes qui se mesurent facilement. Oui, la prévention c’est un coût immédiat, mais l’entreprise gagne tout à lutter contre le mal être de ses travailleurs. Quand tout le monde travaille ensemble : services RH, managers, préventeurs, médecins du travail, collègues ; et que tout le monde prend le temps, des solutions sont trouvées. Enfin, il faut permettre à nouveau que chacun se retrouve dans le collectif. L’addition de réponses individuelles ne fonctionne pas. Il faut prendre le pouls de ses travailleurs régulièrement. Le sens au travail est important, au fond. On ne fait pas que des choses géniales au travail, mais on s’épanouit quand on fait un travail qui nous plait.
En savoir plus :
- Site internet du groupe JLO
- Accéder au livre blanc « La QVCT, un rempart face à l'usure professionnelle ? »