La Poste a mis en place une méthode de travail
originale sur les comportements sûreté. Quelle est la raison de
cette initiative et quel en est
l’objectif ?
Dans le domaine de la sûreté,
le comportement humain est primordial, le personnel étant amené à
devoir faire face à tout type d’incident ou de crise, et devant
savoir anticiper ces événements de façon la plus appropriée
possible. En effet, l’improvisation n’est pas permise en sûreté,
et tous les équipements mis en place, comme la télésurveillance,
la vidéoprotection, et autres dispositifs plus confidentiels,
ainsi que les procédures spécifiques, ne servent à rien si
l’homme n’a pas été formé et préparé à devenir acteur et décideur
du comportement à adopter, pour éviter et prévenir les
incidents.
Bien évidemment, notre personnel a été régulièrement formé à la
maîtrise des équipements et des procédures de sûreté. Nous
les sensibilisons également, depuis plusieurs années, à la notion
de risque sûreté, pour une meilleure appréhension de ce paramètre
et une juste compréhension du risque réel.
Néanmoins, malgré tous ces outils mis en place, qui ont permis,
certes, une progression des résultats, des déficiences étaient
toujours observées, lors d’audits sûreté et analyses sur
incident.
Suite à ce constat, nous avons décidé de collaborer avec un
professeur en psychologie sociale, spécialiste en psychologie
comportementale. Conjointement, nous avons élaboré une démarche
spécifique répondant à notre enjeu. En effet, les moyens
classiques habituellement utilisés trouvent leurs limites.
Aussi, notre volonté a été d’amener nos collaborateurs à devenir
autonomes, acteurs et décideurs de leur protection. Contraindre
le comportement de l’homme a ses limites et cela peut conduire au
non-respect des procédures dès que la contrainte est levée.
Or, en sûreté, nous ne pouvons nous permettre un oubli ou une
erreur dans les attitudes à adopter pour se protéger.
C’est ainsi qu’est venue l’idée de bâtir une démarche nouvelle
basée sur la psychologie comportementale.
La démarche mise en place repose avant tout sur le principe
d’engagement volontaire, dans un intérêt commun. Ceci implique
que chaque participant prenne part à la réflexion et s’engage
dans la mise en œuvre d’actions. Cet engagement, à la fois
individuel et collectif, favorise la cohésion d’équipe. Il vise
une autorégulation collective pour le respect des engagements
pris, en dehors de toute notion de contrôle hiérarchique.
Cette démarche s’inscrit dans le temps et se construit pas à pas.
Il faut également la pérenniser. Nous proposons pour cela des
outils aux collaborateurs, sous forme de vidéos.
Pour déployer cette nouvelle démarche, nous avons dû former
l’ensemble de nos experts sûreté et associer les managers.
Comment cette démarche, justement, a-t-elle été
perçue, au sein des équipes ?
Nous craignions
quelque peu la réaction des agents quant à la durée de cette
démarche, étalée sur plusieurs mois. Or, ceux-ci l’ont accueillie
très favorablement, la prise en compte de l’individu étant bien
réelle, et ceux-ci étant ravis d’être acteurs et décideurs de
leurs agissements et comportements.
Les séances de travail collectives ont permis des échanges sur la
sûreté qui n’avaient jamais eu lieu au sein de l’équipe, du
moins, à un tel niveau.
Les résultats sont-ils probants ?
Cette démarche visant le comportement de l’individu est assez
difficile à mesurer.
Néanmoins, nous constatons, sur le terrain, des résultats
probants, qui se traduisentnotamment, lors d’audits ou
d’analyses, par une diminution de défaillances comportementales.
Le nombre d’agressions sûreté, du type attaques à mains armées, a
été divisé par dix, ces dernières années.
Face au succès de cette opération, quelles autres actions
ont été mises en place ?
Nous avons décidé
d’appliquer cette démarche comportementale à la prévention des
incivilités. La méthode, quoique légèrement différente, repose
sur les mêmes principes. Nous l’avons appliquée dans les bureaux
de poste les plus concernés par des situations conflictuelles
avec les clients L’objectif est de faire travailler les agents du
bureau de poste sur la relation client, sur les comportements
permettant de prévenir une situation conflictuelle, désamorcer
l’agressivité et enfin, passer le relais au responsable du
bureau.
La démarche vise donc à diminuer le nombre et l’intensité des
incivilités dans ces bureaux.
En savoir
plus
- Venez échanger avec Isabelle Chretien lors de sa conférence «Politique globale de prévention des INCIVILITES : l'exemple de La Poste" le mardi 20 juin à Préventica Paris