Pour vous, comment doit-on définir le burn out
?
Le burn out se caractérise par la conjonction de 3
types de manifestations. Premièrement, on constate des
manifestations liées à l'épuisement physique et émotionnel telles
que fatigue excessive, anxiété, problèmes de sommeil.
La deuxième caractéristique du burn out est la déshumanisation de
la relation au travail, aux autres et parfois à soi-même. La
personne atteinte de burn out ne va plus considérer les autres
comme des êtres humains mais comme des cas. Typiquement dans le
milieu soignant on ne parle plus de Madame Dupont mais de la
"jambe cassée de la 262".
Enfin le burn out se caractérise par la baisse voire la
disparition du sentiment d'accomplissement professionnel.
Si ces 3 manifestations ne sont pas présentes alors on ne peut
pas parler de burn out — en tout cas, pas au sens où l’entend la
communauté scientifique.
Vous défendez l'idée selon laquelle le travail n'est pas
le seul responsable de la survenue d'un burn out,
expliquez-nous
Le burn out est un phénomène
psychique survenant en réaction à une situation stressante et à
un environnement stressant. Tout individu maintient son équilibre
en puisant des ressources dans ses trois sphères : la vie privée,
la vie professionnelle et les activités sociales. Si l'une de ces
sphères est source de stress, il va puiser de l'énergie dans une
autre. Mais si toutes sont en déséquilibre, alors peut survenir
le burn out ; autrement dit le burn out est effectivement lié à
un problème d'organisation du travail mais aussi à des facteurs
personnels. Il n'intervient que très rarement en raison de
facteurs exclusivement professionnels.
On entend largement dire que le burn out est lié à un
surengagement au travail, qu'en pensez-vous ?
Je n'y
crois pas du tout. On a vu des cas de burn out dans des
situations de sous-charge de travail, où l'individu ne montrait
aucun engagement.
Le burn out est une façon de signifier qu'on est dans une
situation dépressive. La dépression est associée dans notre
imaginaire à une forme de faillite personnelle. Le burn out a
cela de rassurant que le "coupable" est ailleurs : il s'agit du
travail. Dans sa vision subjective de la réalité, la personne
victime de burn out se vit comme ayant été très engagée et avoir
reçu peu en retour. Il peut ainsi y avoir une surestimation de
l'engagement personnel et une sous estimation de la
reconnaissance reçue en retour. Ces mécanismes ont une
finalité inconsciente, celle de défendre son narcissisme.
Le burn out est l'expression contemporaine d'un désillusionnement
général par rapport au monde du travail et à la société en
général.