Préventica - Expert dans le domaine de l’acoustique et
des vibrations, la réputation de Bruel & Kjaer n’est plus à
faire. Pouvez-vous néanmoins nous donner quelques précisions sur
l’étendue de vos activités ?
Emmanuel GREMAUD - Créée en 1942, Brüel &
Kjaer (B&K) est une société danoise dont le siège et l’usine
se trouvent à Naerum au nord de Copenhague. Filiale du groupe
Spectris plc (instrumentation de précision et de contrôle), la
société est leader mondial des solutions pour la mesure,
l'enregistrement et l'analyse du bruit et des vibrations. Elle
est présente dans 55 pays au travers de 26 filiales et emploie
1150 personnes (grosse proportion en R&D). B&K est
présent sur de nombreux marchés : aéronautique, défense,
automobile, aéroports, télécommunications, Wind Energie
(éoliennes), biens de consommation, bruit et vibrations
au travail et dans l’environnement.
B&K joue un rôle essentiel dans le monde de la
vibro-acoustique et s’est illustrée par de nombreuses
« premières fois ». La société fabrique et développe
des instruments de précision et maitrise la totalité de la chaîne
de mesure : capteurs (microphones et accéléromètres),
systèmes de conditionnement et d’analyse, logiciels de
post-traitement. En France, Bruel & Kjaer dispose d’un
laboratoire d’étalonnage (accrédité COFRAC, pour la vérification
des matériels) et d’un centre de formation agréé. Les bureaux,
situés en Bretagne, dans la région toulousaine, en Rhône-Alpes et
en Alsace, permettent une très bonne couverture nationale. Une
cinquantaine de personnes y travaillent.
Prév - Vous participez depuis longtemps aux
Congrès/Salons Préventica. Avec quels types de
produits ?
E.G.- C’est surtout notre offre dans le domaine
du bruit et des vibrations au travail et dans l’environnement que
nous présentons à Préventica. Il s’agit de solutions plus
particulièrement destinées à la préservation de la santé (bruit
au travail, vibrations transmises au système main-bras ou au
corps entier…), à l’acoustique du bâtiment, à la surveillance des
sites industriels, aux gênes des riverains et à la cartographie
des bruits à l‘échelle de la ville… Notre activité de formation
complète l’offre par des formations inter ou intra-entreprise
dans les domaines de la mesure de l’acoustique et des vibrations,
pour les préventeurs, médecins et infirmier(e)s du travail,
responsables HSE…
Prév - En effet, bruits et vibrations sont des nuisances
responsables de nombreux problèmes de santé au travail. Pourtant,
c’est un domaine qui a longtemps été peu ou mal pris en compte
dans les entreprises. Où en est-on
aujourd’hui ?
E.G. - Bruits et vibrations sont à l’origine de
pathologies diverses, surdité professionnelle et TMS
pour les plus graves, que le monde de l’entreprise ne peut plus
ignorer.
La réglementation est précise sur le sujet. La première directive
européenne « Bruit » date de mai 19861. Puis les textes
réglementaires ont considérablement évolué avec les directives
« Vibrations » de 2002 (2002/44/CE) et
« Bruit » de 2003 (2003/10/CE) : cette dernière,
diminuant les seuils d’action et instaurant une valeur limite
d’exposition2, a permis de rapprocher les deux directives et
surtout, d’intégrer l’acoustique dans un ensemble cohérent de
directives sur la santé et la sécurité au travail. Enfin, 2011
voit l’arrivée d’un décret qui précise la liste des facteurs de
pénibilité auxquels sont soumis les travailleurs3 :
l’exposition au bruit compte maintenant parmi les facteurs
d'environnement agressif et l'exposition aux vibrations parmi les
facteurs de contrainte physique.
Tout le monde est au courant des risques et la prise de
conscience s’accompagne de mesures de prévention précises dans
les entreprises. Au préalable, elles souhaitent bien sûr savoir à
quoi elles exposent leurs salariés et identifier ceux qui sont en
danger. Ainsi, la demande d’appareils de mesure ne cesse de
croître notamment dans les secteurs du bâtiment et de
l’industrie, particulièrement concernés. Une étude de l’INRS, par
exemple, révèle que les cas de surdité déclarés augmentent dans
le BTP (166 cas
en 2009, 23 % de plus qu’en 2008). Mais, le bruit et les
vibrations touchent tous les secteurs d’activité !
Prév - Il est vrai que si le bruit est présent partout,
cela semble moins évident pour les vibrations. Et pourtant, les
deux sont généralement associés. Pour quelle
raison ?
E.G. - Un phénomène physique justifie cette
association. Le bruit ne peut pas exister sans les vibrations. En
effet, un objet qui fait du bruit vibre. Attention : les
deux types de danger ne sont, eux, pas toujours associés. Dans
les entrepôts, les opérateurs sont surtout exposés à des
vibrations (il y a peu de bruit, mais ils conduisent des chariots
élévateurs). Autre exemple, dans le bâtiment, l’utilisateur d’un
marteau-piqueur est soumis aux bruits et aux vibrations alors que
ses collègues aux alentours ne sont exposés qu’aux bruits.
Mais pour faire simple, dans de nombreux secteurs d’activité,
l’industrie automobile notamment, un même service regroupe cette
double compétence.
Prév – Est-ce le cas chez Brüel &
Kjaer ?
E.G. – Dans notre palette de solutions pour
l’acoustique et les vibrations, les produits sont très différents
suivant qu’il s’agit d’un service R&D d’un constructeur
automobile, de machines tournantes ou de matériel ferroviaire, ou
bien qu’il s’agit d’un Service de Santé au Travail.
Dans le premier cas, il s’agit du département
« Industrie » et l’on a souvent besoin d’un nombre
important de points de mesurage analysés simultanément
(instrumentation multivoie) alors que dans le domaine de
l’évaluation du risque ou des nuisances, il s’agira du
département environnement, on aura plutôt besoin d’une flotte de
matériels monovoies (des exposimètres de bruit individuels par
exemple). Bien qu’il s’agisse de bruit dans les deux cas,
l’instrumentation utilisée sera différente, les besoins étant
différents.
C’est le département « environnement » qui conçoit des
exposimètres de bruit ou des sonomètres (on traitera différemment
le cas d’un salarié mobile et celui d’un salarié immobile) de
même qu’il met au point des systèmes pour le mesurage des
vibrations transmises à l’homme (au système mains/bras ou au
corps entier via le siège) conformes à la réglementation en
vigueur.
Prév - Quels types de solutions proposez-vous et pour
qui ?
E.G. - Dans sa finalité, l’offre des deux
départements est analogue. Nous concevons, commercialisons et
installons les capteurs, les appareils de mesurage, les logiciels
nécessaires au stockage et au post-traitement des données
acoustiques et vibratoires. Nous formons également les personnels
des entreprises ou des services de santé à l’utilisation des
matériels par des stages ou des mises en route, assurons la
maintenance et la vérification des appareils.
Nos clients sont des bureaux de contrôle et d’études, des
services HSE, des services de santé au travail, des organismes
(CARSAT, INRS, organisations professionnelles…), des
établissements d’enseignement, des industriels, des
collectivités…
Prév - Quels sont vos atouts ?
E.G. - Notre force réside dans notre capacité à
fournir des solutions complètes à nos clients. Par ailleurs, nous
sommes reconnus pour la fiabilité et la qualité de nos matériels,
notamment des microphones (capteurs) développés par notre usine
du Danemark. Forts d’une très longue expérience, nous avons
intégré les évolutions des quarante dernières années et couvrons
aujourd’hui tous besoins des entreprises en matière de métrologie
du bruit ou des vibrations. Cette expérience et cette expertise
nous permettent même d’être présents dans de nouveaux
domaines : les éoliennes par exemple.
Prév - Vous étiez présent à Préventica Lyon pour
présenter vos nouveautés. Dites-nous en un peu plus.
E.G. - Notre département R&D travaille à une
évolution constante de nos matériels et de nos logiciels. Les
visiteurs pourront découvrir une quinzaine de solutions, parmi
les plus innovantes du marché, sur notre stand.
Et le Congrès/Salon a été l’occasion de présenter un nouvel
exposimètre de bruit, le « 4448 »4, plus compact et
léger (71 grammes !) que ses prédécesseurs tout en étant
doté d’un écran. Fixé directement sur l’épaule du salarié, sans
câble, il préfigure une nouvelle génération d’appareils de
mesure. Nous avons choisi Préventica pour le dévoiler au public
français, car nous connaissons la valeur de l’événement :
nous y rencontrons un grand nombre de professionnels
particulièrement sensibilisés aux problématiques du bruit et des
vibrations.
1 Transposée en droit français en
1988
2 Transposée en droit français par le décret
2006-892 du 19 juillet 2006
3 Un plan de prévention de la pénibilité sera
obligatoire dans les entreprises de + de 50 salariés à compter de
janvier 2012
4 L’exposimètre 44-48 est candidat au Prix
de l’Innovation de Préventica Lyon