Très concrètement comment s'articule la coopération
franco –québécoise en santé au travail ?
En 2011, La
Ville d’Alès a été associée à une équipe-projet constituée de
services de santé au travail, de la CCI d’Alès Cévennes et du
CIBC (réseau de psychologues). Côté québécois, la Ville de
Québec, l’Institut de Santé Publique à Québec (l’équipe de Michel
VEZINA) et la Direction de la Santé Publique de Québec étaient
nos interlocuteurs privilégiés.
Des psychologues et des médecins du travail français ont été
accompagnés par Michel VEZINA, spécialiste des Risques
Psychosociaux au Québec, afin de déployer et d’expérimenter sur
notre territoire les grilles d’identification des RPS développés
depuis de nombreuses années par son équipe.
Des entreprises du Languedoc-Roussillon et la ville d’Alès ont
servi de sites d’expérimentation. Cette démarche étant soutenue
par le Fonds Franco-Québécois de Coopération Décentralisée.
En 2013, sur la base des résultats de cette première démarche,
l’équipe-projet s’est attachée à expérimenter de nouveaux outils
d’identification des RPS pour les cadres et cadres-dirigeants.
Des enquêtes ont été aussi menées en direction des
femmes-dirigeants. Les résultats seront connus dans les
prochaines semaines.
Dans le cadre de la journée Spéciale Québec à Préventica
Marseille, le 18 juin, l’équipe québécoise viendra exposer
l’approche globale sur la santé au travail développée au Québec
et les atouts de cette coopération fructueuse. Une conférence
évènementielle est prévue dans la matinée.
Avec la signature, le 22 octobre dernier, par la Ministre de la
Fonction Publique de l’accord-cadre sur les RPS dans les
Fonctions Publiques, Michel VEZINA de l’INSPQ et Nadim FARES
Directeur du Fonds National de Prévention – CNRACL interviendront
dans l’après-midi. Il sera fait état des lignes directrices de
cet accord-cadre et des réponses que pourraient apporter sur ce
sujet les outils québécois.
Le Québec est reconnu pour son approche innovante en santé au
travail. Le concept de santé au travail est là-bas indissociable
de la santé en général. Pouvoir bénéficier du regard des
professionnels québécois sur la santé au travail est une
expérience extrêmement enrichissante pour toute personne qui
s'intéresse à la prévention.
Pour revenir à Alès, la démarche Santé et Qualité de Vie
au Travail a été initiée dans le cadre d'un établissement
municipal ? Expliquez-nous.
La démarche a été
engagée en 2007 dans le cadre de la restructuration des abattoirs
de la Ville d'Alès. En effet à cette époque, les abattoirs ont
connu des problèmes techniques et sanitaires, problèmes qui
étaient à l'origine de conditions de travail dégradées et par
conséquent d'une forte augmentation des accidents du travail, de
l'absentéisme et de tension entre collaborateurs.
La direction a souhaité que la restructuration de l'établissement
soit abordée de manière participative et nous avons donc
constitué une équipe-projet. Un groupe de travail impliquant les
agents mais également des partenaires extérieurs tels que la
CARSAT et les services vétérinaires a été constitué. Cette
co-construction nous a permis d'aller au delà de la simple
amélioration technique de l'outil en intégrant l'organisation et
les conditions de travail.
La participation des agents au projet a été également un facteur
d'amélioration du dialogue social. Au final tout le monde est
gagnant avec un outil plus performant, plus rentable, des équipes
plus soudées, des conditions de travail améliorées, ainsi que des
agents valorisés et reconnus par ce travail collaboratif.
De quelle façon avez-vous généralisé la démarche Qualité
de Vie au Travail à l'ensemble des services de la collectivité
?
C'est en 2010 qu'a été mise en place la démarche
QVT dans notre collectivité. Nous avons fédéré l'ensemble des
actions entreprises sous un intitulé commun : DEFI pour
Définir-Engager-Former-Impulser.
Pour ne citer que les gros chantiers, nous nous sommes
particulièrement concentrés sur les managers de proximité et leur
rôle sur la santé au travail de leurs équipes.
Beaucoup ne sont pas formés au management et sont demandeurs pour
mieux gérer les aspects humains. Pour cela nous avons construit
un cursus formation, sur 14 mois, traitant aussi bien des aspects
techniques SST que des pratiques managériales et la
communication.
Nous avons également pris le pouls de notre collectivité en
allant à la rencontre de nos agents pour écouter ce qu'ils
avaient à nous dire sur le fonctionnement de leur service et sur
leurs conditions de travail. Nous avons ainsi découvert que
beaucoup d'entre eux souhaitaient devenir des acteurs à part
entière de la prévention.
D'où l'idée de monter des groupes de travail rassemblant des
agents, des cadres et des élus (du personnel et de la
municipalité) pour travailler ensemble sur des sujets aussi
divers que le règlement intérieur, le mieux-être au travail, la
formation, l’habillement professionnel, l’analyse des accidents,
le risque chimique, … . Cette initiative qui a débouché
concrètement sur des livrables a considérablement ouvert le
dialogue.
Sans le savoir, nous avions expérimenté certaines phases du
processus proposé par la norme québécoise « Entreprise en
santé ». Avec nos partenaires québécois, nous voulons aller
encore plus loin, appliquer l’ensemble des chapitres de la norme
….
En savoir plus
- Le Québec invité d’honneur à Préventica Marseille - « L’innovation au cœur de la coopération franco-québécoise, préserver le capital humain »