Votre atelier vient de passer le cap symbolique des 1000
jours sans accident du travail avec incapacité. Comment êtes-vous
parvenus à accomplir ce résultat ? Quelles actions concrètes ont
été menées ?
Il faut tout d’abord savoir d’où l’on vient. L’atelier d’Arlon
est un des huit ateliers de la SNCB, le plus petit en Belgique.
Nous employons environ 100 personnes, pour plus de 3000
opérations de maintenance chaque année. Nous effectuons
l’entretien et la réparation du matériel roulant, de
vérifications simples aux dépannages compliqués.
Il y a 6-7 ans, l’atelier d’Arlon était un des ateliers les plus
mauvais en matière de sécurité. Nous avons depuis déménagé d’un
atelier très vétuste vers un tout nouvel atelier vraiment
ergonomique et lumineux. C’était déjà une très bonne base pour
instaurer une culture de la sécurité. Ensuite, tous les membres
de la ligne hiérarchique de l’atelier sont formés en prévention.
Nous avons un conseiller en prévention niveau un, affecté à
l’atelier. Notre responsable QSE est conseiller en prévention
niveau deux, et chaque membre de ligne hiérarchique a suivi une
formation conseiller en prévention niveau trois. À côté de ça,
des campagnes de communication régulières sont organisées pour
répéter les messages de prévention. Mais au centre de toutes ces
démarches, il y a surtout des efforts quotidiens et une réflexion
sur la santé, la sécurité et le bien-être des collaborateurs.
Qu’est-ce qui constitue selon vous une bonne prévention
des risques professionnels dans une organisation ?
Je crois que plusieurs facteurs doivent se combiner pour y
parvenir. Premièrement, il faut un environnement adapté, une
infrastructure propice à la sécurité. La règle, c’est l’ordre et
la propreté ; chaque chose doit être rangée à sa place. C’est une
politique d’amélioration continue bien connue, mais qui
fonctionne.
Un autre élément primordial, c’est la conscientisation à tous les
niveaux de la hiérarchie de l’importance de la sécurité. C’est un
travail de longue haleine, parce qu’il faut sans cesse répéter
les choses pour la sécurité individuelle et collective. Mais cela
permet, à terme, de créer un environnement de travail où les
collaborateurs ne sont plus uniquement concentrés sur leurs
tâches de base, mais prennent aussi en considération la
composante sécurité dans l’exécution. Il se crée une
autonomisation, qui permet parfois de remettre en question la
manière de travailler, et d’apporter des solutions. Cela
nécessite néanmoins, au niveau managérial, de laisser le temps et
l’opportunité aux travailleurs d’apporter ces réflexions, mais
surtout d’apporter une réponse immédiate pour ne pas créer de
frustration. À partir du moment où les travailleurs se sentent en
confiance pour proposer des améliorations, ils se sentent
d’autant plus concernés par leur travail et la sécurité. Cela
crée du bien-être, et forme un tout au niveau de la culture
sécurité.
Quelle est la suite pour l’atelier d’Arlon ? Quels sont
vos nouveaux objectifs ?
Notre objectif quotidien, c’est zéro accident, et pourvu que cela
dure. Nous n’avions pas fixé le cap de 1.000 jours. Il est arrivé
par hasard, car notre ambition « zéro accident » restait la même,
jour après jour. On pourrait viser 2.000 jours sans accident,
puis 3.000, etc. Mais la sécurité, ce n’est jamais quelque chose
d’acquis. Il faut constamment se remettre en question, et écouter
les travailleurs sur le terrain. Ce sont eux les vrais
experts.
Nous constatons tout de même que les « records » et les objectifs
créent une émulation positive. Les collaborateurs se prennent au
jeu, et au sein de l’atelier d’Arlon il y a un fort sentiment
d’appartenance. Cela amène une attention redoublée et l’envie de
bien faire pour soi et pour les autres.
1000 jours sans accident : à l’atelier SNCB d'Arlon, le succès d'une culture de la sécurité
Comptabilisant plus de 1000 jours sans accident du travail avec incapacité, l’atelier de traction d’Arlon de la SNCB est parvenu à se transformer en quelques années grâce à l’autonomisation de ses collaborateurs et la mise en place d’une discipline tournée vers le bien-être commun. Un bref bilan des efforts accomplis et des perspectives avec Sébastien Angé, manager de l’atelier.

Sébastien ANGÉ
Manager de l’atelier de traction d’Arlon
Société Nationale Des Chemins De Fer Belges (Sncb)
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- 30/05/2022