Les établissements de santé et de soins, le domicile du patient,
la rue, autant de lieux où les professionnels de santé, subissent
des incivilités, de la dégradation de biens et de l’outil de
travail, de la violence verbale et physique, cette dernière
pouvant être parfois dramatique.
Le monde de la santé n’échappe pas à un fait de société qui
touche en réalité toute profession rendant un service à nos
concitoyens et que les professionnels de santé traduisent souvent
en des termes qui leur sont typiques : « Intolérance à la
frustration ». Cette « frustration » se traduit par une réaction
plus ou moins violente à une contrariété que la personne ne peut
pas supporter sur fond d’impatience dans un contexte culturel
individualiste, de la satisfaction immédiate et du « J’y ai droit
».
Cette réaction est aggravée dans le domaine de la santé lorsque
le patient est sous l’emprise de l’alcool, de médicaments, de
produits stupéfiants, rendant particulièrement difficiles la
protection et la sécurité du soignant, sans compter l’impact
psychologique, facteur de sentiment d’insécurité, sur les témoins
(autres personnels, patients, accompagnants, etc.). Toutefois, ce
ne sont pas que des personnes aux comportements délinquants ou
dans un état second qui sont auteurs de ces violences, mais aussi
n’importe quel citoyen, parfois inquiet, anxieux ou souffrant.
D’une façon générale, les relations entre les soignants et les
patients et/ou leurs accompagnants peuvent dégénérer en un trait
de temps à la suite d’un différend, voire d’une simple
incompréhension, détériorant ainsi le caractère équilibré de
l’alliance thérapeutique et de la relation de confiance qui
affectent de facto la qualité des soins.
Cette violence génère de nombreux impacts négatifs : coût humain
(personnels en souffrance, arrêt de travail, rotation d’effectif,
sentiment d’insécurité pour les professionnels et les patients),
coût financier pour les établissements et pour la société, mise
en danger de la mission de service public (accès aux soins et
continuité des soins), dégradation de la réputation et de l’image
de marque de l’établissement.
L’ONVS recense les atteintes aux personnes et aux biens hors du
champ des pratiques médicales. Les incivilités, violences et
actes de malveillance signalés le sont :
- de patients/accompagnants et autres personnes sur les personnels de santé
- entre patients/accompagnants et autres personnes
- de personnels de santé sur des patients/accompagnants
- entre personnels de santé.
Il convient de prendre avec précaution les données brutes : le
nombre de signalements ne reflète pas forcément la dangerosité
d’un lieu de soin mais le nombre de fois où les professionnels
ont tenu à signaler les faits. L’augmentation des signalements ne
signifie donc pas nécessairement une augmentation des violences
sur une année mais à l’image d’un sondage, elle reflète une
situation souvent proche de la réalité.
Dossier extrait du rapport 2019 de l’ONVS portant sur les données
collectées en 2018.