Pour allier ludique et pédagogique, de nombreuses organisations
s’orientent vers des dispositifs de prévention ou de formations
présentés sous forme de jeux. Loin de n’être qu’une fantaisie, la
démarche offre de nombreux bienfaits pour l’apprentissage et la
construction d’un lien social.
Le jeu : de nombreux bienfaits
Développé depuis une dizaine d’années dans les entreprises du CAC40, le jeu appliqué à la prévention et la formation commence à séduire l’ensemble des organisations. Celui-ci possède de nombreux avantages sans demander des moyens trop importants.
Un bref état des lieux
Rien qu’en France, le seul marché du Serious Game (les jeux vidéo « sérieux » à visée pédagogique ou de recherche) représenterait près de 200 millions d’euros, selon Bpifrance. À l’échelle mondiale, ce secteur devrait par ailleurs connaître une croissance de plus de 19% de 2017 à 2023 selon les projections du cabinet Allied Market Research. Un marché en pleine expansion, grâce notamment à la baisse des frais de développement, aux nouvelles possibilités techniques (réalité virtuelle, réalité augmentée, etc.), aux offres de personnalisation, et aux nombreux exemples de réussite dans des groupes majeurs. Mais les applications numériques ne représentent qu’une infime partie des possibilités offertes par le jeu en entreprise.
Un apprentissage facilité à tout âge
Généralement associé à l’enfance, le jeu possède bel et bien des vertus éducatives, et cela tout au long de la vie. S’il est aussi efficace pour l’apprentissage, c’est parce qu’il agit sur plusieurs leviers :
- l’enthousiasme. Le travail d’apprentissage n’est plus perçu comme une contrainte, et il est présenté d’une manière nouvelle. L’intérêt est donc renouvelé, car l’apprenant sort du cadre habituel.
- la concentration. Pour remplir ses objectifs, tous les jeux exigent un minimum d’attention qu’il est parfois difficile d’atteindre lors d’un cours magistral. L’interaction avec l’objet d’étude rend l’apprenant actif, et ainsi plus engagé dans la démarche.
- la récompense. La quasi-totalité des jeux obéit à la même logique : en exécutant les bonnes actions, le joueur est récompensé pour ses efforts. Or, il est prouvé depuis longtemps que le circuit de la récompense agit de façon très active sur la motivation à opérer une action. Le jeu rend donc l’apprentissage plus gratifiant.
La construction du lien social
D’après la psychologue et chercheuse spécialisée en sciences de
l’éducation, Monick Lebrun-Niesing, le jeu est un créateur de
lien social. Effectué seul ou à plusieurs, il permet de négocier
avec nos émotions et de donner de la communication : nous
discutons sur le jeu et du jeu.
Il permet d’instaurer une zone de normalité et de confort,
avec des règles qui permettent de créer une certaine sécurité,
mais aussi de se créer une identité de joueur permettant
d’interagir plus simplement avec les autres. Ainsi, un groupe de
travail qui souhaiterait jouer ensemble se verra rapidement apte
à poursuivre des objectifs, animé par un but commun clair et bien
défini, pour lequel chacun peut contribuer et voir ses efforts
récompensés.
Les types de jeux et leurs avantages
Il n’existe pas un type de jeu plus adapté que les autres pour l’apprentissage et la prévention des risques. Chacun présente des avantages et des inconvénients en fonction de la thématique à traiter, des envies et des besoins de l’organisation concernée.
Serious Games
Cette dénomination englobe l’ensemble des logiciels et
applications numériques qui utilisent les codes et les
technologies des jeux vidéo à des fins pédagogiques. Cela peut
prendre des formes très variées : des applications mobiles avec
des défis à remplir, des solutions en réalité virtuelle pour
simuler des situations professionnelles, des quiz en ligne…
Les coûts de développement de cette solution peuvent être très
variables, tant ils dépendent de la technologie employée et du
dispositif envisagé. Néanmoins, il existe aujourd’hui de
nombreuses solutions pour « gamifier » (intégrer un aspect
ludique dans des processus existants) sa structure à moindre
coût. Avant d’envisager le développement d’une telle solution, il
est important de bien cerner les besoins et les contraintes de
son organisation.
Escape game
Popularisé ces dernières années, l’escape game consiste à
résoudre de nombreuses énigmes successives dans un temps imparti
afin de remplir un objectif précis (généralement sortir d’une
pièce, ouvrir un coffre, etc.). Exigeant une grande capacité à
réfléchir rapidement et à trouver des solutions en situation de
stress, il récompense l’esprit d’initiative, l’inventivité, mais
aussi l’écoute.
Se jouant généralement en groupe, il est important d’identifier
rapidement les points forts de chacun et de prendre en compte les
avis de tous pour ne pas perdre du temps et trouver les
meilleures solutions au plus vite. Dans une organisation,
l’escape game est donc un bon moyen de stimuler l’esprit d’équipe
et de récompenser la créativité face aux solutions
problématiques.
Jeux de rôle
Revêtant de nombreuses formes très diverses, le jeu de rôle
consiste – dans son essence – à incarner des personnages (qui
peuvent être nous-mêmes) qui devront réagir à des situations
selon l’histoire ou la situation dictée par le Maître de Jeu.
C’est un outil efficace pour simuler des situations dans un cadre
sécurisant, mais également pour permettre à certaines personnes
de révéler leur potentiel dans un cadre différent de celui du
travail habituel. Le Maître de Jeu est responsable du déroulé,
mais il occupe également le rôle de médiateur, d’arbitre et de
guide ; il est donc important que celui-ci connaisse bien le
profil de chaque joueur et sache réagir face aux situations
imprévues.
Jeux de plateaux et traditionnels
Pour les organisations, il est également possible de créer ou de
personnaliser des jeux de plateaux et des jeux plus traditionnels
(jeux de cartes, de dés, etc.) en utilisant des mécaniques
existantes ou encore en créant ses propres règles.
Cette solution à l’avantage de nécessiter peu de matériel
technique une fois le jeu créé, et de réunir les joueurs
facilement autour d’une table. L’élaboration d’un jeu de plateau
peut néanmoins être longue et laborieuse et il est important de
bien équilibrer les aspects ludiques et pédagogiques. C’est
pourquoi il est préférable de bien se faire accompagner par une
structure spécialisée.
Quelques exemples
Risk Hour
Créé par l’agence Arkham Studio pour la Carsat Hauts-de-France, Risk Hour combine l’escape game avec le jeu de plateau. Conçu sur mesure pour la Carsat, le jeu propose d’incarner un personnage chargé d’enquêter sur les circonstances d’un accident au travail survenu dans une entreprise, et de constituer en collaboration un dossier permettant de convaincre la direction d’entamer des démarches de prévention.
Safy
Escape game créé au sein de l’entreprise MerAlliance, Safy permet de sensibiliser aux processus sécurité en simulant un accident au travail. En 25 minutes, un binôme doit respecter les procédures nécessaires dans ce genre de cas pour atteindre son objectif.
My-safety-game
Dispositif complet en plusieurs modules autour de la prévention
des risques professionnels, My-Safety-Game propose un programme de
formation interactive complet autour des familles de risques
(chutes de plain-pied, risque routier, nuisance sonore…). Fourni
clé en main, le logiciel peut néanmoins être personnalisable par
l’organisme qui en fait la demande.
En savoir plus sur la prévention par le jeu
- « L’escape game permet de parler de sécurité de manière positive », Article Préventica, septembre 2021
- Les Pompiers de l’urgence internationale forment des sauveteurs grâce à la réalité augmentée, Article de Aqui.fr, octobre 2021
- Serious Game : quand le jeu vidéo pédagogique cartonne, dossier Bpifrance, mars 2021
- Serious Games Market Outlook: 2023, étude de Allied Market Research
- L'essor de la gamification digitale en entreprise, article du Journal du Net, février 2021
- L'escape game du Service de Santé au Travail de la Région Nantaise