De plus, l’étude des accidents dans le cadre du « paradigme organisationnel »12 montre que ceux-ci sont, dans une certaine mesure, « anticipables », que des opportunités de réactions sont souvent données aux acteurs du système pendant la « période d’incubation », qui est une étape du modèle de développement d’un accident industriel proposé par le chercheur Barry Turner. Durant cette période, on constate une « accumulation d’un ensemble d’événements non perçus, non relevés et qui sont en opposition avec les croyances partagées ».13
Ainsi intervenir lors de la période d’incubation peut permettre
d’éviter l’accident. Un moyen clé selon nous est d’organiser la
controverse, c’est-à-dire : ménager des lieux et des moments
de débat ; encourager une parole fluide, authentique, et en
particulier la remontée des critiques, des mauvaises nouvelles et
des alertes ;développer des analyses différentes et
contradictoires (bilan de sécurité, analyse d’incident,
diagnostic organisationnel externe…) ; favoriser (chez les
managers) la réflexivité et l’autocritique, la prise de
recul…
Les accidents ne sont pour autant pas évités car les réponses,
lorsqu’elles existent, sont souvent trop limitées et trop
tardives. Le développement d’une culture des accidents14 permettrait de rester sensible et en
éveil vis-à-vis des risques.
Pour en savoir plus
12. Llory M., Montmayeul R.,
L’accident et l’organisation, Éd. Préventique 2010.
13 . Turner B., Pidgeon N., Man-Made
Disasters, seconde édition 1997, Butterworth Heinemann,
Oxford, p. 17 (1re
édition : Man-Made
Disasters, The Failure of Foresight. Turner B., Wykeham Publications
1978).
14 . Dechy, N.,
Dien, Y., Llory M. (2010).Pour une culture des accidents au
service de la sécurité industrielle, congrès LM17, La
Rochelle, 5-7 oct. 2010, www.imdr.fr
Dossier extrait de la revue Préventique n°128 mars/avril
2013 :
http://www.preventique.org/Preventique_Securite/analyse-des-risques-n%C2%B0128