Pour la première fois, depuis le lancement de Préventica,
la CPMN est partenaire de la 4e édition du salon à Marseille.
Quel est votre principal objectif au travers de ce partenariat
?
La médiation est à la mode. Pourtant, les acteurs du monde de
l’entreprise, responsables, salariés, représentants d’instances
sociales, délégués syndicaux, médecins du travail, contrôleurs du
travail, y recourent peu. Ils savent encore moins que la
médiation peut s’intégrer dans une démarche de prévention des
situations conflictuelles et dans ce qu’il est aujourd’hui
convenu d’appeler, les risques psychosociaux. Pour la CPMN,
Préventica est l’occasion de faire connaître la médiation
professionnelle et plus particulièrement son intérêt préventif
parce qu’elle est un outil du maintien et du développement de la
qualité relationnelle au sein des organisations.
Dans le cadre des conflits au travail, la médiation reste
peu utilisée, comparée aux procédures judiciaires. Est-ce par
méconnaissance de ce processus de gestion des conflits, par
manque de visibilité, par absence de résultats et affichage de
résultats, ou d’autres raisons ? Quels sont les freins
identifiés ?
Plusieurs facteurs expliquent le faible degré de recours à la
médiation par rapport aux procédures judiciaires dans le cadre
des conflits du travail. Tout d’abord, la médiation n’est pas
instituée par le Code du travail comme une étape préalable à
toute action judiciaire. C'est le plus souvent la perspective
d’une action interminable et incertaine ou son enlisement
effectif qui amènent les personnes à envisager le recours à la
médiation, en désespoir de cause ou comme solution de la dernière
chance. Par ailleurs, la médiation ne fait pas l’objet d’une
information auprès des utilisateurs potentiels de la part des
prescripteurs.
En premier lieu, parce que les acteurs traditionnels du conflit
du travail s’inscrivent dans une culture juridique voire
judiciaire qui peut aller de la volonté légitime de rétablir le
droit et de réparer, à la conduite de véritables batailles
judiciaires dans un esprit d’adversité. Dès lors, la médiation,
que ce soit par rejet ou par méconnaissance est perçue comme une
démarche de «justice privée», floue, voire de second ordre, donc
non pertinente à promouvoir. Ensuite, le propre du conflit est
d’enfermer les parties dans une vision de la relation où il est
impossible ou trop difficile d’envisager une discussion avec
celui ou celle qui est devenu un adversaire. Les personnes
impliquées dans les conflits peuvent donc s’avérer peu réceptives
par crainte de voir leurs intérêts moins bien respectés que par
le jugement d’un tribunal.
De votre point de vue, dans le cadre d’un conflit au
travail, quels sont les atouts de la médiation comparée à une
procédure judiciaire, ou aux techniques de conciliation et de
médiation-arbitrage ?
La confusion règne et la médiation est encore trop souvent
confondue avec l’arbitrage, la conciliation, la négociation,
voire l’expertise.
Pourtant la médiation est un processus spécifique par lequel des
parties en conflit se font accompagner par un tiers avant tout
indépendant. C’est le premier atout de la médiation. Le médiateur
agit en neutralité et en impartialité en vue d’aider ces parties
à élaborer, par elles-mêmes, une issue satisfaisante à leur
conflit. Le second atout de la médiation est donc d’être un
processus impliquant pour les personnes, parce qu’il va restituer
leur capacité de décision, permettre de traiter les aspects
émotionnels et donc inscrire plus facilement les accords dans la
durée.
Au final, la médiation peut se prévaloir de deux atouts
essentiels non négligeables : le raccourcissement de la
durée de traitement des conflits, la réduction des coûts directs
et la limitation des coûts indirects, d’image externe ou interne,
de contamination ou de propagation des conflits.
Le futur deuxième Plan Santé au Travail donne priorité à
la prévention des troubles psychosociaux. Quel rôle la médiation
peut-elle jouer sur le plan préventif, en particulier en matière
de souffrance au travail ?
Au-delà de la résolution des conflits, la médiation peut jouer un
indéniable rôle préventif en faisant émerger et en entretenant
une culture du dialogue au sein des organisations confrontées aux
changements, évolutions voire ruptures de tous ordres.
Elle permet la clarification et l’expression des positionnements
de chacun, suscite l’implication et favorise la reconnaissance
des acteurs et de leur point de vue. Elle conduit à
l’identification des sources de conflits et de difficultés
relationnelles dans les organisations et les processus. Elle dote
l’entreprise des ressources professionnalisées de résolution et
de prévention, afin de développer un avantage concurrentiel basé
sur la ressource humaine.
Dans cet objectif, la CPMN, Chambre Professionnelle de la
Médiation et de la Négociation, a développé une démarche
d’accompagnement : Le Contrat Cadre Ethique et Médiation, CCEM ®,
qui s’appuie sur la mise en œuvre d’une culture de médiation pour
favoriser la qualité relationnelle.
En matière de prévention des conflits, quels sont vos
interlocuteurs dans l’entreprise ?
Les principaux interlocuteurs internes à l’entreprise intervenant
pour traiter le sujet, sont la direction ou son représentant RH,
le CHSCT, les instances représentatives du personnel et
évidemment les salariés.
Il faut ajouter à cela tous les acteurs extérieurs qui
accompagnent l’entreprise, tels que le médecin du travail, la
direction du travail, la CRAM, les syndicats patronaux et
salariés, voire des experts.
À qui faut-il s’adresser pour trouver et solliciter un
médiateur professionnel, compétent dans prévention et de
résolution des conflits au travail ?
Il suffit de contacter Viamediation, Centre de Médiation
Professionnelle créé sous l’égide de la CPMN (Chambre
Professionnelle de Médiation et de la Négociation) :
www.viamediation.fr
Viamediation a pour vocation de répondre à des demandes de
médiation en garantissant une désignation indépendante du
médiateur. Il accompagne également des organisations dans la mise
en place de processus de prévention et de résolution des conflits
par les outils de la médiation, comme les contrats cadre.
Interview réalisée par Caroline Faesch Journaliste et
médiateur stagiaire.