L’année 2025 sera en France l’année de la santé, assurément.
En effet, l’Insee et la Dares (le service statistique du ministère en charge du Travail), auront récolté de juillet 2024 à mars 2025 les données de 45.500 ménages de France métropolitaine et des départements et régions d'outre-mer concernant leurs « Conditions de travail et risques psychosociaux ». Cette enquête qui existe depuis 1978 et dont la Dares publiera les premiers résultats à partir de 2026 permettra enfin de disposer d’analyses aussi fines que précises sur l’évolution des conditions de travail et du vécu au travail par secteur d’activité, profession, âge et genre mais cette nouvelle édition intègrera également des nouvelles questions portant sur le télétravail, le harcèlement et les discriminations au travail.
En attendant les résultats de cette enquête à grande échelle, que pouvons-nous envisager en QVCT ?
Début octobre 2024, Ipsos a publié son enquête sur les enjeux et défis du monde du travail en France. Réalisée en ligne au 1er trimestre 2024 dans des entreprises de toutes tailles et dans la fonction publique, ses résultats sont très instructifs quand bien même l’échantillon est bien moindre : ce sont en effet 1700 salariés et 111 professionnels des RH (responsables et directeurs Ressources Humaines dont près de la moitié travaillant dans des organisations de plus de 50 000 salariés) qui se sont exprimés.
Tout d’abord, voyons des points positifs. Contrairement aux idées reçues, la majorité des salariés français ne sont ni désengagés ni démotivés. Par exemple, seuls 17% déclarent se contenter de faire le strict minimum (le « silent quitting ») et la « grande démission » tant annoncée par la presse n’est pas concrétisée (seuls 19 % des salariés envisagent sérieusement de quitter leur emploi et leur employeur). A l’inverse, 17 % des salariés interrogés déclarent « s’épanouir, apprendre de nouvelles choses et s’engager dans de nouveaux projets » et 51 % des salariés interrogés « se sentent bien dans leur travail et donnent le meilleur d'eux-mêmes ».
Pour autant, tout n’est pas rose et les attentes des salariés envers leurs employeurs sont très fortes.
Certes, un tiers des salariés estiment que leur « autonomie, marges de manœuvre au travail » s’est améliorée sur la période post Covid-19 mais 44% jugent que leur charge de travail s’est dégradée. En outre, selon la majorité des DRH, les salariés ne sont pas plus engagés. De fait, fin 2023 l’engagement des salariés français (mais aussi de nombreux salariés dans les pays les plus avancés) a baissé pour la 1ère fois depuis de nombreuses années : après plusieurs années de hausses successives il s’établit désormais à 66% (- 4 points par rapport à 2023).
Par ailleurs, si la relation avec le manager n’est pas affectée, les pratiques managériales sont jugées en dégradation par 36% des salariés. En outre, 32% des collaborateurs estiment que leur qualité de vie au travail s’est dégradée, 14% déclarent avoir été victimes de harcèlement ou de comportements inappropriés (pas d’écart entre hommes et femmes ; un quart des salariés du BTP) et 10% se disent avoir été victimes de discrimination. De plus, 38% des collaborateurs interrogés se sont retrouvés en situation de stress ces 12 derniers mois. La première cause citée est « une organisation pas efficace, dans laquelle les équipes collaborent mal, où l’on n’arrive pas à prendre ou à appliquer les décisions » et la deuxième cause est « un manque de respect, d'attention ou de soutien de [sa] hiérarchie ».
Enfin, 58% des salariés estiment que leur relation au travail a profondément changé depuis la pandémie (importance de l’équilibre vie privée/professionnelle, irruption du télétravail pour ceux qui peuvent en bénéficier), individualisation et affirmation de ses attentes. Ce diagnostic est quant à lui partagé par 84% des DRH interviewés. A cela s’ajoute que 49% des salariés craignent de devoir travailler plus longtemps que prévu.
En conclusion, les attentes de QVCT dans les organisations sont immenses et la prévention primaire encore plus nécessaire en 2025. Les managers se retrouvent donc davantage en 1ère ligne ; sachons par conséquent les accompagner dans le développement de leurs compétences, en matière de management, leadership et QVCT, pour la bonne santé de tous, à commencer par la leur !
Pour aller plus loin :
- Enquête IPSOS 2024 Tendances RH : Le monde du travail deux ans après la fin de la pandémie