La sous-reconnaissance des maladies liées au travail constitue
aujourd'hui, en France comme dans d'autres pays industrialisés,
un fait social massif.
Qu'il s'agisse de cancers provoqués par l'exposition à des
produits toxiques, de troubles musculo-squelettiques induits par
des postures répétitives ou par le port de charges lourdes, ou
d'atteintes psychologiques associées à certains modes de
management, les effets du travail sur la santé restent un
problème insuffisamment pris en charge par les pouvoirs publics.
Les dispositifs devant assurer leur reconnaissance et leur
indemnisation ne fonctionnent pas de façon satisfaisante, rendant
en grande partie invisibles les origines professionnelles de
nombreuses maladies et décès.
Cette situation n'est pas nouvelle. Elle perdure depuis le début
du 20e siècle malgré l'adoption, dans plusieurs pays occidentaux,
de législations permettant d'indemniser les pathologies
engendrées par les conditions de travail. Remarquablement
résistantes à l'épreuve du temps, ces lois fondatrices
structurent en effet toujours aujourd'hui le soubassement légal
et épistémique de la reconnaissance des maladies
professionnelles, continuant à s'avérer incapables de réparer
correctement les maux du travail.
Cet ouvrage rassemble des contributions d'historiens et de
sociologues qui étudient les raisons de cette inertie, et donnent
à voir les causes de la sous-reconnaissance chronique des
maladies professionnelles, depuis les débats fondateurs jusqu'aux
controverses contemporaines sur les dégâts que le travail peut
induire pour la santé physique et mentale. Ces recherches ouvrent
des pistes de réflexion pour revoir les modalités de la
réparation de ces dégâts, et sortir de l'impasse que ceux-ci,
depuis plus d'un siècle, occasionnent pour la justice sociale
dans nos sociétés.