Nicoleta Vladut - AGEMETRA : « Les entreprises pensent que le risque chimique est seulement lié aux produits chimiques qu’ils achètent. En réalité, il est partout »

« Les entreprises pensent que le risque chimique est seulement lié aux produits chimiques qu’ils achètent. En réalité, il est partout »

|| Santé / Qualité de vie au travail
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31/05/2021
Nicoleta Vladut  - AGEMETRA
Nicoleta Vladut
Responsable Risque Chimique
AGEMETRA

Le risque chimique est la deuxième cause de maladie professionnelle en France, après les TMS. Mais bon nombre d’entreprises pensent ne pas être concernées. L’Agemetra souhaite les sensibiliser, parce que le risque chimique est beaucoup plus présent qu’on ne le pense. Nicoleta Vladut, responsable risque chimique à l’Agemetra confirme cette idée.

L’Agemetra vient de publier un dossier sur le risque chimique. Pourquoi ce focus précis ?
Cet article répond à plusieurs besoins. D’abord, une grande partie de nos adhérents est concernée par le risque chimique alors qu’elle pense ne pas l’être. Je pense par exemple aux garages automobiles, à la restauration, à l’industrie mécanique… Il y a un manque de prise de conscience : le risque chimique ne concerne pas que l’industrie chimique.
Aussi, nous sommes en train de nous déconfiner. Le Covid et le risque biologique ont beaucoup occupé les esprits jusqu’à présent. Nous voulions donc rappeler que dans le milieu professionnel, il n’y a pas que le risque biologique, il y en a bien d’autres et il faut les gérer.

Qui sont globalement, les entreprises concernées ?
Tous les domaines d’activité sont concernés. Une personne qui fait du soudage par exemple, elle va produire des fumées et ça c’est un risque chimique. Un salarié qui découpe du métal va dégager des poussières, et c’est à nouveau un risque chimique.
Les entreprises pensent que le risque chimique est seulement lié aux produits chimiques qu’elles achètent, mais pendant leur activité elles peuvent créer des produits chimiques de manière non volontaire. Ces éléments là représentent un risque chimique.

Pourquoi le risque chimique est sous-estimé ?
La règlementation autour du risque chimique est assez complexe et très riche, les employeurs ont du mal à l’appréhender. L’Agemetra est d’ailleurs là pour les aider à ce niveau.
Les entreprises sont davantage sensibilisées aux produits qui ont des effets immédiats. Pourtant, beaucoup ont des effets sur la santé différés dans le temps, qui apparaissent au bout de quelques mois, de quelques années. Les entreprises sous-estiment beaucoup les effets à long terme, elles ne voient pas le risque si ça ne fait pas mal sur le coup.

Certains risques chimiques sont donc plus difficiles à appréhender ?
En effet, en plus des risques chimiques « classiques », qui provoquent des brulures de la peau, des allergies cutanées ou respiratoires ou encore une irritation des yeux, il y a des risques chimiques émergents. Pour ceux-là, nous ne savons pas exactement quels sont tous les effets possibles sur la santé.
Il y a notamment les perturbateurs endocriniens et les nanoparticules. Beaucoup d’études mettent en évidence qu’il y a des raisons de s’inquiéter. Par contre, les études ne sont pas assez nombreuses pour statuer avec précision sur les effets sur la santé. Aujourd’hui nous ne connaissons pas les effets mais par principe de précaution nous poussons les entreprises à mettre en place des moyens de protection des salariés pour éviter un prochain scénario comme celui de l’amiante.

Quels types de solutions l’Agemetra propose ?
Les entreprises se demandent souvent comment communiquer en interne à mes salariés, sans créer la panique ! L’Agemetra a développé des stratégies d’accompagnement sur la communication interne sur le risque chimique.

Nous avons aussi deux catégories de solutions pour aider les employeurs à évaluer et à réduire le risque chimique. D’abord, celles sur-mesure. À partir du moment où un adhérent nous sollicite, nous faisons un diagnostic, un audit. A l’issue de cet état des lieux, nous lui présentons nos conclusions et quelles sont les problématiques à travailler. Nous proposons des interventions sur mesure, qui s’adaptent à la typologie des salariés, aux produits présents en entreprise. Le plan d’action est co-construit avec l’entreprise, nous impliquons la direction et les salariés.
Nous avons aussi des solutions « standard ». Nous essayons de toucher plusieurs entreprises en même temps, avec des ateliers de prévention interentreprises. Nous avons un volet sensibilisation qui se fait via des webinars. Par exemple, nous développons actuellement un webinar de 15/20 minutes à destination des garagistes, où nous présentons un outil que nous mettons à leur disposition. C’est un outil qui permet aux entreprises de choisir des produits moins dangereux pour la santé des salariés.
Les entreprises adhérentes peuvent bénéficier d’un accompagnement sur le risque chimique à tout moment, il suffit de faire une demande auprès de son médecin du travail sans aucun frais supplémentaire car tous ces accompagnements sont compris dans la cotisation annuelle.

Et ces échanges avec les entreprises vous servent également en interne.
Tous les accompagnements de l’Agemetra servent aux entreprises adhérentes mais nous servent aussi à nous. Nous récoltons des informations sur les produits chimiques existants, sur les niveaux d’expositions des salariés, etc. Nous passons ces informations aux médecins et nos équipes médicales vont faire le lien avec le suivi des salariés. Le médecin va se dire « en termes de surveillance médicale, quelle action mettre en place ». Il y a donc une double utilité à notre travail.