De quel constat êtes-vous parti avant de rédiger votre
  ouvrage ?
  Parallèlement à mon activité de kinésithérapeute, j’ai été amené
  à faire des formations auprès de divers organismes pour la
  prévention des risques liés à l’activité physique dans le secteur
  sanitaire et médicosocial. Dans ce cadre, j’ai pu rencontrer
  différents aidants et constater un gros manque de formation, en
  particulier pour les aidants familiaux. Pour les professionnels,
  des formations sont prévues dans le cadre du contrat avec
  l’employeur, car celui-ci est tenu d’assurer la sécurité de son
  personnel. Mais pour les proches aidants, rien n’est prévu, et il
  y a une très grande souffrance. Celle-ci intervient à différents
  niveaux, mais je me suis surtout intéressé à la détresse
  physique. Il y a une grande ignorance sur toutes les possibilités
  offertes en termes d’aide, de matériel, etc. à leur disposition.
  Cette situation engendre notamment des TMS chez les proches
  aidants, mais nuit aussi à la sécurité de l’aidé. Une personne
  âgée qui s’occupe de son compagnon ou de sa compagne par exemple
  peut entrainer des situations très complexes.
  
  Comment mieux protéger aidants et aidés ?
  Une meilleure protection, c’est d’abord le bon geste, ensuite le
  matériel. Mais avant tout cela, il y a une chose importante :
  l’évaluation. Le grand problème des proches aidants, c’est qu’ils
  ont une relation très proche avec la personne aidée. Donc ils
  sont dans le don, et parfois un peu dans l’oubli de soi. Or, il
  faut savoir ce qu’ils sont capables de faire sans danger. Ce dont
  ils ne sont pas capables, il faut le déléguer à des
  professionnels. Mais beaucoup d’aidants familiaux ont du mal à
  faire cela, puisqu’ils ont un peu l’impression d’abandonner
  quelqu’un lorsqu’ils délèguent. Pourtant, c’est important de le
  faire pour préserver la sécurité de l’aidé et leur propre
  santé.
  Il y a bien sûr des impacts psychologiques, mais je ne traite que
  des risques physiques dans mon ouvrage. Je voulais un petit livre
  simple, facile, pratique et accessible. C’est pourquoi nous avons
  fait appel à des illustrateurs pour montrer les bons gestes. Il
  était absolument indispensable que ce soit le plus clair
  possible. Ensuite, comme je l’évoquais, le matériel est très
  important. Par exemple, je constate souvent des fauteuils,
  notamment des fauteuils roulants, inadaptés. Souvent, celui-ci
  est prescrit donc on prend le premier qui passe. Mais un
  fauteuil, c’est comme une chaussure : celui-ci doit être « à la
  bonne pointure », il doit être adapté à la personne pour des
  raisons de confort et de sécurité et demande une attention
  particulière.
  Ensuite, il faut simplifier les formations. La formation PRAP
  pour les professionnels est déjà relativement compliquée pour
  certains. Je suis pour une formation vraiment pratique. Mais pour
  les proches aidants, je pense qu’une formation de deux
  demi-journées permettrait déjà de bien avancer.
  
  Quelle suite envisagez-vous ?
  Pour ma part, j’ai 69 ans, donc je ne vais pas me lancer dans une
  grande entreprise. Mais je veux bien être là en support et mettre
  à disposition mon savoir. L’idéal serait d’accompagner l’ouvrage
  de vidéos pour une meilleure illustration des gestes. Maintenant,
  c’est aux associations de prendre le relai et de lancer des
  initiatives.
  
En savoir plus
- Aider les aidants - Prévenir les risques physiques des aidants, assurer la sécurité et le confort des aidés, Editions Grancher