Christina Stoll - Office cantonal de l'inspection et des relations du travail (OCIRT) : Point de vue d’ailleurs : la Suisse lance un projet consacré à la santé au travail

Point de vue d’ailleurs : la Suisse lance un projet consacré à la santé au travail

ORGANISATION DE LA PREVENTION ||
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09/05/2022
Christina Stoll  - Office cantonal de l'inspection et des relations du travail (OCIRT)
Christina Stoll
Directrice Générale
Office cantonal de l'inspection et des relations du travail (OCIRT)

Le canton de Genève lance un nouveau dispositif en matière de santé au travail. Baptisé CIST (Consultation interdisciplinaire en santé au travail), il permettra aux entreprises et aux personnes salariées et indépendantes d'accéder plus facilement à des prestations spécialisées en santé physique et mentale. Entrevue avec Christina Stoll, directrice générale de l'OCIRT, dont l'unité de médecine du travail coordonne le dispositif.

Pourriez-vous me définir ce qu’est exactement cette consultation interdisciplinaire en santé au travail (CIST) ?
Il s'agit d'un nouveau dispositif pilote consacré à la santé au travail dans le canton de Genève. La CIST offre des prestations spécialisées aux entreprises, aux travailleuses et travailleurs, aux professionnelles et professionnels de la santé, ainsi qu'aux partenaires sociaux. Elle est composée d'un cercle de spécialistes qui travaillent en réseau. Ils font de la prévention, du conseil ou prennent en charge des problématiques dans le domaine de la santé physique et/ou psychique liées aux conditions de travail.  

Comment est né ce projet ? Qui y prend part ?
L'un des axes stratégiques du concept cantonal de promotion de la santé et de prévention 2019-2030 est de favoriser la mise en place d'un environnement professionnel sain. C'est dans ce contexte qu'est née la nouvelle consultation, notamment grâce à une étroite collaboration entre la direction générale de la santé (DGS) et l'office cantonal de l'inspection et des relations du travail (OCIRT). La CIST répond à des besoins de terrain, notamment celui, pour les très petites, les petites et les moyennes entreprises, de disposer d'un soutien spécialisé pour protéger et promouvoir la santé au travail de leur personnel.

Quelle est la visée d’une telle consultation ? Quels sont ses objectifs ?
L'objectif principal de la CIST est de favoriser l’accès de la population active à des prestations spécialisées en santé au travail, dont le catalogue est disponible en ligne. Nous attendons également de ce nouveau dispositif qu'il favorise le travail en réseau des spécialistes et la collaboration entre les personnes concernées par les questions de santé au travail. À terme, nous visons la pérennisation du dispositif qui deviendrait alors un centre de compétences et un lieu d’expertise, pouvant s'appuyer sur les compétences d'autres professionnels.

En quoi ce projet est novateur ? En quoi le canton de Genève est précurseur ?
La CIST est unique en son genre en Suisse et novatrice à plusieurs niveaux. Tout d'abord dans sa configuration de réseau interdisciplinaire coordonné de manière souple, dynamique et évolutif. Puis dans le fait qu'elle s'adresse également aux travailleurs et travailleuses indépendant-e-s, et qu'elle crée les bases d'un observatoire de la santé au travail dans le canton de Genève.

Que peut-on trouver d’autres comme actions dans le concept cantonal de promotion de la santé et de prévention 2030 ?
Le plan cantonal de promotion de la santé et de prévention (PSP) 2019 – 2023 prévoit des actions permettant d'atteindre les priorités définies dans le concept que vous citez. Parmi elles figurent la mise en œuvre du plan d’action fédéral et cantonal de réduction des risques liés à l’utilisation de produits phytosanitaires, la création d'un dispositif de lutte contre les inégalités de santé affectant les personnes migrantes, ou encore de la création de la CIST.

Diriez-vous que la Suisse est en retard / en accord avec son temps ou bien plutôt en avance pour ce qui concerne la santé au travail ? (Par rapport à la France et aux autres pays européens)
L’enquête ESENER (Enquête européenne des entreprises sur les risques nouveaux et émergents) réalisée en 2019 dans 33 pays européens a montré que la Suisse se situe à la dernière place en ce qui concerne la proportion d’entreprises qui effectuent une évaluation des risques dans ce domaine. Il est donc évident que notre pays a une marge d'amélioration importante. Toutefois, cela n'est pas forcement corrélé à une mauvaise santé de la population active.