Quel est l’objet de votre livre ?
L’ouvrage se structure autour d'une question centrale : quel
travail, quelle sécurité et quelle acceptabilité régissent
véritablement aujourd’hui les risques dits « professionnels »
quand le terrorisme, la cybercriminalité… peuvent impacter les
activités de travail ?
Cette question est devenue une réalité pour moi grâce à ma
participation au comité éditorial de Préventique où j’ai pu
entendre de très grands spécialistes s’exprimer sur cette
nécessaire approche globale et transversale.
Pourquoi vous êtes vous lancé dans cet
écrit ?
Cet essai complète les riches travaux en cours avec les membres
de la Fédération des acteurs de la prévention (FAP), http://www.federation-prevention.com/. La FAP a
organisé des séminaires, des ateliers, des conférences et a
également publié des articles sur cette question de l’évaluation
des risques (elle travaille actuellement sur un projet de livre
blanc). J’ai été associé directement ou en soutien lors de
l’ensemble de ces évènements. Dans ces travaux comme dans mon
essai, l’objectif est triple. D’abord, comprendre pourquoi
l’évaluation des risques et surtout le document unique font
l’objet de tant de débats et controverses. Ensuite, travailler
sur des pistes d’amélioration et enfin, interpeller les décideurs
institutionnels.
Cherchez-vous à atteindre un public
particulier ?
Vincent Giraudeaux, Président de la FAP rappelle régulièrement
que quand nous traversons la rue, quand nous prenons un plat très
chaud ou quand nous montons sur un tabouret, nous effectuons sans
y penser une évaluation des risques (écrasement, brûlure, chute).
Sur le principe tout le monde est donc concerné par le sujet et
par les parties de l’ouvrage consacrées aux notions de danger et
de dangerosité, de risque, de sécurité, d’évaluation.
Mais bien évidement les parties prenantes de la santé et sécurité
au travail sont directement impliquées dans le sujet ; les
employeurs privés et publics, les responsables ressources
humaines, les préventeurs, les responsables syndicaux, les
salariés et agents publics et en particulier par les parties
consacrées au bilan de l’évaluation des risques et aux pistes
d’évolution.
Enfin les coûts économiques, sociaux, humains des accidents du
travail et des maladies professionnelles, des risques
psychosociaux (stress, burn out…) nous concernent également comme
citoyens, contribuables, usagers, patients.
Quel est le message central ?
Revisiter les notions fondamentales, impliquer chaque partie
prenante, s’engager dans une approche individuelle et collective
partagée et prospective, voici les pistes proposées sans
prétention dans cet essai ; au seul risque de déranger quelques
repères ou certitudes et de partager quelques expériences avec
les lecteurs et lectrices.
Il s’agit donc moins de transmettre que d’interpeller pour aller
plus loin ensemble à partir d’analyses concrètes.
Sur quelles références appuyez-vous vos
analyses ?
Dans mon expérience de quarante trois années d’activités au
ministère du travail (dont 10 ans d’inspection du travail), dans
les travaux de la FAP (ses membres et les publics rencontrés) et
dans de très nombreuses lectures professionnelles et
scientifiques dans des champs disciplinaires très vastes.
Ne pensez-vous pas que la « timidité » de la prévention
des risques professionnels est en partie due au rôle du
management sur son développement ?
Jusqu’à preuve du contraire, je ne vois pas de distinction à
faire entre la santé des employeurs, du management, des salariés
ou agents publics ou des représentants du personnel. Je partage
le constat que le système actuel reste bloqué parce que, d’une
part, il « bénéficie » au business de la prévention et
que, d’autre part, les partenaires sociaux n’arrivent que très
rarement à prendre véritablement les choses en main à la hauteur
des problèmes quotidiens. Mais ils y sont parvenus dans la
fonction publique avec les accords SST (2009) et RPS (2013).
C’est pourquoi l’essai se conclut sur une analyse prospective de
la gouvernance de la santé au travail et de la mobilisation de
toute la chaîne de travail.
Justement, un dernier mot pour les différents publics de
Préventica ?
Mon essai souhaite, comme nous le faisons à la FAP, poser les
problèmes sans déni et sans facilité, sans prévention et sans
prétention. Nous souhaitons ouvrir le plus grand champ possible
de réflexion et de proposition grâce aux rencontres, débats,
controverses que nous allons organiser.
Vous êtes tous et toutes les bienvenu(e)s pour y
contribuer ; les informations sur les évènements à suivre se
trouvent sur le site de la FAP et sur les réseaux sociaux et,
bien évidemment, à Préventica Bordeaux du 2 au 4 octobre 2018.
En savoir plus
- L’ouvrage est disponible chez Edilivre (14 € sous
format papier et 1,99 € sous format numérique) :
https://www.edilivre.com/librairie/risquons-la-securite-du-travail-max-masse.html/