Max Masse - FAP : Risquons la securite du travail !

Risquons la securite du travail !

ORGANISATION DE LA PREVENTION || Evaluation des risques
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04/07/2018
Max Masse - FAP
Max Masse
professionnel-chercheur, vice-president
FAP

Sous ce titre provocateur, le livre écrit par Max Masse pose  la question du bien-fondé de l’évaluation des risques professionnels et du document unique créés respectivement par la réglementation française il y a 27 et 17 ans.
Lucidité ou hérésie ?

Quel est l’objet de votre livre ?
L’ouvrage se structure autour d'une question centrale : quel travail, quelle sécurité et quelle acceptabilité régissent véritablement aujourd’hui les risques dits « professionnels » quand le terrorisme, la cybercriminalité… peuvent impacter les activités de travail ?
Cette question est devenue une réalité pour moi grâce à ma participation au comité éditorial de Préventique où j’ai pu entendre de très grands spécialistes s’exprimer sur cette nécessaire approche globale et transversale.

Pourquoi vous êtes vous lancé dans cet écrit ?
Cet essai complète les riches travaux en cours avec les membres de la Fédération des acteurs de la prévention (FAP), http://www.federation-prevention.com/. La FAP a organisé des séminaires, des ateliers, des conférences et a également publié des articles sur cette question de l’évaluation des risques (elle travaille actuellement sur un projet de livre blanc). J’ai été associé directement ou en soutien lors de l’ensemble de ces évènements. Dans ces travaux comme dans mon essai, l’objectif est triple. D’abord, comprendre pourquoi l’évaluation des risques et surtout le document unique font l’objet de tant de débats et controverses. Ensuite, travailler sur des pistes d’amélioration et enfin, interpeller les décideurs institutionnels.

Cherchez-vous à atteindre un public particulier ?
Vincent Giraudeaux, Président de la FAP rappelle régulièrement que quand nous traversons la rue, quand nous prenons un plat très chaud ou quand nous montons sur un tabouret, nous effectuons sans y penser une évaluation des risques (écrasement, brûlure, chute). Sur le principe tout le monde est donc concerné par le sujet et par les parties de l’ouvrage consacrées aux notions de danger et de dangerosité, de risque, de sécurité, d’évaluation.
Mais bien évidement les parties prenantes de la santé et sécurité au travail sont directement impliquées dans le sujet ; les employeurs privés et publics, les responsables ressources humaines, les préventeurs, les responsables syndicaux, les salariés et agents publics et en particulier par les parties consacrées au bilan de l’évaluation des risques et aux pistes d’évolution.
Enfin les coûts économiques, sociaux, humains des accidents du travail et des maladies professionnelles, des risques psychosociaux (stress, burn out…) nous concernent également comme citoyens, contribuables, usagers, patients.

Quel est le message central ?
Revisiter les notions fondamentales, impliquer chaque partie prenante, s’engager dans une approche individuelle et collective partagée et prospective, voici les pistes proposées sans prétention dans cet essai ; au seul risque de déranger quelques repères ou certitudes et de partager quelques expériences avec les lecteurs et lectrices.
Il s’agit donc moins de transmettre que d’interpeller pour aller plus loin ensemble à partir d’analyses concrètes.

Sur quelles références appuyez-vous vos analyses ?
Dans mon expérience de quarante trois années d’activités au ministère du travail (dont 10 ans d’inspection du travail), dans les travaux de la FAP (ses membres et les publics rencontrés) et dans de très nombreuses lectures professionnelles et scientifiques dans des champs disciplinaires très vastes.
Ne pensez-vous pas que la « timidité » de la prévention des risques professionnels est en partie due au rôle du management sur son développement ?
Jusqu’à preuve du contraire, je ne vois pas de distinction à faire entre la santé des employeurs, du management, des salariés ou agents publics ou des représentants du personnel. Je partage le constat que le système actuel reste bloqué parce que, d’une part, il « bénéficie » au business de la prévention et que, d’autre part, les partenaires sociaux n’arrivent que très rarement à prendre véritablement les choses en main à la hauteur des problèmes quotidiens. Mais ils y sont parvenus dans la fonction publique avec les accords SST (2009) et RPS (2013).
C’est pourquoi l’essai se conclut sur une analyse prospective de la gouvernance de la santé au travail et de la mobilisation de toute la chaîne de travail.

Justement, un dernier mot pour les différents publics de Préventica ?
Mon essai souhaite, comme nous le faisons à la FAP, poser les problèmes sans déni et sans facilité, sans prévention et sans prétention. Nous souhaitons ouvrir le plus grand champ possible de réflexion et de proposition grâce aux rencontres, débats, controverses que nous allons organiser.
Vous êtes tous et toutes les bienvenu(e)s pour y contribuer ; les informations sur les évènements à suivre se trouvent sur le site de la FAP et sur les réseaux sociaux et, bien évidemment, à Préventica Bordeaux du 2 au 4 octobre 2018.

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