Xavier MARY - Aéroports de Lyon : Risk Manager dans un aéroport, un quotidien très chargé !

Risk Manager dans un aéroport, un quotidien très chargé !

|| Sûreté - Malveillance
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05/09/2013
Xavier MARY - Aéroports de Lyon
Xavier MARY
Directeur du management des risques
Aéroports de Lyon
Aéroports de Lyon couvre deux sites : Lyon-Saint Exupéry pour l’aviation commerciale et Lyon-Bron pour l’aviation d’affaires. Saint Exupéry représente environ 118 000 vols et 8 451 039 passagers chaque année. Près de 5 500 personnes travaillent sur les 2 plates-formes pour gérer l’ensemble des activités. Le potentiel de risques à appréhender est très élevé… Zoom sur un métier à haute tension.

En matière de sûreté, quel est votre périmètre d’activité ?
Comme tout aéroport, les procédures de sûreté sont très présentes chez nous, depuis les contrôles d’accès, la défense périmétrique des bâtiments jusqu’à l’inspection filtrage des passagers et des bagages. La lutte contre la malveillance est une préoccupation quotidienne !
En outre nous avons le statut d’ERP avec toutes les obligations en matière de sécurité incendie que cela comporte.
Aéroports de Lyon représente environ 500 salariés mais au total, sur les sites de nos 2 aéroports, ce sont plus de 5 500 personnes qui travaillent, entre les restaurants, les salles de bagages, les personnels des compagnies aériennes… Notre sous-traitant pour le contrôle passagers et bagages représente à lui seul 400 salariés !

Quel bilan tirez-vous du Système de Gestion de la Sécurité (SGS) mis en place au sein d’Aéroports de Lyon ?
Tout d’abord, pour redéfinir ce qu’est un SGS, je dirais de façon très caricaturale que c’est répondre à la question « comment éviter qu’un morceau de métal resté sur une piste provoque un accident d’avion ? »
Le SGS est une procédure permanente d’audit et d’autochallenging de tous les personnels travaillant sur l’aéroport pour prévenir toute faille de sécurité. L’anonymat de toute déclaration est respecté, nous souhaitons privilégier le partage des retours d’expérience et l’ouverture au dialogue. Le système fonctionne très bien depuis sa mise en œuvre, il y a 8 ans. Un gros travail de sensibilisation est fait auprès des intervenants pour qu’ils intègrent le bénéfice de la démarche. Des vies humaines sont en jeu dans notre métier et cette responsabilité doit être présente à l’esprit de chacun.

Quels sont les projets ou les procédures de sécurité sur lesquels vous travaillez actuellement ?
Nous menons depuis plusieurs mois une réflexion approfondie au sein de l’UAF (Union des Aéroports de France) avec l’accompagnement d’un cabinet de juristes sur la coactivité. En effet, lorsqu’un avion atterrit sur la piste, cela déclenche l’intervention de plusieurs dizaines de personnes, avec des missions différentes, appartenant à des sociétés différentes et avec des plans de prévention distincts. Et aucune de ces sociétés n’est donneur d’ordre et ne peut donc prendre la responsabilité de coordonner la sécurité dans ces phases de coactivité.
Le travail mené au sein de l’UAF devrait nous permettre d’aboutir très prochainement à un règlement de coactivité, qui nous permettra d’encadrer juridiquement ces pratiques.

Vous avez également dans vos missions la santé et la sécurité au travail. Très éloignées de la sûreté pourtant ?
Non, je ne le pense pas. L’un et l’autre fonctionnent en synergie. Notre éloignement de la zone urbaine implique que nous disposions d’un service médical sur place qui suit tous nos salariés. Nous avons pris le parti de recenser tous les accidents du travail même bénins, connaître la cause des  accidents du travail légers permettra souvent d’en éviter de plus graves.
Nous sommes globalement satisfaits des résultats de notre politique de prévention qui, sous l’impulsion de notre responsable prévention, est très active, pédagogique, ludique.
Des événements, challenges, et des journées de sensibilisation sont régulièrement menés sur des sujets de prévention très divers : risque routier, chutes, etc..
Cela permet d’une part de faire passer les messages de prévention mais aussi de mieux se connaître au sein de l’entreprise, un atout indéniable si nous devons gérer une situation de crise.
Nous avons également formé avec succès des équipiers de première intervention. 
Ces 70 équipiers volontaires sont compétents sur trois pôles. Premièrement, en cas d’incendie, sur des missions d’évacuation du public, deuxièmement, ils sont titulaires de l’attestation de formation aux premiers secours et peuvent gérer des situations d’urgence en cas de malaise ou autre incident sur un salarié ou un passager. Enfin, ils sont aussi capables en situation de crise d’être présents auprès des passagers pour informer et rassurer.
Ils sont également un relais précieux de sensibilisation permanent auprès de nos personnels sur nos messages de sécurité.