Camille Margollé - Orléans Métropole : « La prévention c’est avant tout prévoir et anticiper, tout le monde l’a éprouvé, nous n’avons plus besoin de convaincre. »

« La prévention c’est avant tout prévoir et anticiper, tout le monde l’a éprouvé, nous n’avons plus besoin de convaincre. »

MANAGEMENT RH / QVT ||
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12/07/2021
Camille Margollé  - Orléans Métropole
Camille Margollé
Responsable du Service Qualité de Vie au Travail
Orléans Métropole

Avec 3 600 agents répartis sur 350 sites habituellement, la métropole d’Orléans a dû faire face à de nombreux enjeux lors de la crise sanitaire. Son service QVT a mis en place le projet « Coach me confiné » qui continue d’être utilisé aujourd’hui.

Pouvez-vous me parler de ce projet que vous avez mis en place au début de la crise sanitaire ?
Le projet « coach me confiné » est une déclinaison de nos actions Qualité de vie au travail, pendant la crise pour répondre à deux enjeux. D’abord prévenir les risques physiques mais aussi psychologiques et ensuite parvenir à ne pas perdre le lien et garder la cohésion d’équipe. Pour ce faire, nous avons cherché à adapter des choses qui existaient déjà chez nous.

Par quoi avez-vous commencé ?
Nous avons d’abord mis en œuvre nos principes de prévention des risques, c’est-à-dire : anticiper les besoins. Ainsi, nous n’avons jamais manqué de masques, de gel, de blouses… Pour l’anecdote, à un moment, nous n’avions plus de contenant pour le gel. Nous sommes donc allés acheter des flacons-poussoirs chez Ikea et nous avons rempli des centaines de bidons pour que tout le monde puisse avoir du gel à disposition.
Mais nous étions aussi attentifs à la santé psychologique des agents. D’abord en ciblant les personnes à risque, notamment les personnes en situation d’addictions qui étaient déjà suivies par notre service de médecine. Puis en donnant des outils pour maintenir le lien et la santé psychologique.

Votre fameux dispositif « Coach me » ?
Antérieur à la crise sanitaire, le dispositif « Coach me » mobilise des « coachs internes », des agents qui ont des talents, comme la méditation, le sport, etc, et qui les mettent au profit de leurs collègues. D’habitude nous organisons des ateliers entre midi et deux. Là, pour s’adapter au confinement il y a eu des vidéos de coaching sportif, des animations pour les enfants, des conseils pour gérer son budget, pour prévenir les TMS….
Avec les bonnes volontés de nos coach internes nous avons pu maintenir une dynamique QVT à une période où nous aurions pu être isolés les uns des autres.

Vous avez aussi développé des actions nouvelles pendant ce confinement.
Nous avons proposé un programme de cohésion entre collègues qui contient notamment des conseils pratiques pour les réunions en visio, d’autres pour garder de l’informel même à distance mais aussi des actions de cohésion qui peuvent se faire à distance.
Enfin, nous avons aussi proposé, avec l’appui de notre psychologue du travail, des temps qui permettaient de partager, d’échanger. Le confinement était une période sur laquelle nous ne pouvions pas agir. Notre levier était donc d’en parler.
Nous avons mis en place un numéro vert pour nos agents mais aussi des espaces de paroles pour échanger en collectif, des ressources avec des fiches pratiques pour bien vivre la période et des formations sur des temps très courts pour savoir comment bien télétravailler.  

Concrètement comment ces programmes se sont traduits dans le quotidien des agents ?
Au début de chaque visio, un brise-glace a été mis en place. Les managers ont également beaucoup utilisé le « niko-niko », la météo du jour qui permet à chacun de s’exprimer, de dire comment il va. Les managers pouvaient ainsi être en alerte et désamorcer les situations difficiles.
Nous avons aussi la direction de la petite enfance, par exemple, qui, à Noël, a créé son calendrier. Chaque crèche devait proposer une page du calendrier 2021, se prendre en photo, faire un montage, etc et maintenant dans chaque crèche, il y a ce calendrier qui a été co-construit à distance.

Comment ces pratiques ont-elles perduré après le déconfinement ?
Il a fallu recréer du lien après la crise. Ceux qui travaillaient sur site disaient que les télétravailleurs ne faisaient rien, les télétravailleurs eux avaient le sentiment de ne pas lever la tête de leur ordinateur, alors que ceux qui n’ont pas pu travailler du tout exprimaient ne pas avoir choisi cette condition. Ces situations ont pu être désamorcées parce qu’il y a eu des espaces d’échange au retour de la crise. Il y a maintenant un besoin de recréer du lien.
Aujourd’hui toutes les visio commencent par des brise-glaces et se terminent par un temps informel. Chacun s’est saisi de ce qui pouvait l’intéresser, ce qui pouvait lui être utile. Les managers y ont trouvé leur compte parce que cela leur a donné des outils pour adapter leurs techniques managériales.

Quelle conclusion tirez-vous de cette crise ?
Cette crise a permis de conforter notre politique QVT, d’infuser tous nos concepts - de la prévention des risques à la cohésion. Nous avons l’habitude de représenter la QVT comme une pyramide, la crise a permis à tout le monde de bien appréhender ça.
Pour la petite anecdote, avant le confinement, nous avons commencé à nous préparer. On nous a dit « vous psychotez, vous en faites toujours trop », mais après ils étaient bien contents ! C’est tout le concept de la prévention. Ça ne sert pas, jusqu’au moment où ça sert.
Pendant le confinement, nous n’avons pas que solutionné des problèmes, nous avons surtout fait de la prévention pour que les agents ne soient pas en mal-être.