Alors que l'on parle partout de transition numérique, les
entreprises vous semblent-elles suffisamment préparées à ce que
cela représente ?
Effectivement, la transition
numérique est incontournable pour toute entreprise qui veut
rester compétitive. Mais numérique, cela veut aussi dire data,
système d'informations et cybercriminalité et là les entreprises
sont très vulnérables. En juillet, sous l'impulsion de l'ANSSI
(Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d'Information, ndlr),
le gouvernement a publié des arrêtés pour obliger les opérateurs
d'infrastructures sensibles à prendre des mesures pour protéger
leurs installations. Les médias se font très régulièrement l'écho
de cas de grandes entreprises victimes de cyberattaques et ce
n'est que la partie émergée de l'iceberg.
Comment peut-on mieux protéger nos entreprises du
piratage ?
Mieux se protéger, c'est d'abord
anticiper. Malheureusement, c'est souvent après une crise que le
dirigeant d'entreprise va mettre en place des mesures de sécurité
pour protéger son système d'informations. Quand on voit le cas de
France 5 qui a perdu 4 à 5 millions d'euros lors de la
cyberattaque dont elle a été victime, on ne peut que regretter
que les moyens de prévention n'aient pas été mis en place avant,
cela aurait coûté moins cher et aurait été beaucoup moins
traumatisant. Quand on est dans la crise et dans l'urgence, les
choix qui sont faits ne sont pas toujours les meilleurs en termes
de rapport qualité-prix parce qu'on n'a plus le temps. Mieux vaut
donc se faire accompagner de façon préventive, dans la sérénité.
Le dirigeant d'entreprise doit aujourd'hui impérativement
intégrer le numérique parmi les outils qu'il doit piloter et
s'entourer de professionnels compétents, qu'ils soient internes
ou externes.
Mais ce sont plutôt les grandes entreprises qui sont
victimes de cyberattaques ?
Ce sont celles dont on
entend le plus parler mais les petites entreprises sont tout
autant visées. Très récemment, une PME charentaise de 200
personnes a dû mettre la clé sous la porte suite à une
escroquerie au Président. Aux Etats-Unis, des dizaines de
cliniques privées ont simultanément été victimes de ransomwares.
Les pirates confisquent leurs données et leur réclament une somme
d'argent pour pouvoir les récupérer. La somme n'est pas très
élevée, 100 à 300 $, mais multiplié par 1000, 10 000 ou 100 000,
le butin devient conséquent. Car le cyberpirate d'aujourd'hui, ce
n'est pas un ado boutonneux dans son garage, mais des réseaux
criminels mondiaux très bien organisés et contre lesquels il est
difficile de lutter. Tout le monde peut être touché : artisan,
commerçant, profession libérale… Le numérique est une tendance de
fond, l'innovation va être continue pendant au moins les 200
prochaines années alors l'éducation à la cybersécurité doit
commencer dès l'école.