Bénédicte HUOT DE LUZE - AMRAE : De la culture d’assurance du risque à celle de risk management

De la culture d’assurance du risque à celle de risk management

|| Management des risques
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07/03/2013
Bénédicte HUOT DE LUZE - AMRAE
Bénédicte HUOT DE LUZE
Déléguée générale
AMRAE
Avec 820 membres représentant 520 entreprises françaises publiques et privées, l’AMRAE (Association pour le Management des Risques et des Assurances de l’Entreprise) a pour objectif principal de développer la culture du management des risques dans les organisations. Retour sur l’évolution du métier de Risk Manager avec Bénédicte Huot de Luze, sa déléguée générale.

Comment a évolué l’appréhension du risque en entreprise depuis 20 ans ?
Lorsque l’AMRAE a été fondée en 1993, nous évoluions essentiellement dans une culture assurantielle du risque et nos membres étaient en charge de la gestion des couvertures d’assurance.
Pour renouer avec l’histoire de cette profession, elle est née sur les chaînes de production de Ford aux Etats-Unis où des managers se sont interrogées sur les accidents du travail et l’absentéisme et la manière de traiter ces menaces pour qu’elles deviennent des opportunités.
Aujourd’hui, le Risk Management couvre des pratiques beaucoup plus larges qui sont étroitement liées à la stratégie globale d’entreprise.

Concrètement, comment définiriez-vous la fonction de Risk Manager aujourd’hui ?
C’est une fonction qui est encore jeune en France. D’inspiration anglo-saxonne, elle prend selon les entreprises et les secteurs d’activités le nom de Risk and Insurance Manager (RIM),de Chief Risk Officer (CRO) ou de Manager Global des Risques.
D’une façon générale, le Risk Manager a pour mission de recenser et d’identifier tout risque susceptible de présenter une menace à l’atteinte des objectifs stratégiques de l’entreprise. Il doit également évaluer les conséquences globales que peut avoir la réalisation de ce risque ainsi que la plausabilité de sa réalisation. Pour exercer sa mission, le Risk Manager travaille sur des échelles de probabilité et de fréquence. Il établit la cartographie des risques, qui permet de classifier les risques selon leur degré d’acceptabilité.
Les risques de toute  nature -  financier, criminel, export… sont présentés à la Direction générale qui décide des risques à prendre, en séparant ceux qui sont acceptables de ceux qui ne le sont pas. Les risques jugés inacceptables sont attribués à un ou plusieurs propriétaires de risques, qui travailleront, en coordination avec le risk manager, à un plan d’action de réduction.
Le Risk Manager est donc un métier très transverse car il accompagne la réduction du risque  dans sa prévention et dans sa protection, notamment sur la partie financement des risques (transfert aux assurances, ou tout autre outil financier).

C’est donc un métier réservé aux grands groupes ?
La fonction est effectivement née dans les grands groupes, par obligation pour les entreprises cotées au CAC 40 qui sont tenues de présenter à leurs administrateurs l’efficacité de leur système de prévention et de gestion des risques. Les sociétés d’assurances, les mutuelles, les banques sont également entrées rapidement dans cette démarche par obligation ou par nécessité.
Néanmoins la réflexion sur le management des risques se développe de manière croissante dans les ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire). L’AMRAE s’engage activement pour développer dans ces entreprises la fonction d’ERM qui peut être cumulée avec celle d’audit interne ou de responsable qualité. Le financement des risques a également beaucoup de progrès à faire dans les ETI, l’assurance étant souvent considérée comme obligatoire donc sans valeur ajoutée, ce qui est naturellement une ineptie.

Quel est pour vous le profil type d’un Risk Manager ?
La baromètre du Risk Manager que nous établissons tous les 2 ans à l’AMRAE a mis en lumière que les profils étaient très diversifiés avec des formations initiales de type ingénieur, financier ou managérial. C’est avant tout un homme ou une femme de communication et de conviction. La fonction nécessite d’avoir des qualités d’analyse et de réflexion stratégique mais d’être aussi capable de transmettre de manière convaincante les plans d’action auprès du top management. Il ou elle doit être à l’écoute, avoir du recul et de la finesse dans l’approche. Pour moi, un bon Risk Manager doit être une personne d’expérience pour avoir un recul suffisant sur les enjeux stratégiques de l’entreprise. Je pense que cette fonction est amenée à devenir une fonction pivot essentielle au sein des comités de direction, dans tous les secteurs d’activités et quelle que soit la taille des entreprises.

 

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