Y a-t-il une pénurie de talents dans le secteur de la
Tech française ?
Le secteur a bien subi une très forte pénurie. Il a fallu adapter
les démarches et le recrutement en entreprise. Au point que les
recruteurs, les chasseurs de tête spécialisés Tech, étaient aussi
pénuriques. Toutefois, depuis le Covid-19, les cartes ont été
rebattues. Le télétravail s’est notamment développé, les
licenciements massifs aux Etats-Unis ont complété le recrutement
des équipes françaises, tandis que l’arrivée de Chat GPT a permis
au développeur de revenir à son travail d’ingénieur par rapport
au rôle de faiseur de code.
20 000 ingénieurs manquaient chaque année au secteur. Quelles en
sont les raisons ?
Cela pouvait provenir de besoins croissants en transformation
dans les entreprises. Chaque société avait des besoins
personnalisés pour son activité. Pour faire simple, il y avait
besoin de beaucoup de gens, pour développer beaucoup
d’applications. Depuis, la tension s’est relâchée, mais ça reste
un marché tendu. Il n’y a pas de chômage pour les développeurs en
France. C’est d’autant plus difficile d’attirer les talents dans
ce contexte. Les développeurs, ingénieurs et techniciens sont
très regardant sur la stabilité des entreprises où ils
candidatent.
Quelles sont les revendications des développeurs de nos
jours ?
Les développeurs et équipes techniques veulent notamment une
grille salariale transparente ainsi qu’un « career path » clair,
et notamment que la voie du technicien soit aussi estimée que
celle du manager. Les ingénieurs sont aussi très vigilants sur
l’aspect culture Tech. Les développeurs veulent apprendre et
travailler avec les toutes dernières technologies. Il faut
essayer de rendre la pratique de leur travail plus épanouissante.
C’est un milieu de passionnés après tout.
Ont-ils également des attentes concernant leurs
conditions de travail, leur bien-être ?
Oui. Les usages ont un peu évolué. Aujourd’hui, quand on fait du
développement web, c’est possible de s’organiser en fonction de
ses missions, plutôt que de simplement compter les heures de
travail. Il est possible d’aménager son temps de travail tant que
les résultats suivent. Le télétravail a créé une respiration. Il
a permis de mieux concilier vie professionnelle et personnelle,
tout en permettant étonnamment de souder les équipes lors de la
présence en entreprise, d’y insuffler une vie sociale plus
précieuse. Désormais, il convient de continuer à repenser la
façon dont on travaille.