Dominique Ciravegna - Groupe Kiloutou : Une politique sûreté ne sert à rien si elle n’est pas comprise, acceptée et appliquée.

Une politique sûreté ne sert à rien si elle n’est pas comprise, acceptée et appliquée.

SECURITE DES LIEUX DE TRAVAIL || Contrôle d'accès
/
25/02/2020
Dominique Ciravegna - Groupe Kiloutou
Dominique Ciravegna
Directeur Contrôle Interne et Sûreté
Groupe Kiloutou

Avec un réseau de plus de 500 agences sur 5 pays en Europe, le Groupe Kiloutou est un acteur majeur de la location de matériel, un secteur confronté depuis quelques années à la recrudescence de tentatives de fraudes de plus en plus sophistiquées.
Zoom.

Les atteintes à la sécurité ont explosé dans votre secteur en 2019, comment l’expliquez-vous ?
Effectivement, nous avons assisté l’année dernière à une augmentation très importante du nombre de cambriolages et plus particulièrement des vols de carburant. Ce phénomène est pour moi très clairement lié au climat social en France et à l’augmentation du prix de l’essence. Les manifestations et mouvements sociaux de 2019 ont de plus mobilisé les forces de l’ordre dans les grandes agglomérations, ce qui fait que nos agences ont été un peu moins surveillées et la délinquance itinérante s’est également considérablement développée. Un vol de carburant, en valeur, ce n’est pas grand-chose mais derrière, cela entraîne des pertes en cascade : retard auprès du client, réparation du réservoir, bouleversement du planning… Nous étudions actuellement la meilleure façon de renforcer le système de protection des agences.
Autre gros point noir : la fraude externe, qui s’inscrit de plus en plus dans un système de crime organisé. Nous faisons face à des criminels extrêmement bien informés capables de racheter des entreprises et de mettre à leur tête un homme de paille dans le but de préparer le détournement de matériels de chantiers. Autre technique qui peut être utilisée : la falsification de bons de commande en reprenant l’identité de l’un de nos gros clients.
Les techniques sont de plus en plus sophistiquées et l’imagination des criminels sans limites. Nous devons nous adapter en permanence pour prévenir ces nouvelles formes de délinquance.

Plus globalement, quel est le périmètre de votre fonction au sein du groupe Kiloutou ?
Ma fonction couvre deux grands champs de compétences : le contrôle interne et la sûreté.
Dans le domaine du contrôle interne, ma mission est d’identifier, d’évaluer et d’analyser tous les risques auxquels peut être confrontée l’entreprise. Nous mettons alors en place des procédures pour prévenir ces risques et vérifier bien sûr que ces procédures sont appliquées. Tout ceci avec la particularité de travailler dans 5 pays différents avec des cultures aussi éloignées que peuvent l’être la Pologne de l’Italie.
Notre action s’inscrit dans le cadre de la Loi Sapin 2 avec une attention particulière à la lutte contre la corruption et à la protection des lanceurs d’alerte. L’objectif est de valider la certification ISO 37001 d’ici 2 ans.
Pour ce qui concerne la sûreté, mon travail est de définir les axes stratégiques et la politique groupe. Chaque pays adapte ensuite la politique et les procédures selon son environnement.

Parlez-nous des grands chantiers que vous souhaitez lancer dans le cadre de la certification ISO 37001 ?
Nous souhaitons rapidement établir une cartographie des risques propres à chaque pays. Notre niveau de sûreté doit être identique quel que soit le pays dans lequel nous travaillons. Le chantier est vaste puisqu’il comprend aussi bien la sécurité économique que celle des voyageurs, tout en étant conforme avec le dispositif réglementaire national propre à chaque pays.
Au-delà de l’aspect sûreté, la dimension culturelle et managériale est primordiale. Une politique sûreté ne sert à rien si elle n’est pas comprise, acceptée et appliquée. Nous avons un gros travail de pédagogie à faire pour que les salariés comprennent l’intérêt de la démarche, pour leur bien et plus globalement pour celui de l’entreprise.